La grève d’aujourd’hui n’a pas déplacé les foules, les manifestants en avaient conscience.
Il a fallu attendre le quart d’heure tourangeau pour voir les opposants à la réforme du collège débarquer au Champ Girault de Tours ce jeudi. La manifestation contre le texte de la ministre Najat Vallaud-Belkacem était prévue à 14h mais à cette heure là, on comptait à peine plus de dix manifestants. 20 minutes plus tard on approchait cependant la centaine, en comptant les retraités venus grossir le rang. Et si les syndicats ou certains enseignants mobilisés affirmaient que 30% des profs suivaient l’appel à la grève national, le rectorat avançait lui un taux de mobilisation de 10,92% en Centre-Val de Loire, deux fois moins que la première journée de contestation, et presque autant que la seconde avan l’été.
Du coup dans les rangs du rassemblement tourangeau, on faisait grise mine. En arrivant, un groupe d’enseignants tente l’ironie : “en fait nous n’avons pas compris et nos collègues sont tous pour la réforme…” “D’année en année il y a de moins en moins de personnes dans la rue” soupire un autre manifestant qui justifie cela comme il peut : “c’est à cause de la propagande des médias et des chefs d’établissements.”
Prof de maths à Montbazon, Olivier est quand même venu pour bien montrer qu’il refuse de se soumettre à l’idée d’accepter cette réforme sans rien dire mais n’y croit guère : “On s’y attendait à cette faible participation. La grève, c’est d’une autre époque.” A côté, ses colègues renchérissent : “Il va falloir que l’on achète des tracteurs et que l’on bloque les routes pour se faire entendre…” Ces enseignants là se disent “méprisés”, découragés par les charges supplémentaires mises sur leur dos et restent persuadés “que la majorité s’oppose au texte.”
Isabelle Lohr, prof de français à Esvres, ne dit pas autre chose : “Cette réforme est inapplicable, c’est trop compliqué. Son seul but, à peine voilé, c’est de faire des économies. Alors que nous dans les collèges on a besoin de moyens, notamment de classes moins chargées.” Réunis en assemblée générale après le rassemblement, les syndicats devaient décider des suites à donner au mouvement. Elles sont attendues dans l’automne.
Olivier COLLET