« Counter-Strike » : la 6ème meilleure équipe du monde en stage à Tours

La ville devient une place forte du esport.

Nous sommes vendredi après-midi, à la pépinière d’entreprises du Sanitas de Tours. Direction le premier étage, dans la grande salle. Un ancien député est là avec ses enfants : lui découvre un univers, eux ouvrent grand les yeux face à leurs idoles. Dos aux fenêtres, 5 jeunes sont en train de parler dans un langage que les non initiés ont bien du mal à déchiffrer. Des mots-clés, des indications. Ça fuse, et autour on chuchote pour ne pas les perturber. Casques sur les oreilles, micro devant la bouche, les garçons ne quittent pas leurs écrans des yeux : ils jouent à Counter-Strike et sont en train d’affronter à distance la 2ème meilleure équipe du monde pour préparer un tournoi prévu dans quelques jours à Atlanta, aux Etats-Unis.

Les rounds s’enchaînent. Le rythme est intensif : chaque partie dure 1 minute et 45 secondes. Le concept du jeu pour ceux qui l’ignorent : deux équipes se font face. L’une d’elles est composée de terroristes qui doivent faire exploser une bombe, l’autre team est chargée de les en empêcher. Charge à chacune de mettre en place la meilleure stratégie pour gagner un maximum de manches se déroulant dans 1 à 3 univers virtuels différents. La première équipe qui marque 16 points remporte la partie.

« Pour s’entraîner, on affronte seulement des équipes du Top 50 mondial. En dessous ça ne sert à rien » nous glisse un des compétiteurs pendant une pause. Comprenez : on est vraiment pas là pour rigoler. Depuis jeudi 4 janvier, et jusqu’à ce lundi 8, l’équipe G2 Counter-Strike Global Offensive est en stage à Tours afin de peaufiner sa stratégie pour l’un des tournois les plus importants de l’année (1 000 000 de $ sont en jeu, et les phases finales auront lieu dans un grand stade, devant un public en furie). Suivront ensuite une dizaine d’autres tournois, en moyenne un par mois partout sur la planète : « en général on est en déplacement une centaine de jours par an. »

Derrière les claviers et les souris, Kenny Schrub (le capitaine, le plus populaire, aussi), Dan Madesclaire, Nathan Schmitt, Richard Papillon et Alexandre Pianaro. Après 5 à 6 ans d’expérience au plus haut niveau, ces cinq là sont les meilleurs joueurs français de Counter-Strike. Ensemble depuis le mois de février chez G2, tous rémunérés au même niveau (sans compter les primes des tournois, souvent plusieurs dizaines de milliers d’euros), ils ont atteint le 6ème rang mondial et visent le top 3.

Pour réaliser cet objectif, il faut une discipline de fer, un entraînement incessant : 7 à 8h de combats par jour, 5 jours par semaine, en général de 12h à 21h avec des pauses d’1h pour souffler. Un rythme de travail en groupe complété par quelques heures supplémentaires en individuel, le matin ou le soir (chacun ses habitudes). En revanche, pendant les vacances, « on lâche tout et on profite de nos proches, ça fait du bien. »

Les coachs de l’équipe.

Souvent, les sessions d’entraînement de G2 se font en réseau. Les 5 membres de l’équipe sont donc en lien permanent mais ils se voient rarement. D’où l’importance de leur rassemblement à Tours : c’est un moyen de faire le point, de se souder avant de sauter dans le grand bain aux Etats-Unis. A leurs côtés, le staff : un coach, un manager et même un analyste, chargé d’étudier de près toutes les données des parties pour déceler les points forts et les points faibles. Tout est épluché, rien n’est laissé au hasard.

Comme toute équipe sportive qui se respecte, G2 a aussi ses partenaires, notamment des marques qui sponsorisent le matériel utilisé par les joueurs (ordinateurs, sièges…). C’est là que Tours entre en jeu : depuis plusieurs années, la ville s’investit à fond dans le domaine du esport, grâce à la DreamHack, la grand messe annuelle autour du jeu vidéo qui a lieu chaque mois de mai depuis 2015. L’an dernier, sa 3ème édition a attiré plus de 9 000 personnes au Vinci et 10 millions de fans ont regardé les parties via Internet. Seul événement français de cette ampleur, le salon et ses tournois vont donc voir plus grand pour 2018, en migrant vers le Parc Expo. Accueillir des équipes prestigieuses est également un excellent moyen d’accroître la notoriété et l’influence de la ville dans le milieu. 

Ainsi, de plus en plus d’entreprises qui gravitent autour du esport s’intéressent à Tours… voire s’y installent. Un fabricant de sièges vient d’y ouvrir sa plateforme logistique et une Web TV a inauguré ses bureaux en octobre. Selon le boss de la DreamHack, Jean-Christophe Arnaud, ce sont aujourd’hui une cinquantaine de personnes qui travaillent dans l’univers du jeu vidéo en Touraine. Un chiffre qui risque fort d’augmenter dans les prochaines années car la discipline se démocratise. Les grands médias s’y intéressent (L’Equipe et Canal+ sont par exemple venus voir les membres de G2 à Tours) et le public s’élargit, allant des ados aux jeunes adultes.

Olivier Collet

Pour en savoir plus, lire l’interview de Jean-Christophe Arnaud sur 37 degrés.

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