Reprendre Édith Piaf sans la copier est un pari audacieux. C’est pourtant celui que relève avec brio Nathalie Lhermitte, dans un concert qui rend hommage à « la môme » avec une intensité rare, tout en conservant sa propre identité artistique.
Sur scène, Nathalie Lhermitte ne cherche jamais à ressembler à Piaf. Elle ne reproduit ni les gestes, ni la diction, ni les mimiques légendaires. Elle préfère faire vivre les chansons à travers son propre ressenti, sa voix ample, son interprétation sincère et vibrante. Dès les premières notes, le public comprend que ce n’est pas un spectacle d’imitation, mais une relecture sensible et respectueuse du répertoire d’une icône intemporelle.
Accompagnée par des musiciens d’une grande finesse, dont le prodigieux accordéoniste Frédéric Viale, Philippe Villa piano, Ben Pierron Percussions, Arnaud Bitalis Basse, la mise en scène de Gil Marsalla et des projections sur grand écran, Nathalie Lhermitte redonne vie à des titres qui ont marqué la mémoire collective — La Vie en rose, L’Hymne à l’amour, Non, je ne regrette rien — tout en révélant des chansons plus méconnues où transparaît la force intérieure de Piaf.
Chaque mot semble pesé, chaque silence habité. On sent chez elle une connivence émotionnelle avec l’univers de Piaf, sans jamais céder à la tentation du pastiche.
Le public, conquis, ne s’y trompe pas : ce concert est un acte d’amour et de fidélité artistique, un hommage d’artiste à artiste. Nathalie Lhermitte ne se glisse pas dans la peau de Piaf — elle dialogue avec son âme. En sortant de la salle, on n’a pas vu une imitatrice d’Édith Piaf. On a vu Nathalie Lhermitte, une interprète d’exception qui fait renaître la flamme de Piaf, autrement, mais avec la même passion.
Roger Pichot
