C’est un terrain qui va prochainement accueillir les entrepôts de la future ZAC Isoparc sur les communes de Sorigny et de Monts. Mais avant de commencer les travaux, des équipes d’archéologues ont été sollicités par le Département d’Indre-et-Loire afin de réaliser des fouilles préventives. Le but : rechercher et récupérer de potentiels vestiges enfouis sous terre ayant traversé le temps, avant que le chantier ne fasse tout disparaître.
Et on peut dire que la pêche a été bonne car ce n’est pas une mais deux découvertes que les équipes de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et du Sadil (Service de l’archéologie du département d’Indre-et-Loire) ont pu déterrer.
Le premier, aux abords du parc d’attractions Family Parc, est un domaine aristocratique gaulois qui aurait été occupé entre le second âge du Fer (au début du 1er siècle avant notre ère pour les novices en Histoire) et la période gallo-romaine.
“Des réalisations inhabituelles et surdimensionnées”, selon les experts, délimitées par un imposant fossé de clôture (de 5 à 7 m de largeur pour 2,40 à 2,80 m de profondeur).
Les archéologues ont pu dessiner un enclos rectangulaire de 1,2 hectare, regroupant des bâtiments d’habitation (allant jusqu’à 230 m2), des bâtiments annexes et un puits de près de 7 m de profondeur.
Si différents objets du quotidien ont été récoltés pour être ensuite analysés afin de déterminer le “profil” des résidents, des éléments de fouille permettent déjà de donner des indices sur leur statut social.
“On a trouvé beaucoup d’amphores qui étaient à cette époque réservés à des populations plutôt privilégiées, nous explique Jean-Philippe Baguenier, archéologue et responsable des opérations à l’Inrap, on a aussi beaucoup d’objets luxueux comme des bijoux, des parures et plusieurs monnaies venant de différentes tribus”.
Pour la seconde fouille, il s’agirait d’un site de l’époque carolingienne (entre le 8e et le 10e siècle après J.-C). Selon les équipes d’archéologues, c’est le troisième site de cette époque exploré dans le même secteur de Sorigny : “Il est ainsi en lien avec une ferme élitaire découverte à 150 m au sud-ouest en 2002-2003 et devait abriter les paysans qui travaillaient pour cette ferme ou l’alimentaient”, raconte le Département et l’Inrap dans un communiqué.
Une petite nécropole d’une centaine de sépultures avait aussi été retrouvée quelques centaines de mètres plus loin en 2023.
Ainsi, sur une surface de 12 000 m2, les recherches ont pu démontrer la présence d’un établissement traversé par un chemin et regroupant des habitations et des bâtiments agricoles. “On a trouvé de nombreux silos enfouis dans la terre, des fosses dépotoirs et d’autres éléments qui évoquent des activités d’agriculture et d’élevage, relate Pierre Papin, archéologue au Sadil, on a même retrouvé des ossements d’une vache entière dans l’une de ces fosses, sûrement pour cause de maladie.”
Autres découvertes très intéressantes : une vingtaine de tombes très bien conservées ont été regroupées au sud du site.
Pour la suite des opérations, les fouilles dureront jusqu’à fin novembre pour le premier site et jusqu’au 12 décembre pour le second. Après cela, des recherches plus approfondies seront réalisées par différents experts spécialisés (anthropologues, céramologues, archéozoologues, etc.) pour construire un rapport complet d’ici 2 ans.
Audrey Lecomte









