REGIONALES : Les Verts ont signé avec le PS et la droite digère encore sur fond de divisions

Le second tour de scrutin est prévu dimanche. Enquête sur l’état d’esprit des différents candidats qualifiés.

A l’issue du premier tour des régionales de dimanche soir en Centre-Val de Loire, rappelons que le Front National a terminé en tête avec 30% des voix, 26% pour la droite et 24% pour la gauche. Un podium par ailleurs chamboulé en Indre-et-Loire puisqu’il place le PS en N°1, le FN en deuxième position et l’union UDI-LR en troisième place. Depuis l’officialisation de ces résultats, de nombreuses analyses annoncent que le président sortant de la région – le socialiste François Bonneau – serait en bonne place pour conserver son poste grâce aux reports de voix des Verts (6,6%) et du Front de Gauche (en dessous des 4%). A chaud, on a aussi entendu ceux qui pronostiquaient une victoire de l’extrême droite tandis qu’il n’y a plus grand monde pour parier sur Philippe Vigier.

24h après le verdict des urnes, Véronique Péan – élue FN à Joué-lès-Tours et candidate en Touraine derrière Daniel Fraczak – n’est pas encore redescendue de son nuage : « on voit que notre progression est linéaire et ininterrompue. Elle augmente régulièrement et de façon spectaculaire en zone rurale. C’est un vote d’adhésion et de soutien, les Français nous font confiance. » A ceux qui l’accusent de ne pas avoir de programme, elle rétorque : « nous avons formulé 100 propositions. »

Au PS, « notre objectif c’est de continuer à créer la surprise »

Ces 16 pages sont en effet remplies d’idées axées sur les compétences du conseil régional (moins de vice-présidents, renforcer la sécurité dans les lycées, développer la formation en zone rurale, plus d’aides pour le logement des jeunes…) mais très peu évoquent clairement un aspect local (sauf sur les transports où le FN refuse la future LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon et veut moderniser la ligne actuelle Paris-Limoges, refuse le péage sur la N154 et veut soutenir l’aéroport de Châteauroux pour le fret et Tours pour les passagers. Il a de plus la volonté de soutenir un tourisme axé sur les valeurs régionales).

« Chez Les Républicains, la tête de liste en Touraine Claude Greff réussit à dire dans la même phrase que nous n’avons pas de programme et qu’elle est contre le FN » pointe encore Véronique Péan qui se veut optimiste : « oui, on est en passe de gagner. Après 17 ans au pouvoir, la gauche et François Bonneau n’ont pas à être fiers. » Et pourtant, à gauche, c’est justement la fierté qui domine en ce lundi : « beaucoup de nos concitoyens ont salué le travail de François Bonneau » explique Mohamed Moulay, candidat sur la liste PS. « Contrairement à ce que la droite dit, on est dans le quotidien. Ils ont vu la solidité et la compétence de l’équipe, notre région est celle qui est la mieux gérée en France. » Résultat, pour le jocondien, ce premier tour est surtout « un échec pour la droite. Une partie de son électorat a voulu sanctionner certains dérapages après les attentats ou la politique locale avec la gestion très compliquée de Frédéric Augis : baisse du subventions ou suppression de festival. »

Serge Babary critique ses partenaires à mots couverts

« Notre objectif c’est de continuer à créer la surprise » analyse pour sa part le secrétaire fédéral adjoint du PS37 Franck Gagnaire. « La liste de François Bonneau est en meilleure position pour faire barrage au FN même si cette élection n’est pas encore gagnée. » Lui aussi conclut à une sévère contreperformance de l’union UDI-LR : « ça ne confirme pas leur implantation après les municipales et les départementales. Les électeurs ont commencé à voir les premières décisions prises, et se sont rendu compte que ce n’était pas ça qu’ils voulaient. »

Maire Les Républicains de Tours, Serge Babary concède vraiment du bout des lèvres que sa politique municipale ait pu influer sur le résultat… « Depuis le premier tour des élections municipales, à Tours, la droite modérée est passée de 14 472 voix à 8 695. Sur ces 6 000 voix, il y a 4 000 personnes qui se sont abstenus. On observe 50 à 57% d’abstention dans des quartiers qui nous sont d’ordinaire favorables » Mais pourquoi ? « Une partie des électeurs ont pu être troublés par la présence du Modem sur la Liste Vigier. » Il confirme aussi son opinion : que les zones urbaines n’étaient pas assez bien représentées sur la liste tourangelle.

« Face au danger du FN, la réflexion a été de renforcer le monde rural sur la liste, un choix stratégique qui allégeait la présence d’élus de l’agglo. Mais cela n’a pas amené les résultats escomptés… » Alors il appelle au sursaut citoyen : « ça va se jouer dans un mouchoir de poche dimanche prochain. Il faut une mobilisation générale des abstentionnistes. » Mais Serge Babary reconnait que la tâche est difficile, car en faisant campagne sur les marchés il a constaté que « ça ne passait pas. Il y a un moment où les gens ne veulent plus entendre [les hommes politiques, ndlr]. »

Thibault Coulon et Sophie Auconie, toujours frondeurs

Le maire de Tours remet donc sur le tapis le fait que sa ville et l’agglo n’étaient pas assez mises en valeur. Or deux des élus de son conseil municipal on été sortis de la liste manu militari avant le début officiel de la campagne : l’adjoint Thibault Coulon (LR) et Sophie Auconie (UDI). « Les résultats ne dépendent pas de ça » résume d’une phrase Serge Babary. Les intéressés ont naturellement une vision différente de la chose. Sophie Auconie : « La droite et le centre sont en difficulté et n’ont pas su se faire entendre. Objectivement les listes n’ont pas forcément écouté le terrain. Avec Thibault Coulon ou Gérard Hénault [également exclu, ndlr], nous représentons certaines catégories d’électeurs. »

Affirmant ne pas être « revancharde », la conseillère municipale tourangelle appelle donc au soutien de la liste Vigier pour le second tour. De son côté, Thibault Coulon attend encore… « Quand mon camp perd ça ne me fait pas plaisir » explique l’adjoint tourangeau qui se prononcera plus tard sur l’issue du scrutin duquel il a été évincé. Dans un communiqué, il rappelle et précise : « la décision de m’exclure de la liste alors que j’étais le seul Conseiller Régional Les Républicains sortant, y ayant effectué pendant 5 ans un travail reconnu, a affaibli la liste, le projet, et la campagne. Les auteurs de cette manœuvre contre l’union en portent aujourd’hui la responsabilité devant les urnes. » Et d’ajouter auprès de nous : « on ne peut pas gagner sans l’union. »

Là, il fait le parallèle avec les municipales à Tours : « Avec Sophie Auconie, Serge Babary, Christophe Bouchet et moi on avait été capables de se réunir toutes les semaines pendant un an et de tout se dire. Il y avait une stratégie d’union. Mais ce G4 ne se réunit plus aujourd’hui. » Et selon lui, ça peut expliquer le désenchantement autour du maire élu il n’y a pourtant qu’un an et demi : « nous devons être jugés sur 6 ans néanmoins il faut accélérer la cadence de nos projets. Nous devons d’une manière forte répondre aux attentes des Tourangeaux. » Sophie Auconie confirme : « j’ai fait beaucoup de marchés pendant la campagne et j’entends les citoyens qui s’interrogent. Ils regrettent de ne pas voir certains élus plus engagés et investis. » Elle critique en plus le choix du premier adjoint Jacques Chevtchenko pour représenter Tours sur la liste : « pas le plus médiatique et le plus proche des citoyens. »

Le retour en grâce des Verts

Déjà fragile et difficile à constituer avant le premier tour, l’union de la droite semble donc plus que morcelée à l’issue de ce 6 décembre et si elle perd la région, les dissensions risquent de résonner pendant encore longtemps : « on a voulu enterrer un peu trop vite François Bonneau. C’est pourtant un travailleur infatigable et un adversaire coriace. Il ne faut pas le mépriser ni le sous-estimer » conclut Thibault Coulon. Même les Verts qui n’ont pas manqué de faire part de leurs différences après 5 ans et demi de gouvernance commune avec le PS se rangent aujourd’hui derrière le président sortant comme un seul homme. La liste commune PS-PRG-EELV sera déposée ce mardi matin à 8h30 à la préfecture d’Orléans. Pour la constituer, il y a eu un véritable jeu de chaises musicales. Tête de liste écolo en Indre-et-Loire, Benoit Faucheux sera candidat dans le Loiret, Charles Fournier – tête de liste en Loir-et-Cher – devient N°3 en Indre-et-Loire, Alix Téry sera N°8.

Si cette nouvelle alliance gagne, les Verts auront donc une proportion d’élus non négligeable. Et en prime ils ont obtenu des engagements sur le programme. « Nous allons accélérer la transition énergétique, et l’amplifier avec les propositions écologistes » détaille Benoit Faucheux dont l’objectif est que « la région Centre-Val de Loire devienne le premier producteur d’énergies renouvelables en France à l’horizon 2021. On va aussi amplifier les efforts sur la réduction des consommations énergétiques et renforcer la dynamique citoyenne. » EELV a même obtenu une promesse bonus : pas d’augmentation des subventions de la région pour l’aéroport de Tours. Une réconciliation intéressée qui rend tout le monde optimiste et qui sera matérialisée sur scène mercredi soir lors d’un grand meeting régional à 20h30 à l’Hôtel de Ville de Tours (mais à priori sans tête d’affiche nationale).

Olivier COLLET

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