« La France n’est pas fracturée, elle évolue »

Primaires, Hollande, Macron, Populisme… Le socialiste tourangeau Alain Dayan livre son analyse de la situation politique actuelle.

N’allez pas lui dire qu’il est utopiste, tout juste finira-t-il par concéder qu’il peut être naïf. A 56 ans, Alain Dayan est un homme politique qui a compté à Tours, et qui est revenu dans les premiers plans depuis quelques mois en prenant la direction de la section du PS de la ville, ou plutôt qui est en charge de son « animation » note-t-il.

Adjoint de Jean Germain pendant 19 ans, toujours très fidèle à l’ancien sénateur-maire décédé l’an dernier, secrétaire régional de son parti, le biologiste installé dans le quartier du Beffroi de Tours-Nord reprend de plus en plus la parole, via de longues analyses politiques sur les réseaux sociaux (il plaide pour la création d’une VIème République, une « grande toilette » dans le mécanisme de nos institutions mais aussi pour un revenu universel). Il affine sa pensée en lisant, en écoutant, en débattant. « Récemment j’ai passé 48h à lire tous les commentaires sur Facebook » raconte-t-il. Il en est ressorti affecté, mais optimiste et combatif.

« On vit une période politique passionnante, c’est l’occasion de remettre à plat un certain nombre de logiciels. Il faut refaire de la vraie politique, ne pas rester dans le ressenti, mettre en avant la réalité et la vérité comme arguments majeurs des discours. Aujourd’hui la bêtise pense et c’est la base du fascisme. On ne peut pas laisser la parole populiste s’exprimer ainsi. Le populisme doit se combattre parce qu’il représente un mode de fonctionnement de plus en plus répandu. »

Du coup, alors que beaucoup prédisent que la primaire de la gauche qui s’annonce les 22 et 29 janvier sera une guerre d’égos et de personnes, Alain Dayan, convaincu par le concept, croit que le débat d’idées finira par l’emporter : « je demande aux gens de gauche de se lever et d’aller voter. Arrêtons de n’être que dans le symbole, le plus important c’est le mouvement, on ne peut pas laisser s’affronter la droite dure et l’extrême droite à la présidentielle, c’est une option mortifère. A nous d’être à l’écoute et de savoir écouter. Un vrai débat se crée et c’est l’occasion de remettre au premier plan nos valeurs. Il ne faut pas combattre le FN avec plus de démagogie mais le ramener au concret. »

Alain Dayan (qui soutiendra Manuel Valls qui s’est déclaré ce lundi soir) en est persuadé : « le candidat issu de la primaire de la gauche n’a pas perdu la présidentielle. » Sa campagne durera à peine 4 mois mais il croit un retournement de situation possible, s’appuyant sur l’exemple de la victoire inattendue de François Fillon à la primaire de la droite. Cela dit, celui qui se définit comme social-démocrate, est bien conscient des difficultés, et de l’éclatement de la gauche : « on a du mal à faire émerger un discours raisonnable qui nous réunit… »

De fait, les ambitions à gauche pour 2017 sont dignes d’un inventaire à la Prévert. Montebourg, Hamon, Valls, De Rugy, Larouturou, Filoche, Lienemann… pour la primaire, + Mélenchon, Jadot, Pinel et Macron hors primaire. Pour ces derniers, les électrons libres qui ne jouent pas le jeu, Alain Dayan a des mots durs : « veulent-ils vraiment gagner la présidentielle ou jouent-ils le coup d’après ? Sont-ils irresponsables ? » Il le promet : même s’il le range dans la catégorie des populistes, il soutiendrait un Jean-Luc Mélenchon vainqueur de la primaire s’il finissait par y aller (improbable), et ceci vaut pour n’importe qui d’autre : « l’unité du PS est ma priorité. »

« Pas de combat d’hommes mais un combat d’idées » insiste Alain Dayan qui critique aussi sévèrement l’ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron, il le voit clairement comme celui qui a trahi François Hollande… : « il s’appuie aussi sur les ressorts du populisme et se comporte comme le jeune loup d’une entreprise qui, dès qu’il a assez de connaissances, monte sa propre affaire dans la rue d’en face. Ca marche dans le monde du capitalisme mais ce n’est pas la bonne démarche pour être progressiste. Le vrai courage, c’aurait été d’imposer son point de vue dans une organisation, pas de monter son propre mouvement. De plus, la jeunesse et le dynamisme ne font pas un programme. Pour faire revoter les jeunes, il faut redonner de l’espoir, pas proposer une vision individualiste de la société. »

En parallèle, et même s’il l’a appelé à ne pas se représenter dans une lettre ouverte, Alain Dayan est un fervent défenseur de François Hollande et de son quinquennat (et avec de l’enthousiasme !) : « on peut lui reprocher plein de choses mais quand on regarde le nombre de réformes qu’il a faites, c’est extrêmement important : la réforme Peillon sur l’éducation, plus d’indépendance pour la justice, des avancées sociales comme le mariage pour tous ou sur la fin de vie… » Ce qui lui fait dire qu’à côté, la présidence de Nicolas Sarkozy était bien plus immobile (il n’en retient que la réforme des universités).

« On se rendra vite compte que François Hollande a été un bon président » prédit le socialiste tourangeau qui reconnait bien volontiers que le chef de l’Etat a complètement raté sa communication. Il saisit aussi les fortes descensions dans la France d’aujourd’hui, notamment suite à des réformes comme le mariage pour tous ou la loi Travail : « mais fracturer la société ça veut dire qu’on la fait évoluer. Je suis réformateur et il faut simplement que tout le monde soit aussi démocrate que moi. Par exemple savoir arrêter un mouvement quand les choses sont devenues irréversibles. » A l’écouter, la gauche n’est donc pas encore prête à s’arrêter, elle a juste besoin d’un nouveau carburant. Il est dans son rôle, celui d’animateur, pour motiver les troupes (bon courage… !). C’est vrai qu’on dirait un peu un Manuel Valls…

Olivier COLLET

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