Sous le feu des projecteurs cette semaine, un amendement de la loi Macron voté par l’Assemblée nationale dans la nuit de mercredi à jeudi, ne semble pas être au goût de tous les membres du gouvernement, et notamment de Marisol Touraine, Ministre de la Santé, qui le voit comme un coup porté à la loi Evin. Les explications d’Info-Tours.
La Commission spéciale sur la loi Macron, composée d’une quinzaine de députés, toutes étiquettes confondues, a voté dans la nuit du 10 au 11 juin un amendement du Sénat, distinguant information et publicité sur l’alcool, dénoncé par la suite comme étant une modification de la loi Evin de 1991.
Les députés, pour une grande partie issus de régions viticoles, entendent bien faire tomber les obstacles à la promotion d’une activité structurante pour leur économie locale. Cet amendement a d’ailleurs été largement défendu par Gilles Savary, Député PS de Gironde et rapporteur du projet de loi Macron.
La Ministre de la Santé, Marisol Touraine, a quant à elle réagi vivement à cette défiance à l’égard de la santé publique, regrettant « que la loi Macron serve à détricoter la loi Evin », et insistant sur le fait que l’Assemblée Nationale va à l’encontre de la volonté du gouvernement. La loi Evin, qui encadre strictement la publicité pour l’alcool, ne l’interdit pas pour autant, et assouplir ses conditions d’utilisation revient à encourager la consommation d’alcool. Elle est d’ailleurs rejointe par un certain nombre d’associations pour la santé et la prévention de l’alcoolisme, qui ont publié cette semaine un communiqué, dans lequel ils insistent sur leurs inquiétudes, indiquant que « l’alcool n’est pas un produit comme un autre. Sa consommation [comportant] beaucoup de risques », tandis que le valoriser par la publicité escamoterait ses risques.
En parallèle, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), a mis en place récemment un alcoomètre sur le site internet Alcool info service (1), un test en ligne capable d’estimer sa consommation d’alcool et d’identifier les risques de dépendance.
Suite à une étude réalisée sur 339 buveurs à risques divisés en deux groupes, les résultats ont démontré que ceux qui avaient utilisé l’alcoomètre pour analyser leur comportement face aux boissons alcoolisées, ont par la suite réussi à diminuer leur consommation hebdomadaire de 3,3 verres, contre 1,2 verres pour le groupe n’ayant pas bénéficié de ce nouvel outil. Ces résultats ont été présentés mercredi dernier lors des Journées de la Prévention et de la Santé Publique, qui se déroulaient à Paris.
Un bien grand problème que l’alcool, un mal très apprécié des français, classés en 5e position au niveau de l’Europe en matière de consommation. Un mal légal, acteur de l’économie et du tourisme de notre pays, mais dont le commerce et les risques liés à la santé ne sont pas toujours évidents à concilier et surtout à encadrer. Difficile de faire plaisir à tout le monde. Affaire à suivre donc.
M.M.