Mort et érotisme : quand l’art Tourangeau joue avec le tabou

Ce week-end, le quartier des artistes de Tours est en fête et parfois se lâche. Démonstration dans deux galeries qui ont attiré beaucoup de curieux ce vendredi : La Boîte Noire et Oz’Art.

Ce soir, la galerie Oz’Art de Joris au creux de la Rue des Bons Enfants de Tours porte vraiment bien son nom : son propriétaire ose y afficher des oeuvres sur le thème de la mort en pleine période des fêtes de fin d’année avec une exposition joliment intitulée « Death’Amber ». « J’ai voulu proposer quelque chose de très différent de ce que l’on a l’habitude de voir à Noël » explique-t-il, en faisant une moue contrariée quand on lui dit que ça aurait été un thème parfait pour Halloween. « C’est quand même de l’art doux, pas brutal, certaines oeuvres ont un côté presque enfantin. C’est grotesque mais grotesque ne veut pas dire que c’est ridicule ».

Alors que croise-t-on dans ce cabinet de curiosités (comme le terme « douceur », l’expression a été très employée par les trois artistes, Ludivine Beaulieu, Lus Dumont et T.Léo) : une sorte de squelette de chien avec un crâne humain fait de bois et de béton est posé dans un coin, d’immenses toiles d’araignées tombent des murs près d’un pendu tête à l’envers, il y a des bijoux avec des insectes, des dessins symbolisant la dissection animale… Le tout mis en musique par Padawin et un mix à la fois étrange, mortuaire et poétique.

« En italien, morbide signifie douceur » nous indique le surprenant maître des chiens, T.Léo. Histoire de déjouer nos questions sur son art squelétique. Ludivine Beaulieu aussi a travaillé avec les animaux pour cette performance artistique. Plus exactement avec les insectes, pour lesquels elle a pourtant une certaine aversion. « Je ne suis pas très à l’aise… Surtout s’ils sont vivants. Mais maintenant je sais où les trouver, notamment dans les lieux troglodytes. Je sais où ils vivent, je sais où ils meurent. Et je les récupère morts, je ne fais pas d’élevage ! » précise la jeune femme installée à Langeais où elle cherche « à réveiller la beauté de la mort » et définit plus son travail comme poétique qu’humoristique.

Lus Dumont a également en elle ce petit grain de folie qui fait qu’elle se sent à l’aise dans cet univers que certains pourraient trouver repoussant ou apocalyptique. « Aucun animal n’a été maltraité pour cette exposition ! » prévient-elle même si elle a tendance à montrer des scènes très explicites. « J’aime aborder des sujets violents en douceur. Travailler sur le duo répulsion-attraction, intriguer le spectateur. Et ça m’amuse de voir la réaction des gens ».

Rue du Grand Marché, la Boîte Noire provoque aussi mais dans un tout autre registre : le sexe. Là encore, la foule est au rendez-vous dès les premières minutes du vernissage afin de découvrir la sélection annuelle des petits formats érotiques d’Agathe Place. 13 artistes Tourangeaux d’univers très variés proposent des tableaux ou des sculptures plus ou moins explicites. Certains montrent les fesses, le sexe ou le téton, d’autres suggèrent par le trou d’une serrure, par le tout petit format répété à l’infini… Il y a de la couleur ou du noir et blanc, de l’acrobatie, du SM, des positions du kama sutra… Les oeuvres étant petites, il faut parfois s’approcher tout près pour en distinguer le sens et en humer l’essence, donc il faut vaincre sa timidité sans craindre le regard des autres.

« Je prends des risques » s’amuse Agathe en nous présentant son exposition, reconduite depûis 8 ans déjà. « L’érotisme est propre à chacun, les sensibilités sont différentes. J’espère en tout cas que cet aaccrochage sera vu comme élégant ». Gaspar Mineron, originaire de Lozère et à Tours depuis plus d’un an, fait partie de l’aventure avec des tableaux en noir et blanc, extrêmement fins, dessinés au cutter. « L’érotisme n’est pas ma spécialité mais ça m’intéresse. Ca dérange, c’est ambigu. Ici j’ai voulu jouer avec la lumière, d’habitude on utilise le noir pour faire l’ombre, là j’ai plutôt pris du blanc ». Résultat : ses chats et chiens dominateurs ou son dessin voyeuriste donnent l’impression d’être en 3D. On est au coeur de l’action, en quelque sorte.

Olivier COLLET.

Death’Amber, jusqu’au 24 janvier à la Galerie Oz’Art
Les Petits Formats Erotiques, jusqu’au 28 décembre à la Boîte Noire

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