Ce n’est pas le genre d’endroit où on s’attend à trouver un atelier d’artisan. C’est pourtant Rue du Petit Plessis, à La Riche, qu’Anaël Martin a installé ses outils. Entre une entreprise de déménagement et un concessionnaire de voitures électriques, mais surtout au milieu des box de stockage. A l’intérieur, des planches de bois en pagaille, et une décoration faite de casquettes, vinyles ou petits objets colorés. « J’y passe plus de temps que chez moi, alors autant que je me sente bien » nous glisse le locataire des lieux.
Ici, voient le jour des tables basses, des planches à découper, des étagères murales, ou tout ce que vous avez envie d’imaginer. Anaël est menuisier avec une option en plus : il customise ses créations avec de la résine Epoxy. « J’avais découvert ça sur Instagram, j’ai testé plein de choses pour moi ou mes amis. Très vite on m’a dit que ce que je faisais était génial et moi ça me plaisait de passer mes journées à faire ça » raconte-t-il. De quoi former des objets avec de jolies couleurs dégradées, ou mates selon les besoins de la clientèle.
Si l’amour du bois lui vient de son père avec qui il faisait des cabanes, le jeune quadra n’a pas débuté sa carrière dans le manuel. Son parcours : école de commerce, commercial pour un groupe de radios en région parisienne puis pour un grand site de petites annonces. Ensuite, il y a eu la bascule. « Le Covid a tout changé » tranche Anaël Martin qui se demande dans quoi il serait le plus heureux, avant de se rendre compte que c’est dans le travail artisanal.
Il commence la résine en autodidacte dans le sous-sol de sa sœur avant de louer un atelier puis d’entamer un CAP menuiserie à St-Pierre-des-Corps : « J’ai fait grimper la moyenne d’âge de la classe » s’amuse-t-il. Major de promo, il repart avec toutes les bases qui manquaient à sa formation afin de gagner du temps sur certains traitements, ou améliorer les conditions de stockage du bois.
Son entreprise Des Résines et Des Rêves démarre bien, avec un planning booké jusqu’en décembre et quelques belles réalisations comme une table basse pour le chanteur Miel de Montagne, qu’il a promis de livrer directement à l’artiste en marge d’un concert au Mans. Anaël se veut proche de ses clients : « Je leur envoie des photos de l’avancée, ils peuvent même choisir la disposition des planches » nous dit-il. Il faut compter une quinzaine d’heures de travail pour une table basse, le double pour une grande table de salle à manger.
Le processus de création est composé de découpe du bois (des essences exclusivement issues de scieries locales), de moulage, de préparation du mélange de résine (teinté à la commande avec des colorants) et de séchage. Pour cette dernière étape, il ne doit pas faire trop chaud, ni trop froid, ni trop humide… ce qui n’est pas simple dans un atelier sans chauffage ni climatisation, ou en période hivernale. L’étape du versement est également très technique avec le risque de créer des bulles, ou que le moule ne soit pas totalement hermétique.
Précisons que le menuisier fabricant ne mise pas tout sur la résine : il peut aussi fabriquer des meubles tout en bois (chêne, noyer, orme…) ou rénover d’anciens modèles. Il vient surtout de lancer une activité d’ateliers via Wecandoo : 80€ les 3h chaque vendredi pour créer sa planche à découper, ou 450€ pour confectionner sa propre table basse en résine sur une journée et demi.
Olivier Collet
