27kg pour 1m65 : Vanessa raconte comment elle a combattu l’anorexie

Vanessa Lesquelin est Tourangelle, elle a la trentaine et pèse aujourd’hui environ 50kg. Une information importante quand on sait que la jeune femme sort d’une longue période d’anorexie débutée à son adolescence, et qui a nécessité plusieurs séjours à l’hôpital. Un parcours de vie qu’elle raconte dans le livre 27kg ou l’épopée d’une miraculée, disponible à La Boîte à Livres de Tours ou chez Savoir Être. Un ouvrage avec une première partie témoignage et une autre comprenant des conseils sur les outils de guérison. Nous l’avons rencontrée pour découvrir son histoire…

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Comment l’anorexie est arrivée dans ta vie ?

Ça a commencé à l’adolescence. A l’époque j’étais assez influencée par le modèle type du mannequinat exposant des femmes extrêmement minces voire maigres mais aussi par la difficulté à entrer dans l’âge adulte et avoir un corps de femme. J’ai commencé par vouloir perdre quelques kilos pour alerter mes proches sur mon mal-être, attirer l’attention sur moi. Malheureusement ça a été une spirale infernale : un kilo puis un deuxième, un troisième… Et ça n’était jamais assez. Ça a duré jusqu’à mes 32 ans avec des périodes de mieux et des moments où je suis redescendue.

Aujourd’hui où en es-tu ?

A l’hôpital on m’a dit que j’étais complètement guérie, que j’avais retrouvé un poids de forme. Et c’est une grande fierté : le combat a été long, difficile. J’ai connu beaucoup de douleurs sur tous les plans, psychiques et physiques.

Te souviens-tu du moment où tu as pris conscience que tu étais malade ?

J’étais dans mon studio à Tours et j’hébergeais un ami australien qui est subitement tombé gravement malade. Ce jour-là, en me pesant, j’étais à 34kg. Je me suis vue dans la glace et j’ai fondu en larmes. J’étais à un stade où je connaissais une fonte musculaire extrême, j’avais le poids d’un enfant, je tombais très souvent malade et pouvais à chaque instant faire un malaise voire pire…

En quoi ta guérison a été un parcours du combattant ?

On est tiraillé entre sa raison et ses démons. Selon les âges la maladie a pris plusieurs formes : à l’adolescence c’était vraiment une volonté de maigrir pour être bien dans ma peau. Adulte, je voyais mon corps tel qu’il était mais je maigrissais à cause d’une anxiété, liée à la perte de mes proches, des agressions physiques, des difficultés amoureuses… On a compté avec un psychiatre : en deux ans j’ai cumulé 8 chocs émotionnels. La douleur était telle que je ne pouvais quasiment plus manger : je devais restreindre les quantités. Je prenais de tout (pizza, samossas, gâteau au chocolat) mais dans des portions très limitées.

Quel chemin as-tu emprunté pour parvenir à la guérison ?

Souvent considérée comme maladie mentale ou psychiatrique, l’anorexie nécessite un suivi spécifique qui n’est malheureusement pas développé partout en France. J’ai été hospitalisée plusieurs fois. A Tours, et à Nantes. Ce n’était pas simple car les conditions sont très difficiles, avec une solitude extrême. Si j’ai guéri, je le dois notamment à un professeur de Bretonneau qui m’a sauvé la vie en acceptant de m’hospitaliser en médecine interne sous mes 27kg mais aussi des intervenants dans des thérapies holistiques (micro-kiné, massages métamorphiques…). Ces personnes ont dénoué des nœuds et libéré des émotions qui n’étaient pas gérées.

Comment qualifies-tu la relation avec tes proches pendant cette période ?

On croit souvent que l’anorexie est un caprice mais c’est bien une maladie. Il y a quelques personnes qui ont été dures et n’ont pas compris. Mais la plupart ont été extrêmement bienveillants, tolérants d’autant qu’ils ont aussi beaucoup souffert de ce passage à vide. Dans mon malheur j’ai eu beaucoup de chance ce qui n’est pas le cas pour d’autres personnes qui souffrent d’anorexie. Hélas c’est souvent une maladie qui est liée à un manque d’amour. Ou un sentiment de manquer.

Comment tu te sens maintenant ?

Je tombe encore malade régulièrement, j’ai souvent des coups de froid et un système immunitaire un peu fragile mais à côté tout va très bien. J’ai pu reprendre le sport. Le fait d’avoir un corps musclé, un corps de femme dans lequel je me sens bien et avec lequel je peux vivre mes rêves c’est une chance incroyable.

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