Si la météo ne fait pas de caprices, le millésime pourrait être « l’un des meilleurs du siècle » selon les vignerons. Reportage.
Ce jeudi, le Soleil arrose les vignes du chinonais de rayons doux et généreux. La lumière est parfaite pour les photos, la température idéale pour le raisin et l’ensemble rend le vigneron heureux alors qu’il s’apprête à éffeuiller ses cêpes pour donner aux grappes un accès direct à l’astre céleste.
Au domaine de Noiré, Jean-Max Manceau nous fait la visite guidée de la parcelle située juste en contrebas de sa cave : « cette année la vigne est super belle, il y a eu une bonne floraison, une bonne fécondation, du beau temps… » « On pourrait se retrouver avec des situations comparables à celles de 1989 ou de 2003 » ajoute l’homme à la tête d’un domaine bio de 15ha, principalement en rouge (plus un peu de blanc et de rosé). Les raisins qu’il nous présente sont encore petits mais déjà avec une jolie couleur et surtout en grand nombre de grains.
La quantité étant au rendez-vous, cela rassure tout le monde après la catastrophique année 2013 et la cuvée 2014, correcte mais sans euphorie. Et même si la scheresse pointe le bout de son nez dans certains secteurs de la Touraine comme à l’Est, ici on ne s’inquiète pas encore : « on a eu 50mm d’eau en juin, c’est bien » explique Jean-Max Manceau. Mais comme depuis le début juillet il n’y a pratiquement plus rien eu, un peu d’humidité serait tout de même bienvenu. En gros une fois à la fin juillet, et une autre fois fin août. Si un mois de septembre ensoleillé suit, les conditions idéales seront réunies pour un millésime mémorable, et c’est les professionnels qui le disent. Sinon, « un manque d’eau pourrait entraîner un stress de la vigne, ce qui n’est jamais bon. »
Des vins de Loire avec des notes du Sud de la France
Ce constat plutôt optimiste est partagé par un autre professionnel du secteur, situé à l’autre bout de l’appellation : Wilfrid Rousse, de Savigny-en-Veron. Lui aussi en bio depuis quelques années sur 20ha, il estime que la campagne de vendanges pourrait débuter aux alentours du 20 septembre (peut-être quelques jours avant pour les vignerons traditionnels ou si une autre canicule survient) : « on peut faire l’un des millésimes du siècle. Quand on arrive comme ça au 14 juillet sans problèmes (hiver sans gel, beau printemps…) c’est bon pour la vigne. Il faut maintenant que septembre soit beau. L’an dernier, malgré l’été très humide, le Soleil de septembre avait sauvé le millésime. »
Wilfrid Rousse fait aussi un constat surprenant : « on se retrouve avec des caractéristiques climatiques qui ressemblent à celles du Languedoc. » donc des vins de Loire aux notes de vins du sud de la France mais avec les caractéristiques spécifiques de notre sol, comme la roche (calcaire, futteau…). Plutôt de bonnes nouvelles donc qui pourraient notamment encourager les ventes à l’export. Les domaines que nous avons visité étant notamment tournés vers les Etats-Unis, Singapour voire la Russie.
Olivier COLLET
