Manuel Valls peut-il sauver la gauche en Indre-et-Loire ?

Analyse de la venue du premier ministre à l’Hôtel de Ville de Tours ce jeudi soir, 3 jours avant le second tour des élections départementales.

A la tribune, le député de Tours Jean-Patrick Gille sort son smartphone et prend une photo des plus de 400 personnes présentes dans la salle des fêtes de l’Hôtel de Ville qu’il raconte avoir eu tant de mal à réserver : « c’est pour leur montrer que nous sommes nombreux ». Il parle de la droite bien sûr. Celle qui organise un meeting au même moment à Tours Nord. On est à 3 jours du second tour des élections départementales en Touraine. Sans doute même moins à l’heure où vous lisez ces lignes. Alors chaque geste compte. Maintenant tout est de la com’. Pour amener les électeurs aux urnes, il n’est plus vraiment question de faire campagne sur des idées précises mais plutôt de balancer des grands principes, des valeurs. Et ce même si la gauche Tourangelle a toujours voulu axer son implication dans ce scrutin sur le local, à mille lieux du contexte national, avec ses gros appareils.

Un salut marqué au frondeur Laurent Baumel

Les images comptent. Toutes. Celle de Marisol Touraine, absente de la campagne puisqu’elle ne renouvelle pas son mandat mais venue à la tribune dire tout le bien qu’elle pensait de Frédéric Thiomas « son ami » qui lui a succédé à la présidence du Conseil Général. Celle de la présence des grands noms du PS local : Jean Germain, François Bonneau (le président de la région); le député Jean-Marie Beffara et même Laurent Baumel, chef de file des frondeurs, l’une des plus grosses épines dans le pied de Manuel Valls. Mais ce soir, le premier ministre a fait de sa présence un argument : « c’est un signe essentiel : nous sommes unis pour que le département reste à gauche ».

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Qu’importe donc si les Verts et le Front de Gauche d’ici ne se mobilisent pas franchement en faveur des 14 binômes PS encore en lice ce dimanche 29 mars, les socialistes font front. Croient en leur nombre. Il fallait juste trouver l’occasion de le montrer. D’ailleurs, c’est Frédéric Thomas lui-même qui a pris l’initiative de faire venir le premier ministre. Ca aurait pu se faire dès la semaine dernière avant le premier tour. Pour une visite de terrain. Finalement c’est un meeting, ce jeudi au lieu de mercredi suite au crash de l’A320 dans les Alpes. Qu’à cela ne tienne : la gauche est prête à tout pour grapiller la moindre voix. Manifestement, elle avait besoin de ça. Même si certains auraient préféré se passer de mêler la politique nationale à la bataille de l’Indre-et-Loire.

Manuel Valls a plus parlé du FN que de la Touraine

Car soyons clairs : quand on fait venir Manuel Valls, même si il fait quelques allusions au local en parlant de Martine Chaigneau à Langeais, de la ligne SNCF Tours-Loches ou de son souvenir impérissable de l’inauguration du tram, il vient surtout sortir un discours national. La croissance, le chômage, la lutte contre le terrorisme… Et celle contre le FN. Il en parle plus que de la droite. Alors même que dimanche, sur 14 candidatures PS de Touraine, seuls 3 auront affaire à un binôme frontiste. Les 11 autres sont confrontés à des duels face à l’alliance UMP-UDI. Mais non, la cible principale c’est le FN. « Trop haut », « qui affaiblit la France », dont les valeurs ne sont pas républicaines. Un discours très applaudi.

Manuel Valls est venu le faire sentir à Tours : il ne renonce pas, il va au devant des difficultés. Et fait son indifférent quand on lui crie de démissionner du fond de la salle. Deux fois il a lancé une standing ovation. Mais ce qu’il aimerait surtout c’est que les français se lèvent de leur canapé pour voter dimanche. Ce jeudi soir il a essayé de les bouger. Mais c’est surtout son discours de dimanche soir après les résultats qui sera scruté, que tout le monde retiendra. Avant on est toujours plein d’optimisme et de volonté. Après, on est souvent plus réaliste et pragmatique.

Olivier COLLET

Symbolique ?

Pour garder le département, la gauche doit gagner 10 cantons sur les 14 où elle est encore présente dimanche. Ca parait très compliqué. En revanche, ce qui est jouable, c’est de faire tomber 2 voire 3 cantons à Tours. Et c’est peut-être surtout pour cela que Manuel Valls est venu ce jeudi. Qui plus est dans l’Hôtel de Ville aux mains de la droite depuis un an. Ca avait surpris que Serge Babary l’emporte face à Jean Germain. Ca surprendrait que dimanche ses fidèles soient battus à Tours Nord ou Tours Est. La politique c’est beaucoup de symboles. Et pouvoir se vanter d’être de nouveau en force à Tours ferait beaucoup de bien au PS.

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