A Tours et Chinon, les auto-écoles solidaires tracent leur route

Elles permettent aux plus modestes de payer leurs heures de conduite moins cher.

Passer le permis de conduire… Pour certains c’est automatique à l’approche de la majorité : on passe le bac, le permis dans la même période et roulez jeunesse, comme dit une bonne vieille expression du siècle précédent. Mais pour d’autres, ça ne va pas de soi. Par exemple parce que le permis coûte cher, souvent bien plus de 1 000€. Une somme difficile à mettre sur la table pour des bénéficiaires de minima sociaux, par exemple. Des personnes pour qui le stress de rater l’examen peut-être encore plus important si elles doivent repayer cher des heures pour parfaire leur formation.

Pour essayer d’améliorer un peu le système, on commence à voir arriver les auto-écoles solidaires en Indre-et-Loire. La première est née à Tours fin 2016 et débute officiellement son activité ces jours-ci tandis qu’une seconde se monte à Chinon. Herbert Monin connait bien le fonctionnement de ce type de structure : il était bénévole dans une association similaire à Strasbourg. Désormais Ligérien, l’homme de 38 ans qui est arrivé en France après avoir fui la guerre en Côte d’Ivoire veut « donner l’opportunité aux Tourangeaux d’apprendre à conduire à moindre coût. »

Entre deux missions d’intérim, Herbert a donc monté son association : Accueil Formation Solidarité. « C’est une association à deux volets, l’un pour financer des programmes d’éducation en Afrique, et l’autre pour la conduite. » Les cours sont proposés à 20€ de l’heure, « deux fois moins cher qu’en auto-école. » Ils ne remplacent pas nécessairement la formation avec les professionnels mais permettent de compléter le forfait de base de 20h proposé par les entreprises pour ceux qui ont besoin de plus de temps avant le grand saut avec l’examinateur dans la voiture.

Ces cours à prix réduit, dispensés dans une Clio IV à double commande louée par AFORS, sont accessibles aux bénéficiaires des minimas sociaux, aux étudiants de moins de 26 ans mais aussi aux personnes souhaitant reprendre des cours de conduite après un certain temps sans avoir touché un volant (des chômeurs qui cherchent un travail pour lequel on demande le permis, par exemple, mais qui n’avaient jusqu’ici plus de voiture). « Même en intérim maintenant on demande le permis » souligne Herbert Monin. Titulaire d’un permis depuis plus de 5 ans, il a l’autorisation d’être accompagnateur d’élèves et s’est formé auprès de professionnels pour prendre le pli. Il espère maintenant que d’autres accompagnateurs viendront le rejoindre pour proposer plus d’heures de conduite. Les élèves potentiels peuvent eux commencer à prendre rendez-vous via Facebook.

A Chinon, un service similaire est aussi en train d’éclore : La Batoude, du nom d’un tremplin flexible utilisé par les acrobates pour se donner de l’élan (jolie métaphore). « Ne pourront accéder à l’auto-école que les personnes ayant un projet professionnel orientées par un prescripteur, partenaire de terrain » précise Laure, la fondatrice de l’association qui énumère les bénéficiaires potentiels : allocataires du RSA, stagiaires de la formation professionnelle, salariés d’Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT, destinés à des personnes en situation de handicap). L’idée est de proposer des formations au long cours, jusqu’à plus d’un an si nécessaire, « apprendre à se conduire avant de conduire » note encore le dossier de présentation de la structure.

L’idée vient donc de Laure, 56 ans, monitrice d’auto-école pendant 20 ans et qui a passé dix ans à faire des formations pour lutter contre l’illettrisme. Pour voir le jour de manière certaine, son projet de La Batoude a besoin de 1 500€ minimum et un financement participatif vient donc d’être lancé via Ulule. Il ne faut pas traîner, il reste deux semaines pour le réussir.

Olivier COLLET

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