L’arrivée des premiers patients est programmée mardi 27 janvier dans la matinée : dans un peu plus d’un mois, le Nouvel Hôpital Psychiatrique du CHU de Tours entrera officiellement en service sur le site de Trousseau, entre Chambray-lès-Tours et Saint-Avertin.
D’une capacité totale de 170 lits, il sera découpé en 10 unités pouvant accueillir entre 6 et 20 personnes : 6 seront consacrées aux adultes, une aux adolescents, une aux personnes âgées, une aux personnes autistes et une dernière aux personnes souffrant d’addictions (une nouveauté attendue mi-mars). La majorité des chambres ne comptent qu’un lit mais quelques chambres doubles ont été conservées, notamment pour satisfaire une demande du personnel.

Ce NHP tout neuf c’est une grande étape pour l’hôpital tourangeau : elle marque le début du regroupement de nombreux services sur le site de Trousseau, en attendant l’ouverture de l’hôpital général à l’horizon 2029. Ainsi, le bâtiment concentrera des unités réparties actuellement sur différents lieux comme l’hôpital Bretonneau et St-Cyr-sur-Loire. En revanche, les consultations resteront à l’extérieur, aux Fontaines, « pour rester proches des lieux de vie » mais aussi pour que des patients qui ont mal vécu leur hospitalisation ne retournent pas dans un lieu anxiogène.

Parmi les grandes nouveautés : chaque unité aura une terrasse, accessible par tout le monde, y compris les malades qui n’ont pas le droit de quitter le service. Même les chambres d’isolement – dites « sécurisées » en seront équipées. Désormais, chaque patient sera équipé d’un bracelet qui lui permettra de passer les différents sas su bâtiment, mais aussi de fermer sa chambre à clé, donc de protéger ses affaires. Et tout le monde aura accès à la télévision, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent (le volume sonore sera néanmoins limité, tout comme l’utilisation nocturne).

Concernant les chambres d’isolement, elles comporteront une horloge avec la date du jour : « Les avocats nous ont remerciés car c’est souvent la première demande, savoir l’heure qu’il est ». En revanche, les pièces resteront sous surveillance vidéo, malgré des critiques sur cette méthode.
« En moyenne un séjour dure entre trois semaines et un mois » expliquent le directeur des services techniques du CHU Ivy Mouchel et le chef du service de psychiatrie Vincent Camus. Une période de soins durant laquelle il y aura des ateliers d’art-thérapie, l’accès à une cafétéria ou encore la possibilité de rencontrer ses proches dans un jardin interne au bâtiment… un espace par ailleurs sans tabac, pour encourager au sevrage ou éviter un démarrage de l’addiction (ce qui pouvait arriver, nous dit-on).

Sont également prévus la reconstitution d’un studio pour aider les malades à réaliser des gestes de la vie quotidienne, mais aussi des « salons d’apaisement » pour faciliter le retour au calme après une crise. « Nous augmentons de manière substantielle le taux de soignants par patient » explique la direction du CHU qui assume la réduction du nombre de lits (les unités actuelles comptaient 24 à 26 unités). Une réorganisation qui ne plait pas à tout le monde : les syndicats ont notamment boycotté l’inauguration officielle ce vendredi 12 décembre (une manifestation a aussi eu lieu mi-octobre).

Le déménagement vers le NHP se déroulera par phase de fin janvier à mi-février avec l’objectif de diminuer au maximum « les mesures coercitives » (les plus contraignantes pour les patients). Le CHU rappelle ainsi que seuls 10% des personnes suivies en psychiatrie ont besoin d’un séjour en hôpital fermé. A noter enfin la présence d’une antenne du tribunal judiciaire, dont les équipes se doivent de contrôler le respect des droits des personnes privées de liberté.

Le projet représente un coût global de 46 millions d’€. Il a été baptisé au nom de Constance Pascal, première femme psychiatre en France il y a plus d’un siècle, en 1908. On lui doit notamment l’interdiction de la camisole de force et des châtiments corporels sur les patients.
Olivier Collet / Photos : Pascal Montagne



