Invité dans le cadre de sa campagne pour la présidence du parti centriste, l’ancien ministre a livré un discours volontariste et offensif.
Devant une petite cinquantaine d’élus, militants centristes et curieux réunis dans un bar situé près de la gare de Tours, Hervé Morin est venu ce mercredi livrer campagne pour la présidence de l’UDI dont on connaîtra le résultat en fin d’année. Un simple aller-retour pour cet ancien ministre à l’emploi du temps chargé (il a croisé Nicolas Sarkozy il y a quelques jours mais aussi vu François Bayrou et Pierre Mehaignerie et a fait, depuis la Touraine, la tournée des médias pour évoquer la décision de la France de suspendre la vente de deux navires militaires à la Russie).
Au final, Hervé Morin a passé plus d’une heure à tenter de convaincre l’assistance de sa bonne foi et de sa volonté de trouver un nouveau destin à la France sans trop se préoccuper du sort de sa propre personne (il confie tout de même, au moment des questions, qu’en cas de défaite à l’élection interne il lui faudra « du temps » pour se remettre d’aplomb). « L’UDI est un parti adulte, il n’y a pas l’ombre du début d’une affaire » explique celui qui prône une accentuation du débat interne dans les délégations régionales et rêve de constituer, pour les échéances électorales de 2017, une « majorité d’idées » plutôt que de livrer un combat d’égos autour du nom d’un candidat à la présidentielle. Il n’exclut donc pas l’idée de primaires ouvertes droite-centre.
« La question n’est pas de savoir si l’UDI aura un candidat ou non. Je préfère avoir 150 députés à l’Assemblée Nationale et y peser que faire 5 à 10% au premier tour de la présidentielle. L’UDI ne doit pas être le strapontin de l’UMP ou l’aneth sur le saumon fumé » poursuit Hervé Morin qui ne croit plus vraiment au modèle actuel du suffrage universel, compte sérieusement réduire le nombre de sénateurs et aimerait voir naître une VIème République : « ça fait 15 ans que l’on nous dit que le modèle de la Vème République fonctionne. Si c’était le cas, ça se saurait ! ».
« Quitte à être impopulaire, autant que ce soit pour quelque chose »
A Tours, Hervé Morin n’a pas mâché ses mots. Envers François Hollande qui « joue sa dernière cartouche avec ce nouveau gouvernement enfin cohérent ». Un président qu’il juge aussi complètement inactif : « quand on arrive au pouvoir, je préconise que les députés siègent jour et nuit pendant 6 mois voire à adopter des lois par ordonnance. Quitte à être impopulaire, autant l’être pour quelque chose. Hollande est impopulaire pour rien ».
L’une des voix les plus audibles du centrisme au niveau national s’est aussi longuement épanché sur la droite et l’UMP qu’il rêve plus ou moins secrètement de rallier à sa cause, souhaitant aussi bien parlementer avec Juppé que Fillon pour « construire un projet commun ». Il juge néanmoins qu’aujourd’hui, avec les affaires, la droite est dans « un schéma mortel dont le risque est une accentuation de la défiance des français envers les politiques. Il y a une confiance à recréer ». Ainsi, Hervé Morin fait campagne en se donnant le rôle du pacificateur, de l’honnête homme qui croit en un renouveau de la politique en dehors du système classique PS-UMP, qui espère que cette philosophie rencontrera l’adhésion des électeurs aujourd’hui tentés par les extrêmes… Il a trop d’expérience pour être naïf mais il ne pourra pas nier que la tâche est ardue.
Olivier COLLET
Fraternité sur le quai
A son arrivée à Tours, Hervé Morin a été accueilli par le maire Serge Babary, une belle preuve de l’amitié entre UMP et UDI dixit l’adjoint UDI tourangeau Christophe Bouchet. Et ce, donc, malgré tout ce que peut reprocher le centriste à ses voisins sur l’échiquier politique.