“Pour apprendre, les étudiants d’aujourd’hui veulent s’exercer avec des situations concrètes.” Ce vendredi 22 novembre, Eric Trouvé, directeur de l’Institut Croix-Rouge Compétences, nous a fait la visite du nouveau bâtiment d’extension de son établissement situé à Chambray-lès-Tours.
Présenté comme un “pôle de simulation”, ce bâtiment utilise d’anciennes salles de travaux pratiques pour l’élaboration de chambres d’hôpital plus vraies que nature. Cela permettra aux étudiants de s’exercer dans des situations réelles avec des équipements innovants ; comme par exemple avec des mannequins “vivants”. Ces chambres sont classées par thématiques permettant aux élèves de tester leurs connaissances sur des populations différentes comme les personnes âgées ou les nouveaux-nés.
En plus de ces chambres, une salle immersive a été élaborée pour projeter des images en 3D sur trois murs de la pièce. Cela pourra servir à apprendre à gérer une situation stressante telle que réaliser les gestes de premiers secours dans un environnement bruyant comme une gare. Aussi, les apprenants pourront visualiser différents schémas de notre anatomie en 3D, une innovation pour Eric Trouvé : “C’est toujours plus stimulant d’apprendre avec ce genre de technologies qu’avec un simple manuel papier”.
Pour pousser encore plus l’aspect immersif, deux appartements “factices” ont été installés pour permettre aux étudiants de pratiquer dans des situations réelles de soins chez la personne. Pour l’avenir, l’Institut Croix Rouge ambitionne de créer également une crèche de simulation (en plus d’une salle de soins néonataux déjà présente).
Un majestueux projet qui a nécessité près de cinq millions d’euros d’investissements. Pour y parvenir, l’école a pu compter sur une collaboration avec Tours Métropole et la Région Centre Val-de-Loire. Cette dernière a notamment financé un bon nombre d’équipements à hauteur de 7 000 euros.
Une nouvelle formation de masseur-kiné pour la rentrée
La visite de la nouvelle extension de l’Institut Croix Rouge a également permis de présenter la nouvelle offre de formation de masseur-kinésithérapeute de l’établissement. En effet, dès septembre 2025, l’école permettra à 38 personnes de se former, pendant 4 ans, aux soins thérapeutiques centrées sur le mouvement et l’activité.
L’ouverture de cette nouvelle formation répond à une grande problématique touchant la région, à savoir le manque de masseurs-kiné. Selon les chiffres présentés par l’Agence Régionale de la Santé Centre Val-de-Loire, la densité de professionnels dans la région ne dépasserait pas les 80 pour 100 000 habitants. Un chiffre relativement faible par rapport à la moyenne française qui est de 107 pour 100 000. Ce problème de manque de personnes formées est crucial au regard d’une population de plus en plus vieillissante.
Contrairement à l’établissement d’Orléans qui propose une formation à frais universitaires, le coût de la formation de l’IFMK de Chambray-lès-Tours s’élèvera à 9 200€. S’ajouteront à cela les droits d’inscription de 170€ et les frais d’inscriptions au concours de 80€. Il sera possible de demander une aide de la Région (sous conditions).
Un coût de formation qui provoque une révolte de la part de la FNEK (Fédération Nationale des Étudiants en Kinésithérapie). Dans un communiqué, l’association déplore une “décision incompréhensible” concernant la privatisation de la formation de masseur-kiné qui serait “contraire à une affirmation initiale d’en faire une structure publique”. Pour la FNEK, la prise en charge de la formation par l’Institut Croix-Rouge Compétences ne correspondrait en rien à l’objectif de rendre la région plus attractive pour les étudiants :
“Un IFMK public aurait permis de renforcer l’attractivité de la région. Les futurs soignants auraient eu un sentiment d’engagement réciproque entre eux et la région, favorisant ainsi une installation dans la région pour répondre aux besoins de leur territoire. Croire que l’ouverture d’un IFMK précarisant les étudiants, loin des services universitaires, améliorera l’offre de soin, est un mirage. Au lieu de cela, la privatisation de l’IFMK tourangeau crée une profonde inégalité entre les étudiants de Tours et ceux d’Orléans.”
En réponse à cela, le président de la Région Centre Val-de-Loire, François Bonneau, explique la privatisation de la formation par le manque de moyens financiers de la région. Ce dernier en a profité pour mettre en lumière la possibilité pour les étudiants de troisième et quatrième année de passer d’une formation continue à une formation en alternance. Ceci permet donc à l’apprenant de se faire financer son année par son entreprise d’accueil.
Audrey Lecomte
Crédits Photos : Croix Rouge Compétences
