Comment concurrencer Internet et lutter contre la désertification commerciale en zone rurale ? Marie Pigné tente de répondre à ces deux questions avec sa marque Les Francines. Son projet consiste à venir au domicile de ses clientes partout dans le département. Et en plus, c’est une spécialiste des grandes tailles. Interview.
Pouvez-vous nous expliquer le processus jusqu’au lancement de votre concept ?
J’ai toujours été dans le commerce et principalement dans le prêt-à-porter féminin. C’est quelque chose qui m’anime depuis plus de dix ans mais j’avais besoin d’un changement. J’hésitais à me lancer depuis un moment, par exemple sur la question des grandes tailles.
Aujourd’hui une porte s’est ouverte pour les femmes qui ont des formes mais je trouve que c’est essentiellement du paraitre. Peu de choses ont changé dans les magasins et moi je trouve que ce n’est pas normal qu’une femme qui s’habille à partir du 44-46 paye plus cher ses vêtements sous prétexte qu’il y a plus de tissu. Cela me choque et les choses ne bougent pas. Et plus globalement les magasins ont du mal à vendre des grandes tailles alors qu’aujourd’hui la taille standard pour une femme on est plus sur du 36-38 on est sur 42, facile.
Donc vous comptez accentuer votre catalogue sur les grandes tailles ?
Pour l’instant je propose des tailles du 36 au 46 avec des prix identiques. Par exemple 35€ la robe, quelle que soit la taille. J’aimerais ensuite me développer jusqu’à la taille 52, toujours sans changer les prix.
La particularité de votre projet c’est que vous allez à domicile.
Oui car je trouve que le contact est différent. Les personnes se laissent plus aller aux essayages, et se confient plus. C’est vraiment quelque chose d’assez intime. Souvent on me confond avec certaines enseignes faisant des réunions à domicile. Moi je peux venir pour une personne, 2-3 maximum. Les personnes sont plus à l’aise et se laissent plus tenter. Il y a un lien plus humain qui se crée comparé aux boutiques.
Aujourd’hui, il y a parfois une appréhension d’aller en boutique, peur que les vendeuses nous sautent dessus. Le fait de me déplacer à domicile est différent. Les gens m’accueillent chez eux.
D’où viennent les vêtements de votre collection ?
Principalement de fournisseurs italiens. Je choisis des vêtements qui me plaisent ou qui ne me plaisent pas. Je fais attention à ce que ce soit dans la tendance car plus on avance dans les tailles, moins les vêtements sont tendance. J’ai vraiment envie que les femmes qui ont des formes soient dans l’air du temps et se sentent bien parce qu’elles sont belles.
Quels sont vos objectifs ?
Je ne cherche pas à avoir une grande entreprise, simplement à rester proche des valeurs qui m’ont animée pour créer cette boutique ambulante et en vivre convenablement. Donc j’en parle, je pousse des portes, j’en parle à mes cours de sport, à mes proches… Le bouche-à-oreille se fait petit à petit. Il faudra du temps mais je prends du plaisir. Je privilégie le Sud-Touraine mais je peux aller plus loin.
Propos recueillis par Olivier Collet