[En vitrine] A La Riche, 6 000 vers de terre mangent les déchets des commerces tourangeaux

Mais aussi d’une fleuriste ou d’un supermarché bio.

Ils pèsent une dizaine de grammes et ont un appétit féroce. Eux ce sont les eisenia foetida, 6 000 vers de terre tranquillement installés sur un terrain à l’ouest de la commune de La Riche, tous lovés dans un bon gros tas de déchets organiques (épluchures, fleurs fanées et autres restes alimentaires). Leur mission : manger et digérer. Rien d’autre. C’est la jeune association Les Vers de Tours qui les a mis là et qui s’occupe de leur fournir la matière première nécessaire à leur bien-être.

Créée en juillet 2020, en gestation depuis 2019, Les Vers de Tours c’est le projet d’un quatuor composé d’Audrey, Florent, Loïc et Robin : « On est tombé sur la Tricylerie de Nantes qui collecte les biodéchets de la ville depuis 2016 et on a eu envie de lancer ça à Tours » explique Audrey. Voici comment ça marche : l’équipe dépose des bacs de 10 ou 35 litres chez ses clients (un restaurant des Halles, une fleuriste du centre-ville, un supermarché bio ou encore l’association La Table de Jeanne Marie qui distribue des repas aux plus démunis). Quand ils sont pleins, elle passe les récupérer avec son vélo à remorque et laisse un bioseau vide en échange. La cargaison est alors déposée au-dessus de la litière de vers de terre qui n’ont plus qu’à se régaler.

Pourquoi avoir lancé cette aventure ? La réponse d’Audrey :

« L’objectif c’est de réduire le poids de nos poubelles grises. Elles contiennent 30 à 50% de matières valorisables qui se retrouvent enfouies dans des centres presque pleins. Il fallait donc une solution pour diminuer leur volume tout en organisant une collecte décarbonée car le vélo c’est moins polluant qu’une benne à moteur. »

Pour l’instant, Les Vers de Tours ne bosse qu’avec des bénévoles mais l’idée c’est de professionnaliser la démarche pour récolter une dizaine de tonnes de biodéchets par mois, chaque tournée permettant de ramener maximum 250kg.

« A partir des données de l’ADEME on estime que les restaurants de Tours Centre produisent 27 tonnes de déchets organiques par semaine, dont plus de 120 tonnes par mois. Si on réussit à en valoriser 10% ce sera déjà bien » nous dit Audrey. Pour ses débuts, l’association se contente de nourrir ses vers et d’enrichir le compost. Dans 2-3 ans, elle compte créer une ferme lombricole, c’est-à-dire vendre les bébés vers et le compost qu’ils ont produit pour des particuliers, des agriculteurs ou des collectivités locales :

« Aujourd’hui quand Tours Métropole fournit un lombricomposteur à un foyer, les vers qui s’y trouvent ont fait plusieurs centaines de kilomètres car il n’existe plus de ferme de production en Centre-Val de Loire. On en trouve seulement une vingtaine en France contre une centaine dans les années 80. »

L’idée de faire des ateliers avec des scolaires ou des adultes est également à l’étude.

Pour les professionnels, cette collecte est un service payant. Payer pour recycler des déchets plutôt que les jeter simplement dans sa poubelle ? Oui, « mais ceux qui produisent plus de 10 tonnes de biodéchets par an ont déjà l’obligation légale de les valoriser, et pour les autres ce sera à partir de 2024 » rétorque Audrey (encore faut-il que la loi soit appliquée avec des contrôles). En quelques mois, le quatuor a déjà ramassé 2 tonnes de détritus. Et au-delà du cadre législatif, Les Vers de Tours veut surtout insuffler un esprit d’économie circulaire, encourager à la réduction du gaspillage, et au final, réduire le stock de déchets (les épluchures on peut aussi les réutiliser pour des recettes).

Olivier Collet

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