Explosion du prix de l’énergie : le témoignage d’un boulanger tourangeau

Malgré l’annonce d’aides ciblées et un projet de plafonnement du prix de l’électricité, les boulangers réfléchissent toujours à manifester lundi 23 janvier. Une mobilisation de cette profession ce serait assez inédit. Et même s’ils ne seront maximum que quelques milliers, car on compte environ 30 000 commerces du genre en France, leur métier conserve un tel capital sympathie national que ça ferait plutôt tache dans la communication du gouvernement déjà mise à mal par les multiples 49-3, la crise de la santé ou la réforme des retraites.

Boulanger à Neuillé-Pont-Pierre, en Nord-Touraine, Julien Chegaray fait partie de ses artisans un peu désabusés. A la tête de son commerce depuis plus de six mois, il un discours plutôt fataliste alors qu’on est en période faste pour lui, janvier étant synonyme de forte fréquentation pour la galette des rois :

« Le boom de l’énergie va être dur à assumer. On a de grosses machines : four, frigo, surgélateur… Vu le prix de l’électricité, ça devient difficile de tenir nos marges. Heureusement mon four est en bi-énergie – électricité et fioul – donc comme le fioul baisse ça limite la casse mais on passe quand même de 1 400-1 600€ par mois en juin à 2 600-2 800 voire 3 000€ aujourd’hui. Et pour certains collègues ça peut aller jusqu’à 17-18 000€ »

Et il n’y a pas que l’énergie : « En juin j’étais à 18€ les 25kg de sucre, maintenant c’est 34€ » indique le professionnel pour évoquer la progression du coût des matières premières. Le beurre ou la farine sont également concernés.

Et si les boulangers achetaient groupés ?

Pour faire face, le boulanger du Fournil de Neuillé explique qu’il va « se creuser les méninges » : « On ne pourra pas toujours rogner sur nos marges… Il va falloir tirer sur les fournisseurs, tout ce qui est matière première, mais ça ne fera pas tout. » Et s’il augmente les prix de ses pâtisseries ou viennoiseries, et réduit l’étendue de leur gamme, il se refuse à faire progresser les tarifs du pain car « ça reste un produit d’appel. Les gens viennent plus facilement acheter du pain que des gâteaux. »

Cela dit, et contrairement à certains confrères, Julien Chegaray refuse de déclarer son commerce en danger. Il se dit aussi sceptique vis-à-vis du mouvement envisagé le 23 janvier. « L’artisanat est la première entreprise de France mais on n’est pas capable de se soutenir. Quand les bouchers ont manifesté à Paris fin 2022, apparemment ils étaient seuls. » Plutôt que défiler sous les fenêtres du gouvernement, l’artisan préfère des actions concrètes directement au niveau local comme des achats groupés de matières premières pour faire baisser les prix. Il a déjà engagé des démarches auprès d’autres magasins. « Si on se regroupe, on serait une force énorme » promet-il.

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