Sophie Auconie sur le harcèlement de rue : « on proposera une loi en 2018 »

La députée d’Indre-et-Loire fait partie d’une mission de réflexion avec la secrétaire d’État Marlène Schiappa.

Le harcèlement de rue est un fléau. A Tours, on a déjà eu l’occasion de s’en rendre compte grâce à des actions menées par la déléguée départementale aux droits des femmes avec le concours de partenaires comme le Planning Familial (des groupes de parole ont été organisés récemment). Aujourd’hui, c’est le gouvernement qui semble vouloir s’emparer de la question de manière sérieuse en souhaitant réfléchir à la pénalisation des comportements inopportuns dans l’espace public. Tout ce qui franchit les frontières de la drague respectueuse.

Des consultations de policiers, agents de sécurité, victimes ou associations

L’enjeu est de taille : permettre à chacune et à chacun de se déplacer sans avoir peur. Plusieurs études montrent par exemple que 90 à 100% des femmes disent avoir déjà été victimes de gestes déplacés dans les transports en commun (97% à Tours). On ne compte plus les témoignages évoquant la peur de rentrer tard, de marcher dans des rues mal éclairées, de se déplacer en solitaire, de ne pas pouvoir se défendre… Secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa vient de réunir 5 députés (2 de La République En Marche, 1 du Modem, 1 PS et la Tourangelle UDI-Les Constructifs Sophie Auconie) pour réfléchir à une définition du harcèlement de rue et à la façon de le pénaliser.

Objectif : « proposer une loi mi 2018 » indique Sophie Auconie. L’élue et ses collègues vont mener différentes auditions dans les prochaines semaines, à Paris et dans les circonscriptions des députés (dont l’Indre-et-Loire, donc). « On va interroger des commissariats, des policiers municipaux ou des agents de sécurité pour savoir si eux sont capables de repérer des situations de harcèlement et s’ils peuvent sanctionner. »

Une loi déjà impossible à appliquer ?

Mais déjà, plusieurs associations ont soulevé des handicaps à ce projet législatif… Un point épineux : en cas de plainte, comment prouver un cas de harcèlement ? Ce sera probablement la parole de l’un contre la parole de l’autre… « Apporter la preuve du harcèlement sera l’enjeu » concède Sophie Auconie qui va jusqu’à espérer que ce qu’on appelle vulgairement la peur du gendarme fonctionnera : « sachant que ce genre de comportement est répréhensible, un certain nombre d’acteurs feront plus attention » nous dit-elle. Vraiment ? Ça ne marche pourtant pas si bien que ça pour d’autres types de délits…

Face à notre étonnement, la députée Auconie se lance dans le récit d’une aventure qu’elle dit avoir vécu récemment : « je marchais seule et tard dans la rue à Paris et je me suis faite enquiquiner par un type qui était visiblement un garçon très bien, seul à Paris, et devait avoir envie de trouver de quoi s’amuser… Eh bien peut-être que ces hommes regarderont à deux fois avant d’avoir ce genre de comportement pas très grave en soi mais quand on est seule à 22h30 il y a une sécurité. »

La députée raconte ses mésaventures avec des routiers…

Mais alors, quelle avancée précise aurait permis à Sophie Auconie de se sentir plus en confiance ce soir-là ? « Je pourrais lui dire qu’aujourd’hui c’est une infraction correctionnelle, passible d’une amende et d’une indemnité parce que j’ai peur. Je lui dirai ‘Vous me faites peur monsieur’. » Tout simplement… Elle raconte autre chose : « si vous avez une voiture un peu féminine sur l’autoroute, il arrive que les routiers se collent pour voir si l’on voit vos jambes. Ils font des appels de phares et klaxonnent ce qui alerte le routier de devant qui a la même attitude. Je l’ai vécu de nombreuses fois. C’est dangereux. »

« Avec un outil juridique on peut régler un certain nombre de problèmes » parie l’élue. Pour elle, le plus important « c’est qu’hommes et femmes aient la liberté de circuler en toute sécurité. On me dit que cette loi pourrait stigmatiser certains quartiers, je ne suis pas d’accord. Ce que je racontais tout à l’heure cela m’est arrivé dans le XVIème arrondissement de Paris. On ne stigmatisera rien ni personne » garantit-elle.

Des cours de self défense à l’école ?

Elle confirme aussi que la répression ne fera pas tout : « je ne conçois pas que cette loi soit adoptée sans un volet pédagogique dans les lycées et les collèges, que l’on apprenne le consentement aux jeunes. Qu’une discussion, un contact, un baiser doit se faire avec un consentement. » Très bien, mais qui s’en chargera ? Sur quelle durée ? Avec quels moyens ? Voilà un beau chantier pour les mois à venir. Une idée par exemple : « comme on apprend les gestes de premier secours à l’école, on pourrait aussi imaginer un cursus de self défense après la natation ou la course. C’est une bonne idée. »

Olivier Collet

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