Pesticides, installations mal entretenues… Alertes sur la qualité de l’eau

L’Agence Régionale de Santé du Centre a publié son étude annuelle sur la qualité des eaux du robinet.

“Moi qui voit passer toutes les analyses, où que je sois en Indre-et-Loire, je consommerai l’eau du robinet” : la phrase d’Annie Goléo, responsable de la qualité de l’eau de Touraine pour l’Agence Régionale de Santé, est claire comme de l’eau de roche : dans notre département, nous buvons une eau de bonne qualité. Sauf qu’il y a un voire plusieurs “mais”. Détaillons : “Il reste plusieurs points à améliorer, notamment en ce qui concerne la bactériologie et surtout les pesticides qu’on voit arriver lentement et sûrement. Même si on est en dessous de la norme, c’est assez inquiétant. Il y a de nouvelles molécules un peu partout, et on ne sait pas quelles conséquences ce cocktail peut avoir sur la santé”.

Parmi les substances qui posent problème à Annie Goléo et l’ARS : l’atrazine, pourtant interdite depuis 2003 mais très tenace et que l’on trouve toujours dans les sols et les alluvions de la Loire. “En 2013, on relevait des traces dans l’eau distribuée à Tours” explique aussi la spécialiste pour prouver qu’il n’y a pas que les zones rurales qui peuvent être concernées. Cela dit, en 2014, la substance semble avoir disparu des canalisations de la ville préfecture où l’eau “est de très bonne qualité, on a juste un petit souci organique qui à terme pourrait favoriser le développement de bactéries”. A surveiller, mais rien d’alarmant.

Des communes “très désinvoltes” sur la façon de gérer leur eau

Sur l’ensemble de la région Centre, d’après l’ARS, 133 000 personnes consomment une eau de qualité médiocre, c’est l’une des régions françaises où l’on recense le plus de problèmes. Malgré plusieurs années d’amélioration, la situation s’est dégradée en 2013, notamment à cause des fortes pluies. Mais ce qui peut aussi expliquer des résultats parfois passables c’est la façon dont les communes gèrent leur eau, et là, Annie Goléo semble avoir quelques problèmes pour se faire entendre… Par exemple, elle relève qu’un petit nombre de châteaux d’eaux ont des problèmes de fuites et d’étanchéité.

“Certaines colectivités – rurales, il faut le dire – ne sont pas assez rigoureuses. Ce n’est même pas une question de moyens ou alors c’est vraiment rogner sur des choses essentielles. On manque de suivi sur les infections, il n’y a pas de visites des réservoirs, pas d’entretien correct ou de renouvellement suffisant des installations”. Et apparemment, ses coups de gueule n’ont pas beaucoup d’effets : “Nous faisons des contrôles réguliers, parfois j’avertis le préfet, il prévient les élus concernés, ils m’appellent mécontents, je leur dit ce qu’ils ont à faire, ça s’améliore un temps… puis ça recommence. Et ça, notamment dans le Sud-Est du département”.

Si elle reconnait que sur la carte de la qualité de l’eau diffusée par l’ARS, les communes qu’elles visent ne se font pas remarquer par une mauvaise qualité de l’eau, “ça va finir par arriver, d’ailleurs on a quelques problèmes en ce moment… C’est vraiment une façon désinvolte de gérer les choses et je ne peux pas m’empêcher de faire le parrallèle avec Xynthia : on avait prévenu les élus, ils n’ont rien fait… Jusqu’à ce qu’il y ait une catastrophe”.

Olivier COLLET

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