Les scieries tirent la sonnette d’alarme sur toute une filière

13% de la production de chênes vient de la région Centre-Val de Loire.

Quatre des plus grosses scieries françaises étaient réunies ce lundi en Bourgogne afin d’exprimer aux parlementaires leurs très vives inquiétudes sur la question de l’approvisionnement en grumes de chêne.

La profession est face à une problématique historique ! De vraies inquiétudes et des emplois à la clé sont en jeu alors même que jamais le secteur ne s’est aussi bien porté de l’aveu même des patrons de scieries. Le secteur redécolle depuis quelques temps et tous ont oeuvré en organisant des synergies. Le Centre-Val de Loire représente 11% des sciages français, 13% pour les chênes. La grande question à laquelle doivent faire face les scieries, c’est celui de l’approvisionnement en bois. Un paradoxe absolu alors même que la France dispose d’une ressource très convoitée. Et c’est là le premier enjeu qu’ont soulevé les professionnels du secteur auprès d’Anne-Catherine Loisier, sénatrice de Côte d’Or, spécialiste des questions forestières et membre de la très influente commission des affaires économiques du Sénat.

L’interrogation légitime sur l’état de l’inventaire national

Si il y a bien une question qui est revenue sur toutes les langues, c’est bien celle de l’état de l’inventaire national des forêts françaises. « Où en est-on dans les stocks ? On nous annonce des strocks faramineux de Chêne mais la réalité semble être toute autre ! » s’interrogent les professionnels. Une question à laquelle Anne-Catherine Loisier a été sensibilisé. De là, à ouvrir une enquête menée par des parlementaires, la question a été clairement abordée. Une première étape qui devra déterminer le reste de la stratégie à adopter.

Le rouleau-compresseur Chinois

En dehors de la tempête de 1999 qui avait mis sur le marché un important stock en bois d’oeuvre, la baisse est continuelle depuis les années 70, entrainant la répercussions sur les sciages. Une situation qui aujourd’hui soulève un sérieux problème alors même que l’export tire vers le haut. Depuis 2010, le prix des grumes a grimpé de plus de 60 % alors que la mise en marché n’augmentait que de + 5 %. Parallèlement l’exportation des grumes est passée de 40 000 m3 en 2008 à plus de 350 000 m3 en 2015. « Le marché asiatique absorbe toutes les matières premières disponibles et le marché français n’échappe pas à la règle au point de totalement le destructurer avec d’évidentes conséquences en perspective », s’alarme Dominique Juillot, qui met en garde sur « les risques de voir disparaître tout un secteur économique alors même que la conjoncture dynamique autour des produits transformés est à la hausse ».

Quelles solutions mettre en place afin de préserver la ressource naturelle française à l’industrie française ?

Sans aller jusqu’à crier au protectionnisme, la filière bois appelle l’Etat à s’organiser et surtout suivre ses voisins Européens et Africains. « Plus de 180 pays ont mis un  terme au pillage organisé de la filière bois en mettant en place des dispositifs comme ceux en Croatie dernièrement, qui imposent des contraintes phyto-sanitaires. Tout le monde y passe et pourquoi la France resterait alors un marché totalement ouvert alors même que nos ressources en matière première ne sont pas nombreuses… excepté le bois ».

En 2015 sous l’impulsion du Ministre de l’agriculture Le Foll, des mesures saluées par toute la filière avaient été mises en place, avec notamment la mise en place du Label transformation UE ou encore la mise aux normes phytosanitaires des exports de grumes puis une contractualisation avec l’ONF à raison de 100 000 m3 de chêne de qualité secondaire (alors même que les quatre scieries présentes utilisent près de 120 000 m3). Des mesures dans le bon sens mais qui nécessitent aujourd’hui d’aller plus loin.

Pour autant la labellisation UE s’est retrouvée attaquée en justrice par le Syndicat de la filière Bois, un collectif regroupant une cinquantaine d’entreprises. Un litige qui se retrouve désormais devant le Conseil d’Etat et dont l’issue devrait être connue sous peu. Une décision qui sera à suivre de près avec de lourdes conséquences sur l’exploitation de nos forêts.

Laurent Guillaumé

    

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