François Hollande chez les pompiers à Tours : un accueil très frileux

Le président a fait quelques annonces en réponse aux exigences des soldats du feu.

A quoi reconnait-on qu’un président est impopulaire ? Par exemple quand La Marseillaise est bien plus applaudie que le discours du chef de l’Etat. Ce fut le cas ce samedi au parc des expositions de Tours. Pourtant François Hollande a pris le temps de discuter avec les sapeurs-pompiers dans les allées… Mais dans une bulle, le plus loin possible des micros, caméras ou appareils photo. Et sans accepter de répondre aux questions, « on n’a même pas aperçu sa tête » se plaignaient des bénévoles du congrès des soldats du feu bloqués derrière les barrières au moment du départ du convoi présidentiel…

Néanmoins, le chef de l’Etat était attendu. Le président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers avait des choses à lui dire. Le colonel Eric Faure a fait un discours très salé, pointant les nombreuses revendications de la profession : « 80% de nos effectifs sont des pompiers volontaires. Il faut inciter à l’engagement avec des mesures pour faciliter l’accès au logement social à proximité des casernes ou généraliser la présence des volontaires dans les comités de direction. » Il souhaite aussi qu’ils aient plus souvent accès aux décorations (Légion d’honneur et Ordre National du Mérite) Le représentant des pompiers a ensuite listé des « chantiers inachevés » comme des problèmes de formations liés à la mise en place du Compte Personnel de Formation en 2014 ou l’impossibilité d’accéder aux plus hauts postes de la fonction publique.

Mais le plus important, c’est le manque de moyens. Alors que 850 casernes ont fermé en dix ans « pour de prétendues économies budgétaires », le colonel Eric Faure s’agace : « Moins de centres, c’est moins de volontaires. Comment voulez-vous atteindre l’objectif de 200 000 en 2017 ? C’est un véritable plan social pour les pompiers volontaires. Le service public et la vie locale s’étiolent à chaque fermeture. C’est la citoyenneté qui recule alors que partout ailleurs on cherche à la renforcer. »

Le président de la FNSPF est amer avec l’administration. Quand il évoque les ennuis financiers des services départementaux d’incendie et de secours, il accuse tout le monde se renvoyer la balle : les départements qui financent les pompiers se plaignent de recevoir moins d’argent de l’Etat qui se défausse en indiquant que le financement des pompiers revient aux départements. Et les communes ont le même argument. Ainsi, « nombre de SDIS refusent d’acquérir des équipements antibalistiques malgré le risque d’attentats. Qui va leur dire qu’ils mettent en danger leurs pompiers ? »

« L’Etat doit être ambitieux. Il y a urgence » conclut sévèrement Eric Faure qui exige notamment que le milliard d’euros que l’Etat verse aux départements pour financer les pompiers aille directement dans les caisses des casernes sans passer par celles de l’institution. (ici, c’est clairement une accusation dé détournement de fonds). François Hollande lui a répondu, longuement (35 minutes), mais sans vraiment s’impliquer. Le colonel avait prévenu juste avant : il ne voulait pas d’un énième hommage à la profession. Le président s’y est quand même essayé « avec l’armée et les forces de police et de gendarmerie, vous êtes le troisième pilier de notre protection et de notre sécurité. Vous étiez toujours là sur les lieux d’actes terroristes. »

Puis est venu le temps de répondre aux questions, de faire des annonces. Au sujet du milliard d’euros de l’Etat dédié aux pompiers, « nous devons le flécher pour qu’il aille bien vers les SDIS. » Et François Hollande d’ajouter une enveloppe de 20 millions d’euros « dès 2017 » pour aider les pompiers à s’équiper en matériel dans les départements qui en ont le plus besoin, notamment pour de l’achat de protections, « car les pompiers interviennent dans des situations de plus en plus difficiles, où leur sécurité est mise en cause. » « Nous allons encore subir des épreuves, nous devons nous préparer au pire, adapter nos capacités de réponses à l’ampleur des risques » a aussi souligné le président.

François Hollande l’affirme ensuite : sa promesse de venir en aide à chaque citoyen en moins de 30 minutes partout sur le territoire sera tenue : « il ne faut jamais laisser des territoires abandonnés. Je vais demander aux préfets à ce que les décisions de fermetures ne remettent jamais en cause l’efficacité opérationnelle. Il faudra consulter tout le monde. Une caserne c’est un lieu de vie, un outil de recrutement pour les volontaires. Une caserne, c’est un poste avancé de la République dans les territoires. Ca ne doit pas être uniquement fondé sur des critères financiers. »

Le chef de l’Etat s’est enfin engagé à ce que l’Etat soutienne la campagne pour appeler les volontaires à s’engager (après tout, il a bien communiqué fortement pour la réserve opérationnelle pour la gendarmerie et la police après les attentats…). 1 000 services civiques seront, d’ici l’an prochain, mis à disposition des pompiers et les hauts-gradés auront bientôt la possibilité de devenir hauts-fonctionnaires (sous-préfet par exemple). Une loi devrait le permettre d’ici la fin de l’année. De bonnes intentions qui ne semblent pas avoir empli l’assistance d’enthousiasme…

L.G.

Photo : François Hollande lors de l’accueil au parc des expositions de Tours

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