Plus rien ne sera comme avant à la CCI Touraine

Nouveau président, budget allégé, vente programmée des locaux historiques : la Chambre de Commerce et d’Industrie tourangelle entre dans une nouvelle ère.

Formé à l’expertise comptable, entré dans le groupe Savoie en 1994 en tant que directeur financier avant d’en prendre la présidence de 2008 à 2015 et aujourd’hui directeur général d’une entreprise de peinture de Tours Nord, Philippe Roussy vient d’être installé comme président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine. C’est un poste clé, car ce sont 20 000 adhérents entrepreneurs qui y sont inscrits en Indre-et-Loire. C’est aussi un poste politique, et le chef d’entreprise le sait bien, lui qui a remplacé Serge Babary au bureau en 2013 lorsque celui-ci est parti faire campagne pour les municipales à Tours (et depuis, il a été élu).

A peine arrivé dans son fauteuil en remplacement de Gérard Bouyer, Philippe Roussy affiche son amertume envers les élus. D’abord ceux qui sont tout en haut, à Paris, et qu’il juge responsables des grosses difficultés financières de la CCI aujourd’hui : « en 2008 notre budget était de 11,9 millions d’euros, il était légèrement supérieur aux 6 millions cette année et sera en dessous en 2017. L’Etat a asséché nos trésoreries. 5 millions d’euros ont été prélevés dans nos caisses, nous avons perdu 50% de nos ressources fiscales et il faut encore s’attendre à des recettes en diminution de 7% l’an prochain. »

Les conséquences sont là, la CCI Touraine comptant 25% de salariés en moins aujourd’hui, une soixantaine contre 83 au maximum : « on essaie de gérer cela via des départs non remplacés mais là on est dans le dur. Il y a un niveau en dessous duquel ça déstabilise tout l’édifice » lance Philippe Roussy. « Notre but n’est pas de gérer la décroissance de la chambre » ajoute le nouveau président, qui a des envies, nous parle d’une équipe « motivée » autour de lui mais est dans l’attente, notamment des élections de la CCI régionale qui donneront le cap pour les 5 ans qui viennent, son mandat courant jusqu’en 2021 : « comme les frontières de notre région n’ont pas évolué avec la réforme territoriale, les départements se connaissent bien et on pourra mettre en place des projets rapidement. »

Parmi ses projets, Philippe Roussy voudrait une CCI plus tournée vers le grand public (qui ne sait pas vraiment de quoi on parle) mais aussi faire un travail plus poussé avec les associations d’entreprises. Il va également devoir gérer des dossiers chauds. Le premier lui a été rappelé très vite : l’aéroport de Tours. Et là aussi il ne cache pas sa colère envers les élus.

La participation de la CCI au budget de sa gestion a fondu, passant de 450 000€ à 50 000€ cette année, et ce sera pareil l’an prochain. Les autres partenaires (agglo de Tours, département et région) ont évoqué un risque pour l’infrastructure mais le nouveau président est ferme : ce n’est pas à son entité de payer le plus car « ça fait deux ans que l’on prévient que l’on ne peut plus payer autant. En 2015 on a maintenu notre participation mais en 2016 on a baissé. Elle représentait 6% de notre budget alors que celle de Tour(s)Plus c’est 0,39% de son budget, 0,16% pour le Conseil Départemental et 0,07% pour la région qui préfère en ce moment soutenir l’aéroport de Châteauroux pour des raisons uniquement politiques. Tout le monde se renvoie la patate chaude et il va falloir qu’il se passe quelque chose. Donc oui, si ça ne bouge pas, on bloquera le système. »

Autre lourd dossier : l’école de commerce des Fontaines (Escem), dont les murs sont la propriété de la CCI mais dont la gestion a été confiée à un nouveau consortium qui espère relancer l’établissement, en particulier à partir de la rentrée 2017. L’objectif étant de faire oublier le fiasco des dernières années avec la gestion calamiteuse sous l’entité France Business School : « l’Escem impactera encore nos comptes jusqu’en 2017, notamment à cause du plan social. Le montant approche les 10 millions d’euros et nous avons un emprunt de 7 millions à rembourser. » Sur le campus, qui accueille également l’école Brassard, la CCI esère voir d’autres activités de formation s’installer voire… ses propres bureaux.

Car c’est le dernier gros sujet à l’ordre du jour : le déménagement de la CCI. Les bureaux historiques du centre-ville de Tours, à deux pas de la Rue Nationale, ne conviennent plus à la Chambre : « on va se désengager du siège social dont on est propriétaire. Ca se fera dans la mandature mais je ne peux pas en dire plus » confirme le président Philippe Roussy. Il poursuit : « quand on arrive ici dans le centre historique, ce n’est pas à l’image des entreprises modernes. Je préfère donc un bâtiment plus pratique, pour accueillir les entreprises dans de bonnes conditions, à proximité d’une sortie d’autoroute. »

Aucune idée du prix de vente, mais le président espère que ce sera suffisant pour rembourser le prêt. L’idée est aussi d’arrêter les frais : « on a encore payé 700 000€ pour la façade récemment. » Une initiative qui n’est pas inédite dans la région, la CCI du Loiret venant tout juste de vendre son siège historique sur la Place du Martroi d’Orléans pour déménager dans un nouveau quartier tout neuf près de la gare de Fleury-les-Aubrais.

O.C. / Photo : les nouveaux élus de la CCI Touraine par Elise Pierre

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