Bateau Ivre : une proposition d’offre d’achat à 200 000€

Le collectif Ohé du Bateau salue « un enthousiasme unique » pour racheter la salle de concert tourangelle.

La souscription pour le rachat du Bateau Ivre de Tours est officiellement terminée depuis samedi soir, « mais tous les jours il y a des prises de parts sociales et des questions » se félicite Franck Mouget, l’un des porte-parole du collectif Ohé du Bateau qui espère rouvrir cette salle de concert de la Rue Edouard Vaillant fermée depuis 2009.La collecte de parts sociales à 100€ pièce reste donc ouverte (avis aux amateurs).

Faisons tout de même le bilan. En 7 semaines, l’agitation publique générée par les bénévoles a permis de rassembler 348 000€, soit plus que ce que la Fondation du Patrimoine a collecté à ce jour pour la rénovation de la Basilique St Martin de Tours (322 000€ selon le compteur officiel), c’est dire si l’engouement est important, « unique en France » se plaisent même à commenter les soutiens réunis ce lundi soir salle Thélème. Parmi ceux qui ont sorti leur chéquier : la région Centre-Val de Loire, la mairie de La Riche, Tous en Scène, les cinémas Studio, le label du groupe Tryo, Terres du Son, le Petit Faucheux, la Boîte à Livres, La Vaginale, Faut qu’on se Bourges… et même Kangouroute, l’auto-école qui occupe une partie du Bateau Ivre. On compte au final une centaine de personnes morales (associations, collectivités et entreprises).

Un bâtiment désafeccté avec beaucoup de travaux à mener

Bref : oui, il y a de l’argent pour des projets culturels audacieux. Oui, il y a des centaines de petites mains prêtes à (s’)investir pour faire vivre des lieux de création artistique. Mais les 1 200 donateurs qui se sont manifestés le savent : le chemin est encore long avant de « faire la fête » dans les murs du Bateau, et à l’heure actuelle rien ne dit que le projet ira à son terme.

Afin d’expliquer concrètement la situation à ses sociétaires avant de les appeler à définir le montant d’une proposition d’offre d’achat à faire à l’actuel propriétaire du bâtiment (la SEMIVIT), Ohé du Bateau a invité deux architectes qui connaissent parfaitement le dossier : Luc Baillet, spécialiste de l’amiante, et Nadia Samhi, pour tout ce qui touche aux questions d’accessibilité des lieux destinés à recevoir du public.

Leur analyse permet d’obtenir des informations importantes : le Bateau Ivre est aujourd’hui un bâtiment désaffecté avec lequel on ne peut rien faire en l’état, même pas le casser. Construit en 1962, il est bourré d’amiante (dans la toiture, les poteaux et les conduits) et il y a sans doute des travaux à faire dans la structure pour le remettre d’aplomb. Ajoutez à cela qu’avant de le rouvrir au public, il y a toute une remise aux normes à entreprendre avec des règles particulièrement strictes (handicap, isolation phonique, création d’un système de chauffage…). Résultat des courses : le désamiantage est estimé à 100 000€ (fourchette haute incluant un confinement des lieux pour éviter les poussières toxiques) et les travaux d’accessibilité sont évalués à 100 000€ également.

Bientôt des négociations sur le prix de la salle

Le problème, c’est qu’on ne connait pas l’état précis du Bateau Ivre, pour une raison simple : il n’y a pas de diagnostic d’amiante, document pourtant obligatoire lorsque l’on vend un bâtiment. Ca peut paraître un point négatif, mais pour Ohé du Bateau c’est plutôt un avantage car ça leur offre une marge de négociations avec la SEMIVIT. Idem pour l’absence d’état des lieux d’accessibilité. En revanche, il existe un diagnostic de structure (gardé secret pour le moment) Du coup, alors que les murs avaient été achetés pour 420 000€ en 2012, le collectif envisage de faire d’ici vendredi une proposition d’offre d’achat à 200 000€.

Après ça, ce sera probablement le début de négociations qui devraient durer deux mois, jusqu’à fin juin. Il est probable que la SEMIVIT n’acceptera pas de brader le Bateau Ivre (200 000€ c’est 50% de moins que le prix d’achat). Mais malgré le succès de la souscription, Ohé du Bateau n’est pas non plus prêt à monter trop haut, et se base notamment sur une estimation appuyée par le président de l’agglo Tour(s)Plus Philippe Briand, patron du groupe immobilier Citya : vu les prix du quartier, avec ses 450m², le Bateau Ivre vaut environ 270 000€. En clair, si la SEMIVIT refuse de vendre au collectif, trouvera-t-elle un promoteur prêt à acheter plus cher ? Sachant qu’il devra payer les travaux de désamiantage (100 000€), la démolition et le prix d’une construction. Pas facile à rentabiliser comme opération…

A l’heure qu’il est, on peut donc raisonnablement penser qu’Ohé du Bateau a l’avantage. Mais le collectif garde les pieds sur terre et avant de signer une offre d’achat, il compte faire une étude de faisabilité : « on ne veut pas prendre le risque de racheter le Bateau si on ne peut pas le faire voguer » insiste Franck Mouget. Estimée à 30 000€, elle permettra notamment d’avoir une idée précise du montant des travaux de rénovation, et donc de la somme à collecter pour financer à la fois l’achat et la remise en état.

Sauf que ces 30 000€, il va falloir les trouver parce qu’ils ne seront pas ponctionnés dans les 348 000€ de parts sociales : « on a plusieurs pistes » souffle Franck Mouget qui envisage par exemple de solliciter le Conseil Régional, « au lieu d’acheter 100 000€ de parts sociales, il pourrait n’en acheter que 70 000€ et financer l’étude ». Tout reste donc très ouvert et incertain mais les choses avancent avec optimisme. Car comme le répètent les principaux visages d’Ohé du Bateau : « on est 1 200, ça pèse. »

Olivier COLLET

Illustrations :
1 – Même Zlatan du PSG est (presque) prêt à soutenir le Bateau Ivre (montage).
2 – les architectes Luc Baillet et Nadia Samhi + Franck Mouget ce lundi soir.

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