[Face à face] Des réserves d’eau en Touraine : on en veut ou on n’en veut pas ?

Un débat sensible.

Il a enfin plu cette semaine en Indre-et-Loire. Pas suffisant pour compenser un été exceptionnellement sec, mais du mieux pour la végétation. Et si ce genre de situation se reproduisait plus souvent voire tous les ans ? Les agriculteurs s’inquiètent et en Touraine comme ailleurs on entend souvent une proposition : créer des bassines pour stocker l’eau tomber en hiver et l’utiliser l’été. Ni plus ni moins que des nappes phréatiques à ciel ouvert, mais dans lesquelles on pourrait puiser sans problèmes en cas de restrictions des autorités. L’idée est notamment portée par le syndicat UDSEA, chez nos voisins du Loir-et-Cher la Chambre d’Agriculture en fait même sa première priorité. Mais le dispositif inquiète. Pour vous aider à vous faire une opinion nous confrontons les avis dans cet article.

 

Christophe Dupin, EELV Touraine (contre les réserves en eau) :« Il est un fait que maintenant chaque année les cours d’eau vont connaitre des situations de crise. La situation de crise devient donc la norme. Il y a donc une nécessité à diminuer impérativement les prélèvements d’eau liés à l’activité humaine. L’agriculture doit donc être plus responsable et limiter les productions gourmandes en eau qui sont de moins en moins adaptées à notre climat comme celle du maïs par exemple. Nous nous opposons totalement à la solution préconisée par la FDSEA qui suggère de construire des bassines pour retenir l’eau et conserver ainsi le même modèle agricole irresponsable. Or ces bassines consistent seulement à pomper l’eau des nappes phréatiques, les études ont montré qu’elles ne feraient qu’amplifier l’assèchement des cours d’eau. Nous demandons à la FDSEA de se rapprocher des experts de l’environnement et du cycle de l’eau pour pouvoir développer des cultures compatibles avec les cycles naturels.

Il y a une nécessité urgente à développer des systèmes productifs compatibles avec l’écosystème naturel et à se mettre autour d’une table avec l’ensemble des acteurs concernés pour mieux gérer les biens communs que sont l’eau, le climat et la biodiversité. »

 

Jean-Yves Chauveau, agriculteur, membre de l’UDSEA (pour les réserves en eau) : « Il faut que la loi soit modifiée pour permettre de prélever de l’eau de surface l’hiver et l’utiliser l’été. Sur l’irrigation, l’ensemble des pompages représente moins de 1 % de la pluie qui tombe en Touraine. La surface irriguée en Indre et Loire est de 17,5 km2 sur un total de 6127 km2 soit seulement 2,85 % (et 5,4 % de la surface agricole). Le total de l’eau utilisée par l’irrigation représente 0,83 % des pluies tourangelles.

Lorsque les sols sont saturés d’eau ou en pente (ou artificialisés, l’eau coule vers les rivières et n’infiltre pas les nappes. C’est une petite partie de cette eau que le monde agricole voudrait capter dans le futur. Cela ne changera rien sur l’impact global de la sécheresse mais permettra, sur de petites surfaces, de maintenir une production locale. Cela permettra aux éleveurs d’acheter et d’ensiler du maïs irrigué du voisin prévu en grain.  Puisque les épisodes secs sur plusieurs mois vont se répéter il faut, humblement, regarder ce que font nos voisins du sud de l’Europe où le stockage de l’eau pour l’irrigation est bien plus développé. »

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