Aéroport de Tours : aubaine pour l’économie ou dépense abusive ?

L’élu EELV Emmanuel Denis relance le débat en s’appuyant sur une étude d’impact commandée par Tour(s)Plus.

C’est l’un de ses sujets favoris avec les bus au biogaz, le terrain de hockey fnancé par l’agglomération de Tours et les ondes des bornes wifi : toujours prompt à dégainer, l’élu écologiste tourangeau Emmanuel Denis veut réactiver le débat sur l’aéroport de Tours et plus précisément sur l’argent versé par les collectivités pour garantir son activité. Dans les prochains jours, il va ainsi écrire une lettre au vice-président de Tour(s)Plus chargé des transports Jean-Gérard Paumier afin de lui demander une discussion publique au sein du conseil communautaire afin d’évoquer les résultats d’une étude d’impact récemment présentée aux élus. Un document qu’il a analysé en s’improvisant mathématicien pour en tirer des conclusions beaucoup moins idylliques que celles de la majorité.

Commandé par l’agglomération auprès d’un cabinet indépendant, le document analyse la fréquentation de l’aérogare tourangelle et en déduit les impacts sur l’économie locale. « Sur les 187 000 passagers, 70% sont des Tourangeaux » explique Emmanuel Denis. « Sur les 30% restants, la moitié déclare venir pour l’attractivité de la région. Donc ils auraient quand même voyagé jusqu’à Tours s’il n’y avao pas l’aéroport. Au final, seules 28 000 personnes ont vraiment séjourné à Tours grâce à l’aéroport » ajoute l’élu EELV qui, grâce à d’autres enquêtes sur le tourisme, estime leurs dépenses à 20 millions d’euros, correspondant donc au bénéfice de l’aéroport pour l’économie tourangelle : « c’est pas mal », reconnait-il vu que c’est plus de 5 fois le total des subventions versées à la société qui exploite l’aérogare (SNC Lavalin).

« L’agglo ne doit pas financer une partie des vacances des gens qui ont les moyens de partir »

Mais en fait, Emmanuel Denis ne calcule pas du tout comme ça. Selon lui, l’aéroport ne rapporte pas 20 millions d’euros à la Touraine mais lui en coûte 2. Voici son calcul (accrochez-vous !) : « 20 millions d’euros moins 3,8 millions de subentions, ça fait 16,2 millions. On retire ensuite 850 000€ pour l’impact carbone des 28 000 passagers venus à Tours grâce à l’aéroport, ça fait 15,4 millions. Puis, étant donné que 30% des voyageurs tourangeaux déclarent qu’ils ne seraient pas partis en vacances s’il n’y avait pas de vols, on déduit les 17,5 millions d’euros correspondant aux dépenses des séjours de ces 40 000 personnes. » Basé sur des études évaluant les durées moyennes de séjour des Français et leurs dépenses par journée de vacance, le calcul d’Emmanuel Denis est néanmoins assez fragile et devrait vite être contesté par les élus favorables au soutien de l’aéroport.

« On organise l’exode du Tourangeau et on subventionne à outrance Ryanair en lui donnant 2,8 millions sur les 3,8 millions de subventions pour l’aéroport » se plaint l’écologiste qui se dit bien plus opposé au versement de cette somme à la compagnie irlandaise qu’à l’existence de l’aéroport en lui-même : « si on récupère ces 2,8 millions le débat est clos. On peut en avoir sur le dévelopement du transport aérien, c’est un autre sujet. On va donc discuter longtemps tant qu’ils ne feront pas d’enquête sérieuse. Tour(s)Plus n’a pas vocation à financer une partie des vacances des gens qui ont les moyens de partir (en moyenne, chaque billet au départ ou à l’arrivée de Tours c’est 20€ de subvention, ndlr). L’agglomération finance l’aéroport au titre du développement économique. Il coûte 2 millions d’euros, donc on se plante. On pourrait mettre l’argent ailleurs comme pour le développement de la Loire à Vélo ou pour faire revivre la Loire, soit un tourisme plus vertueux. »

Olivier COLLET

Photo : Un avion qui décolle à Tours, par Thierry BRANGER.

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