[Face à face] La ville de Tours en fait-elle assez contre l’homophobie ?

Les analyses divergent…

[Face à face] c’est une nouvelle rubrique d’Info Tours pour vous aider à comprendre tous les enjeux d’un débat local avec le contexte et les avis des différents partis. Aujourd’hui on s’intéresse à la situation du Centre LGBTI de Touraine, une association qui accompagne les personnes lesbiennes, gay, bi, trans ou intersexe en Indre-et-Loire (et ponctuellement à Blois). Chaque année c’est aussi elle qui est à l’initiative de la Marche des Fiertés de Tours en juin.

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Le contexte :

Installé dans le quartier Velpeau de Tours près du centre administratif du Champ Girault, le Centre LGBTI de Touraine a récemment lancé un appel aux dons car il était en difficulté pour boucler son budget. L’association a reçu des soutiens du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, de la région Centre-Val de Loire ou encore d’un organisme gouvernemental (La DILRAH) qui lui a versé 6 000€. L’association a également noté que la ville de Tours ne lui avait pas apporté de soutien exceptionnel ce qui a fait réagir la municipalité.

 

Marion Nicolay-Cabanne, 1ère adjointe (Les Républicains) de la ville de Tours :

« L’association est logée par la ville qui loue un local 5 700€ par an auprès du bailleur Ligeris et le met à disposition gratuitement pour le Centre LGBTI de Touraine, à l’exception des charges. Cette convention d’occupation initiée sous Jean Germain (maire de Tours jusqu’en 2014, ndlr) avec l’objectif d’avoir des locaux faciles d’accès mais pas trop visibles est valable jusqu’en 2021. Au total nous hébergeons ainsi 378 associations ce qui représente un coût annuel de 860 000€ pour la municipalité. »

« Je suis au courant des difficultés financières de l’association, je les entends. Sa situation est compliquée mais pas critique. Par ailleurs, à la différence d’autres partenaires, notre soutien est resté constant ces six dernières années, on ne souffle pas le chaud et le froid. Notre subvention en numéraire a également progressé de 50% en 2017 et n’a pas baissé depuis. On la maintient comme pour d’autres associations. Si on l’augmente, cela veut dire en caricaturant un peu donner moins à d’autres alors qu’il y a 2 900 associations dans la ville. Parfois il nous reste quelques fonds en fin d’exercice budgétaire. Cette année nous avons choisi de donner un peu plus au CIDFF (association de lutte contre les violences faites aux femmes, ndlr) parce qu’il était dans une situation financière compliquée et que l’on s’inscrivait dans le cadre d’une stratégie nationale. Le Centre LGBTI y aura peut-être droit une autre année. »

« Vouloir faire une polémique sur ce sujet c’est un peu injuste. La cause ne le mérite pas. »

 

Mickael Achard, coprésident du Centre LGBTI de Touraine :

« On ne veut pas faire de polémique. On remarque simplement que certaines collectivités ont pris la mesure de l’augmentation des actes homophobes et que d’autres ne font rien. Nous sommes par exemple à l’étroit dans nos locaux, certains entretiens individuels doivent se tenir dans le parc, dehors. Nous avons fait la demande d’un nouveau local il y a 3 ans sans effet. »

« C’est vrai que la ville est notre partenaire historique mais son appui est faible par rapport à notre budget annuel de 45 000€. Il y a aussi un symbole fort quand on voit des élus de la majorité dans les rangs des cortèges de La Manif pour Tous avec leur écharpe tricolore (ils étaient plusieurs à Paris lors de la récente journée de mobilisation contre l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes). »

« Au-delà du Centre LGBTI la question est plus générale : souhaitons-nous une société qui accueille tout le monde ? La municipalité devrait mettre en place une politique de soutien auprès des jeunes, des actions de lutte contre les suicides ou le harcèlement. Nous avons fait une enquête qui a recueilli 441 réponses. A Tours, près de la moitié des personnes LGBTI se cachent : 31% au travail et dans l’espace public. 53% ont déjà été agressées verbalement ou ont subi des moqueries à cause de leur orientation sexuelle ou leur identité de genre et 45% se sont déjà senties discriminées. On pourrait donc imaginer la mise en place d’actions de sensibilisation, des campagnes de lutte contre l’homophobie, une formation du personnel municipal ou un dispositif d’accueil de jeunes exclus de leur famille. »

Propos recueillis par Olivier Collet

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