Résidence du Bocage Tours-Centre : menace sur les seniors

L’association qui gère les services est en faillite et des « prédateurs » font main-basse sur les logements.

« Nous ne mangerons plus jamais

au Bocage, tout est cuit. […]

Nous avons de la haine »

La chanson composée par les membres du collectif résonne, ce mardi matin, dans la rue du docteur Herpin. C’est là, à cinq minutes à pieds de la gare, que se tient depuis 1989 la résidence du Bocage Tours-Centre, une résidence services pour seniors. Presque trente ans qu’entre ces murs, l’association des résidents assure les services chers aux personnes âgées qui y ont élu domicile : accueil, restauration, activité, garde de nuit… Ils sont actuellement 75 à en profiter, pour une moyenne d’âge de 89 ans.

C’est le principe des résidences services : des établissements réservés aux seniors – 55 ans ou plus pour la résidence du Bocage Tours-centre – fondés sur le principe de la copropriété, mais dont le volet services est délégué à une association à but non-lucratif. Ce sont ces services qui ont attiré ici la plupart des locataires, qui pensaient y couler une retraite paisible.

Mais ces services sont aujourd’hui menacés : l’association, en proie à de grandes difficultés financières, est en redressement judiciaire depuis le 7 juin et cessera son activité le 30 juin. Les causes de cette faillite : depuis 2014, le syndicat des copropriétaires ne vote plus le budget annuel dédié à l’association, comme le stipule pourtant la convention signée entre les deux entités. C’est en tout cas ce qu’affirme Laurence Bachellier, une des responsables du collectif de familles et de sympathisants qui s’est constitué pour défendre les résidents. De plus, « la copropriété incite les propriétaires de logements à ne plus payer pour les services [ils doivent normalement s’acquitter d’une redevance de 575 euros par mois, NDLR] sous prétexte qu’ils ne sont plus rendus correctement », ajoute-t-elle.

Des « prédateurs » aux méthodes douteuses

Selon le collectif, la dégradation progressive des services depuis quelques années a causé une forte chute du taux d’occupation. Une aubaine pour certains investisseurs, qui en profitent pour racheter les logements vacants pour une bouchée de pain. « Il y en a un qui a racheté 7 appartements en deux ans, indique Laurence Bachellier, tous pour 5 000 euros ou moins. » Leur but : les revendre avec une forte plus-value.

Et pour convaincre les propriétaires de vendre, ces « prédateurs » n’hésiteraient pas à employer des méthodes plus que douteuses. Photographies à l’appui, le collectif dénonce notamment une campagne d’affichage pour dénigrer l’association. Mais il évoque également des menaces et des lettres d’injures à l’encontre des résidents, et même l’agression verbale puis physique du président de l’association, Yves-Marc Pire.

« Drame sanitaire »

En se rassemblant ce mardi matin devant les locaux, les membres du collectif et les résidents souhaitent interpeller l’entreprise Foncia, syndic de copropriété de la résidence. « Nous voulons qu’ils fassent appliquer la loi, et le règlement de la copropriété », revendique Laurence Bachellier. Elle-même belle-fille d’une résidente, elle craint un « drame sanitaire » si les services devaient s’arrêter. « Ce serait dangereux, la plupart des habitants sont des personnes dépendantes. »

Yolande, une locataire installée là depuis 5 ans, ne craint rien pour elle-même : « Je suis chanceuse, je peux encore me débrouiller toute seule. » Mais avec la fin de la restauration et des activités proposées par l’association, elle a peur de perdre le « lien social » qui unit les résidents. Sa petite-fille Stéphanie craint quant à elle pour leur sécurité. « Avec le départ des gardiens de nuit et des hôtesses d’accueil, ils seront livrés à eux-mêmes. N’importe qui pourra entrer. » 

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