Ça ne va pas mieux sur les comptes du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire. A une semaine de la session de rentrée de la collectivité locale, sa présidente Nadège Arnault s’alarme une nouvelle fois de la situation de ses finances. En poste depuis 2 ans, elle indique notamment qu’elle va sûrement devoir emprunter 10 millions d’€ de plus que prévu cette année, soit un total de 40 millions d’€ à chercher auprès des banques.
« il y a un moment où elles ne nous prêteront plus » redoute l’élue à la tête d’une majorité rassemblant la droite et le centre. Elle cherche donc comment recourir le moins possible à cette option tout en assumant des charges en hausse et une augmentation moins rapide que prévue des recettes issues des frais de notaire (+8% quand certains départements sont à +40% et que la moyenne nationale tourne autour de 20%).
« A ce rythme, construire le budget 2026 sera impossible » assure Nadège Arnault qui compte mettre à exécution la menace faite en début d’année : ne pas verser à la CAF les sommes correspondant à la revalorisation du RSA. Cela n’aura pas d’impact sur les pensions des bénéficiaires mais ça lui fera une dette de 5 à 6 millions d’€ auprès de l’Etat, sans compter les pénalités qu’on pourrait lui réclamer.
Cette protestation a pour objectif de dénoncer des transferts de compétences imposés sans augmentation des ressources. Le Conseil Départemental n’a aucun levier pour faire progresser ses recettes, contrairement par exemple aux mairies qui peuvent faire grimper le taux de la taxe foncière payée par les propriétaires. La seule solution serait donc de réduire les dépenses « mais on a déjà fait ce travail en 2015 » assure la présidente.
En 2026, il faudra donc rogner sur les dépenses, et notamment les investissements contractés pour les routes, les collèges ou les subventions. « Je suis contractuellement engagée mais si ça ne tenait qu’à moi je ne payerais pas pour les nouveaux échangeurs de l’A85 autour de Langeais » plaide Nadège Arnault, soit un total de 5,5 millions d’e à partir de 2026. En revanche, l’élue peut décaler et échelonner les travaux de sécurisation de la D943 (l’axe Tours-Loches), et tout porte à croire qu’elle le fera.
« On est en train de faire un audit pour établir les priorités de travaux » indique encore la présidente du Département qui n’exclut pas non plus de baisser des subventions aux associations ou aux projets de communes, promettant tout de même de ne jamais le faire sans discussions préalables « car les associations nous aident dans le social et les collectivités font travailler des entreprises locales. Il faut éviter des pertes d’emplois. On est obligé de réfléchir aux conséquences de nos décisions. »
Un jeu d’équilibrisme s’annonce donc, et il risque fort de faire des déçus, voire carrément des mécontents. Ainsi, des dépenses jugées non essentielles pourraient faire les frais de l’austérité départementale comme le budget participatif doté de 2 millions d’€ tous les deux ans dans le but de réaliser des projets citoyens. Sa suppression ou sa raréfaction sont « sur la table » alors qu’une nouvelle session doit être lancée fin 2026.
Olivier Collet



