Le Conservatoire de Tours secoué par « l’affaire Dizier »

Depuis 7 mois l’affaire de pédophilie qui entourait l’ancien chef de choeur a jeté le trouble au sein du Conservatoire.

 

Le suicide de Pierre-Marie Dizier, le chef de choeur du Conservatoire mis en examen de viols et d’abus sexuels sur des élèves de l’institution tourangelle, met fin officiellement à l’affaire du Conservatoire. La mort de l’ancien chef de choeur de la Maitrise clôt en effet de facto le volet judiciaire et empêche tout procès au pénal. Cependant, au regard de son retentissement nul doute qu’elle laissera des traces profondes. Retours sur cette affaire hors-normes.

Samedi 17 février, celui qui est alors chef de choeur de la Maitrise du Conservatoire de Tours est interpellé. Selon les premiers éléments de l’enquête menée par le parquet de Tours, ce professionnel de la musique extrêmement réputé pour son travail (et qui entretenait de très bonnes relations avec les familles) aurait proposé à plusieurs reprises des week-ends voire des voyages à des adolescents, tous des garçons, en faisant des faux du Conservatoire. C’est au cours de ces voyages qu’il aurait abusé de 6 à 7 élèves depuis 2014, en leur faisant prendre des pilules de sa fabrication avec différents produits pour les droguer. L’alerte a été donné par un élève qui a ramené une pilule en question à ses parents en ce début d’année 2018.

  • 21 février 2018 : Christophe Bouchet tient une conférence de presse

Après la mise en examen le lundi 20 février du chef de choeur, le maire de Tours, Christophe Bouchet, tient une conférence de presse en urgence pour expliciter l’affaire. Le maire de Tours évoque un homme déjà condamné à trois mois de prison avec sursis en 2005 pour des faits similaires avant d’être relaxé en appel et qui aurait agi seul sans que personne ne s’en rende compte, « malgré une surveillance accrue ». Christophe Bouchet parle alors d’un « personnage retors et pervers ayant mis en oeuvre toute une série de mesures pour déjouer la vigilance renforcée ».

De son côté, Pierre-Marie Dizier a reconnu lors de son interrogatoire « la matérialité des relations à caractère sexuel, mais nie toute forme de contrainte ou de violence ».

  • Mars 2018 : des voix s’élèvent pour dénoncer l’attitude du Conservatoire.

Quelques semaines après l’arrestation du chef de choeur, au Conservatoire, l’atmosphère reste tendue et des zones d’ombres sont mises en avant par une partie des parents d’élèves, mais aussi par certains membres du corps enseignant. Plusieurs questions se posent : Quel est le rôle exact de l’association de la Maitrise du Conservatoire qui organisait de son propre chef des voyages comme celui en 2017 en Europe centrale pour le spectacle « Le voyage de Martin ? La direction du Conservatoire a-t-elle manquée de vigilance et de discernement ? Certains évoquent même un Pierre-Marie Dizier tout puissant et ayant une entière liberté de mouvement. Face à l’emballement, la direction du Conservatoire se fend d’une note d’intention en interne, demandant au personnel de ne pas parler de l’affaire. Une note maladroite qui jette un peu plus le trouble, certains évoquant un culte du secret au sein de l’institution tourangelle.

Toujours incarcéré, Pierre-Marie Dizier est révoqué par la ville de Tours. Ce dernier est radié des effectifs.

  • Mai 2018 : La découverte d’une autre plainte classée sans suite

L’information est révélée au grand jour : en 2013 Pierre-Marie Dizier avait été visé par une nouvelle plainte venant d’un élève qui l’accusait d’attouchements. Cette plainte avait été classée sans suite en 2014. Une plainte réouverte en mai 2018 dans le cadre du dossier en cours. On évoque alors d’autres enfants potentiellement victimes de l’ancien chef de choeur.

Le deuxième chef de choeur de la Maitrise du Conservatoire, Pierre-Louis Godeberge est suspendu par la ville de Tours, après avoir été mis à pied 3 jours en avril. Il lui est reproché d’avoir abordé de façon insistante et traumatisante l’affaire Dizier devant des élèves de la Maitrise.

  • Juillet 2018 : Des attouchements au sein des salles de classe ?

Nouvelles révélations : des attouchements se seraient produits également à l’intérieur même du Conservatoire, dans des salles de classe, ainsi que lors de voyages à la Réunion.

Dans la nuit du 15 au 16 septembre 2018, Pierre-Marie Dizier se donne la mort dans sa cellule de la Maison d’Arrêt de Tours. Selon le procureur, il s’est suicidé par pendaison avec ses draps accrochés aux barreaux de la fenêtre de sa cellule et ce malgré la présence de deux co-détenus. Cette mort éteint l’action judiciaire à son encontre. Il risquait jusqu’à 20 ans de prison. Les familles parlent elles de « dégoût ».

 

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