Public renouvelé, créations audacieuses et festival de jeunes en avril : le futur Centre Dramatique National se remue.
Jacques Vincey parle beaucoup, au point qu’il a fallu l’interrompre pour rendre en temps et en heure la salle de restauration du Théâtre Olympia de Tours aux clients souhaitant y déjeuner. C’est que le directeur des lieux installé dans cette fonction depuis deux ans (sur un mandat de quatre) tenait absolument à faire son bilan, et qu’il en a vécu des expériences. « Je suis quelqu’un qui travaille mieux avec les autres que tout seul. J’ai l’impression de démultiplier ma sensibilité et mon intelligence » dit-il par exemple.
Outre son équipe, l’artiste s’entoure d’autres artistes pour imaginer de nouvelles formes de présentations dramatiques. Bérengère Vantusso et Mohamed El Khatib l’accompagneront ainsi dans les deux prochaines années, chacun avec sa singularité : « Je construis mon théâtre autour de relations entre les acteurs et les marionnettes » résumé Bérengère, « des marionnettes très réalistes mais jamais à la bonne taille. » Parmi les projets en cours de réalisation : un spectacle sur une école de garçons formant des domestiques qu’on verra cet été à Avignon et en ouverture de la prochaine saison à Tours.
Mohamed travaille lui sur des performances originales, issues de rencontres, comme celle d’une femme de ménage de Bourges et d’une danseuse qui font le point sur leurs compétences respectives ou encore une confrontation scénique entre une cinquantaine de supporters du club de foot de Lens, « le meilleur public de France », et les spectateurs de théâtre. « C’est un plaisir de travailler ici car la programmation est audacieuse, avec une vraie prise de risques. Ca donne à Tours une visibilité nationale et internationale. »
Puisqu’on parle de visibilité, ou de rayonnement (selon le vocabulaire que l’on souhaite employer), le Théâtre Olympia vient d’obtenir une sorte de promotion : « d’ici le début de la saison 2016-2017 nous devrions officiellement devenir un Centre Dramatique National » a confirmé Jacques Vincey. Bon, pour le public ça ne va pas être une révolution mais pour l’institution c’est une belle reconnaissance assortie d’un soutien financier accru de l’Etat sans que les autres collectivités locales ne renient leur participation au budget du site. « Ca va permettre une ouverture à de nouveaux artistes et de nouveaux publics. » La montée en puissance devrait se faire sur 3 ans.
Au printemps, le Théâtre Olympia va aussi avoir l’occasion de montrer ce qu’il sait faire grâce au WET°, le festival Week-end Théâtre Olympia qui mettra en avant la jeune création contemporaine du 1er au 3 avril avec les équipes du Jeune Théâtre en Région Centre-Val de Loire, un programme singulier qui fête ses dix ans d’existence. Parmi les troupes invitées, les Bordelais d’OSO, un collectif d’acteurs qui invite un metteur en scène différent pour chaque projet. Il y aura aussi des spectacles hors les murs et un partenariat avec les Studio ou le Temps Machine. Un peu avant, dès début février, Jacques Vincey présentera sa dernière création : La Dispute de Marivaux (du 2 au 12 février). Un moment à vivre également sur le chantier du Centre de Création Contemporaine le 30 mars et dans une nouvelle formule fin mai et début juin. Le public tourangeau n’a pas fini d’être transporté, mais c’est ce qu’il sembler apprécier.
Olivier COLLET
Pour tout savoir sur le festival WET° : https://gallery.mailchimp.com/35da5cbf58c3f8d675b87d6ce/files/Programmation_WET.pdf
