Les patrons sont frileux, mais la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du 37 essaie de les décoincer.
« Les apprentis sont les voix de demain », « 80% des apprentis sont ensuite embauchés en CDI », « les apprentis sont les repreneurs des entreprises de demain », « dans certains cas, embaucher un apprenti coûte presque 0€ à un employeur »… Des phrases comme celles-ci, le président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat d’Indre-et-Loire Gérard Bobier en a enchaîné pendant près de 45 minutes ce lundi après-midi. Le temps nécessaire pour tenter de faire entrer dans la tête des patrons qui liraient ces lignes qu’il ne faut pas hésiter à prendre des apprentis avec eux, même si c’est la crise, même si la carnet de commande n’est pas plein.
S’il prend le temps de se donner cette peine, c’est parce que ce chef d’entreprise – lui-même passé par l’artisanat – est inquiet de voir le nombre de jeunes recrutés en apprentissage baisser en Centre-Val de Loire : autour de 18 000 l’an dernier, soit une baisse de 10%. Et dans le BTP c’est pire : l’équivalent de l’effectif de deux CFA a disparu. Heureusement, les centres de formation n’ont pas fermé « car le Conseil Régional a maintenu ses subventions » souligne Mr Bobier assisté de Gilles Langlo (directeur du campus des métiers de l’artisanat) et de Catherine Couet (responsable du service bourses de l’apprentissage).
Une ministre pour inaugurer le futur Campus des Métiers de Joué
« Je veux lancer un appel pour la mobilisation des patrons. 25% des jeunes sont actuellement au chômage et l’apprentissage c’est une réelle opportunité d’autant que l’Etat fournit de nombreuses aides comme la prise en charge du salaire d’un apprenti mineur la première année » poursuit encore Gérard Bobier qui comprend néanmoins les réticences des chefs d’entreprises : « un apprenti c’est un CDD et en cas de coup dur cela a un coût important pour la société. » Ainsi, que ce soit pour le BTP ou les services, les offres pour les apprentis sont en chute, seul le secteur de l’alimentaire résiste. En particulier la boucherie « où l’on manque même de places. Mais partout ailleurs, c’est ouvert. » Et les responsables de la CMA de rappeler qu’il n’est pas trop tard pour prendre un jeune sous son aile : « en novembre, décembre voire même janvier c’est encore possible. » En fait l’essentiel est de se lancer.
Actuellement, on estime donc que 1 500 jeunes de la région seraient encore à la recherche d’un contrat. L’an dernier, un millier n’a pas pu en obtenir même si certains d’entre eux ont fini par trouver une place dans un lycée professionnel. Les coups de pouces de l’Etat ne semblent donc pas encore suffisants pour rassurer un milieu d’indépendants toujours méfiants vis-à-vis de la situation économique : « je fais le pari sur une fin prochaine de la mauvaise conjoncture. Et si à ce moment-là nous n’avons pas formé de jeunes, nous nous retrouverons en pénurie de main d’oeuvre » prévient encore Gérard Bobier qui se répète un peu d’un an sur l’autre en espérant être entendu un jour. Peut-être dès le 25 septembre prochain avec l’inauguration du Campus des Métiers de Joué-lès-Tours après 6 ans de travaux. Ce sera un événement économique et politique car la toute nouvelle ministre de l’emploi Myriam El Khomri fera le déplacement en Touraine.
Olivier COLLET