[Sans filtre] « Il faut une vraie réglementation sur l’utilisation des pesticides »

En Touraine, la SEPANT demande leur interdiction à moins de 100 voire 150m des habitations.

  La rubrique [Sans filtre] ce sont des questions percutantes à une personnalité tourangelle sur un sujet essentiel de l’actualité…

 

Jusqu’au 1er octobre, le gouvernement organise une consultation publique pour recueillir des avis concernant la réglementation à adopter sur les pesticides. Et notamment jusqu’à quelle distance des habitations peut-on disperser des produits phytosanitaires ? Eclairage avec Marion Bernard de la SEPANT, une association tourangelle de défense de l’environnement.

Quels sont les enjeux du décret en cours de rédaction par le gouvernement ?

Cela concerne surtout la protection des riverains vis-à-vis de l’épandage des pesticides. Il y a des zones où l’on va interdire les traitements pour que les personnes soient le plus protégées possible.

C’est une réglementation importante ou un détail dans l’arsenal législatif ?

C’est important car pour l’instant il existe des réglementations pour protéger les écoles ou les établissements qui reçoivent du public comme les EHPAD ou les hôpitaux mais il n’existe aucune règle pour les riverains chez eux. On protège les écoles et c’est important mais les élèves passent aussi beaucoup de temps à la maison donc cette réglementation est indispensable.

La principale question c’est jusqu’à quelle distance d’une maison on peut traiter les cultures…

Ce n’est pas la seule mais oui c’est la plus marquante. Le gouvernement envisage 5 à 10m, c’est très bas. On voudrait l’augmenter pour protéger les populations car le pesticide ne va pas rester à l’endroit où on l’a appliqué. Par le vent ou parce qu’il reste en suspension. Des études ont été faites pour montrer la dangerosité des produits dont une de France Nature Environnement dans le Tarn-et-Garonne. Elle a étudié la fréquence de maladies de type cancer pour des personnes à proximité de vergers. Entre 0 et 50m, 40% des personnes ont des cancers, 40% jusqu’à 200m, 20% au-delà de 200m.

Pour participer à la consultation, cliquez ici

En face le gouvernement affirme que cette distance de 5 à 10m a été établie à partir de rapports scientifiques et qu’elle n’est pas sortie du chapeau…

C’est un rapport de l’ANSES qui dit qu’elle a eu peu de temps pour travailler sur la question et se base sur des études des années 1980. Dans le document, on peut lire qu’il faudrait faire plus d’essais pour mieux mesurer l’impact des produits phytosanitaires sur les riverains.

Les agriculteurs sont eux aussi inquiets, craignant de perdre d’importantes surfaces agricoles…

On ne va pas supprimer des terres. Les agriculteurs pourront continuer de cultiver ces terres mais sans produits phytosanitaires. Le discours du ministère de l’agriculture est ambigu : d’un côté il dit qu’il faut réduire l’usage des pesticides, qu’on va aller vers une agriculture où l’on s’en sert moins, de l’autre il explique qu’on ne peut pas s’en passer sur une bande de 150m.

Même avec une distance à 5 ou 10m, est-ce que pour vous ce n’est pas déjà un signe que la question est prise au sérieux par les autorités ?

On ne peut pas s’en contenter. Quand on prend une mesure il faut qu’elle soit efficace.

Est-ce que ça concerne vraiment beaucoup de monde ?

Cela peut représenter pas mal de personnes dans les communes rurales mais ce n’est pas le cas le plus fréquent.

Est-ce que vous sentez un intérêt pour cette consultation ?

Oui, beaucoup de riverains se manifestent et se sentent concernés. Nous avons beaucoup de retours de gens qui plaident pour une augmentation des distances sans pesticides. Et il y a pas mal de choses que les citoyens peuvent faire comme participer à l’élaboration de chartes locales sur l’utilisation des pesticides. Pour cela il faut se manifester auprès de la Chambre d’Agriculture.

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