Tram de Tours : ce que contiennent les études sur les arbres du Boulevard Béranger

Vendredi 18 février le maire de Tours a annoncé qu’il s’opposait désormais à la branche Ouest de la ligne B du tram de Tours, celle qui devait relier Jean Jaurès à La Riche via le Boulevard Béranger, les Casernes, le Jardin Botanique et le nouvel écoquartier larichois. A l’inverse de la branche Sud qui fait l’unanimité entre Verdun et Trousseau via les Fontaines et Grandmont, ce tronçon cristallise les oppositions depuis plus de 4 ans : l’ancien maire de Tours Christophe Bouchet qui le soutenait le trouve aujourd’hui non pertinent, tout comme des riverains, commerçants et représentants associatifs ou politiques.

Jugée tardive par certains, la déclaration du maire de Tours est néanmoins vécue comme un soulagement. Sauf pour le maire de La Riche qui défend encore le projet (certaines maisons de sa commune ont déjà été murées, en prévision de leur démolition pour laisser passer le tram).

Des racines peu profondes et très étendues

Mais avec le refus du maire de Tours, rendu public avec l’accord du président de l’agglomération (le seul habilité à engager les fonds financiers des travaux), difficile de croire que Wilfried Schwartz aura gain de cause. Argument avancé : le chantier risque de mettre à mal l’avenir des arbres de Béranger. Cela veut dire que creuser des tranchées, aménager des rails puis faire passer de lourdes rames pourrait entraîner la mort de platanes plus que centenaires. C’est ce que les opposants crient depuis des années, et Emmanuel Denis vient donc de les rejoindre.

Pour appuyer son argumentaire, l’élu écologiste se base sur la dernière expertise menée au pied des arbres du mail. Publié par le Syndicat des Mobilités de Touraine, la synthèse du document ne dit pas clairement qu’un tram condamne les arbres. Mais émet des hypothèses teintées de scepticisme…

Dans un premier temps, le spécialiste Laurent Herquin (Adret Environnement) a analysé le système racinaire des arbres du boulevard. Que ce soit côté Nord ou côté Sud. Pour cela il a fallu casser le goudron et creuser un peu afin d’observer l’organisation des platanes : à quelle profondeur se situent leurs racines et jusqu’où vont-elles. Une exploration qui a notamment permis de constater que les arbres côté sud se sont étendus puis au-delà des places de parking pour aller chercher une terre de meilleure qualité sous les voies réservées aux voitures :

« Bien qu’il s’agisse majoritairement de petites racines, le sous-sol de la chaussée apparait ici suffisamment attractif pour que les arbres aient cherché à étendre leurs systèmes racinaires dans cette direction malgré la minéralisation et l’épaisseur du corps de chaussée qui constituent a priori un environnement peu favorable à ces derniers. « …) Le sous-sol de la voie apparait majoritairement constitué d’une terre végétale apparaissant a priori de bonne qualité. Celle-ci est nettement supérieure aux sols hétérogènes et compacts à base de remblais rencontrés sur les zones de stationnements et l’esplanade centrale. Ces bonnes conditions (…) ont vraisemblablement favorisé le développement racinaire dans cette direction. »

Des propos qui accréditent la thèse selon laquelle placer une voie de tram de chaque côté du mail aurait forcément un impact sur les racines vu qu’elles s’étendent loin. D’autant plus qu’elles sont peu profondes : beaucoup à moins de 60cm de la surface et certaines jusqu’à 5m70 de la bordure du terre-plein central (toujours côté sud).

Conclusion de l’expert qui n’a pu examiner qu’un nombre réduit d’arbres :

« L’échantillonnage et les investigations étant nécessairement limitées, il nous est difficile d’en extrapoler les constats à l’ensemble de l’alignement interne sud. On peut cependant raisonnablement estimer qu’une partie des relevés dans la phase d’étude précédente, où des axes racinaires de grosses sections ont été mis en évidence sur la zone de stationnements, se prolonge manifestement sous la chaussée sud. »

En clair, les arbres se sont étendus au maximum pour avoir accès aux nutriments et à l’eau dont ils ont besoin. Ce que n’ont peut-être pas fait d’autres spécimens situés en bordure de tram à Tours-Nord et aux Deux-Lions, pouvant expliquer qu’ils résistent très bien à la présence des rails et à la suite des travaux. Béranger serait donc atypique, nécessitant une plus grande prudence avant d’envoyer des ouvriers.

Les élus auront le dernier mot

Ainsi, Adret Environnement indique qu’en cas de lésion ou de section des racines, probable lors d’un chantier d’ampleur comme la construction d’une ligne de tram, il y a un risque d’infection par des parasites ou champignons et un risque de dépérissement des platanes. Et ce des deux côtés, le bilan étant quasiment identique pour l’étude du côté nord (on retrouve pratiquement les mêmes mots dans le dossier).

Paraissant alarmant pour Emmanuel Denis, ce constat n’est cependant pas définitif pour Wilfried Schwartz qui a présenté deux scénarios de travaux qu’il juge compatibles avec le maintien de l’alignement d’arbres (deux voies côté nord ou une voie de chaque côté du mail avec un surélèvement de la plateforme). Ce sera au conseil métropolitain de trancher au final. Un débat est programmé lundi 28 février. Une enquête publique devrait suivre d’ici 2023 avant le démarrage effectif des travaux dans les mois suivants. L’inauguration – au moins partielle – du tram B reste programmée à l’horizon 2026.

Olivier Collet

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