L’un d’eux peut-il devenir député Front National d’Indre-et-Loire ?

Le parti de Marine Le Pen a présenté ses 5 candidats pour l’élection des 11 et 18 juin.

En dehors du meeting de Marine Le Pen à Châteauroux et d’une présence récurrente sur les marchés (ou à la sortie des entreprises), le Front National fait une campagne présidentielle assez discrète dans notre région, et notamment en Indre-et-Loire. Paradoxal, alors que la candidate frontiste est en tête des intentions de vote (des réunions publiques ça pourrait quand même être utile pour bien expliquer le programme et poser des questions, non ?). Cela dit, malgré cette stratégie, et à l’inverse d’autres mouvements comme En Marche, le parti n’a pas attendu la fin de la course à l’Elysée pour donner le coup d’envoi d’une autre quête électorale : celle destinée à faire élire des députés à l’Assemblée Nationale. De quoi s’offrir au passage un retour assuré sur la scène médiatique locale.

Devenu un parti qui compte incontestablement dans le paysage politique hexagonal même s’il a encore peu d’élus dans le département (2 à Tours, 1 à Joué-lès-Tours + 1 apparenté, 1 adjoint à La-Chapelle-sur-Loire, 0 conseiller départemental), il n’y avait pour lui pas d’autre issue possible que de présenter un candidat par circonscription tourangelle, soit 5 visages (3 femmes, 2 hommes, la parité est respectée).

Aucun n’est complètement inconnu : Véronique Péan (patronne départementale du parti et conseillère régionale) se présente sur la circonscription de Chinon et Joué-lès-Tours (où elle est conseillère municipale), ses collègues à la région Stanislas De la Ruffie et Daniel Fraczak sont respectivement en lice sur Amboise / Château-Renault et Bourgueil / Langeais / St-Cyr-sur-Loire. Eva Kukulski est investie sur Loches / St-Pierre-des-Corps / Chambray-lès-Tours et à Tours, c’est l’ancienne candidate aux départementales de 2015, Tourangelle mais assistante de direction sur Paris, Laurence Lecardonnel qui croisera le fer avec la longue liste de candidats déjà déclarés ou pressentis (une bonne grosse dizaine).

Forcément, on se demande si l’un d’eux peut décrocher un siège au Palais Bourbon, ce qui serait quand même une sacrée prouesse électorale dans un département qui penche à droite mais rechigne encore à pousser plus loin (à quelques exceptions près comme ces communes de l’ouest tourangeau où l’extrême droite a dépassé les 40% aux derniers scrutins). A Tours, une victoire parait hors de propos. Mais sur les autres territoires, en particulier le Lochois et le Chinonais, on ne peut pas tout à fait l’écarter, le Front pouvant tirer parti de la division de la droite sur Loches (Marc Angenault en dissidence face à Sophie Auconie) voire sur Chinon (Hervé Novelli ne sera pas forcément seul) et du brouhaha à gauche entre socialistes et macronistes… En cas de triangulaire au soir du premier tour du 11 juin, tout est possible.

Du coup, les partisans de Marine Le Pen axent plus que jamais leur communication électorale sur « la ruralité », là où ils ont déjà une bonne base de soutiens : « ma circonscription est assez rurale, elle n’a pas de lien étroit avec l’énorme ville métropole et ses satellites de l’agglo » commente par exemple d’emblée Stanislas De La Ruffie dans une « déclaration d’amour » à l’Amboisie.

Le patriotisme, c’est le sel du FN, et ça marche aussi à l’échelon local : « cette circonscription j’y suis né, j’ai été à l’école à Vernou-sur-Brenne, je vis encore sur ce territoire où je me sens profondément enraciné. Je veux être l’ambassadeur des personnes qui comme moi se lèvent tôt et rentrent tard le soir. Je veux représenter les artisans, les agriculteurs, les commerçants » énumère l’avocat qui affirme ne pas avoir besoin « d’être député pour exister. Je ne suis pas un professionnel de la politique, je me bat pour la majorité silencieuse. » Pas professionnel, mais pas novice non plus : celui qui « a voté Le Pen dès 1988 » était déjà candidat aux législatives en 2002… derrière Philippe De Villiers.

La ruralité, Eva Kukulski la met également en tête d’affiche : « ma circonscription est plutôt rurale même s’il y a St-Pierre-des-Corps et Chambray-lès-Tours… Elle se désertifie de plus en plus, manque de commerces, de services publics, de transports en commun… Il y a aussi de gros problèmes de réseaux… Du coup, certaines personnes viennent s’y installer mais restent à peine un an » explique cette mère de famille de 51 ans qui a travaillé auprès de personnes âgées puis dans l’industrie aéronautique avant de quitter son emploi il y a 3 ans. « Je ne me suis jamais affichée ouvertement vu les fonctions de mon mari » poursuit celle qui s’assume pleinement aujourd’hui, s’étant notamment présentée aux départementales il y a deux ans.

Jamais deux sans trois, Daniel Fraczak y a aussi été de son plaidoyer pour la ruralité : « ma circonscription est composée à 70% de rural. Elle souffre de fractures sociale et économique importantes qui n’ont cessé de s’aggraver depuis les mandats de Nicolas Sarkozy et François Hollande. Je me battrai pour la défense des territoires ruraux et périurbains face aux métropoles géantes que l’on veut nous imposer. Les gens n’ont plus de services sur place donc ils rejoignent ces métropoles. »

On l’a bien compris, l’ennemi du Front en Touraine c’est la nouvelle métropole de Tours, œuvre de l’alliance gauche-droite, d’une collaboration politique qui agace tant les partisans de Marine Le Pen : « mon action de députée se fera dans la continuité de mon action à Joué-lès-Tours ou à la région » explique Véronique Péan : « cette circonscription cristallise un certain nombre de problèmes qui se posent dans tout le pays avec un redécoupage du territoire à marche forcée, une désertification du sud qui se retrouve vidé de tous ses moyens… Le FN a lui toujours dit qu’il ne reconnaissait que trois échelons de gestion : la commune, le département et l’Etat. Les intercommunalités géantes ce ne sont que des dépenses supplémentaires. Par exemple la région ne sert à rien. » « On le voit bien avec le dossier la D943 : le département a les compétences mais pas l’argent pour la rénover, la région a l’argent mais pas la compétence » renchérissent Stanislas De La Ruffie et Eva Kukulski.

Olivier COLLET

Les piques à Philippe Briand et Laurent Baumel…

Deux députés d’Indre-et-Loire sortants en ont pris pour leur grade ce lundi lors de la présentation des candidats FN pour les législatives de juin en Touraine : Laurent Baumel, « on ne sait plus trop où il est… » ironise Véronique Péan qui se présente contre le socialiste sur le chinonais (faisant référence à son positionnement politique à gauche et à sa présence sur le terrain). Le manque d’investissement de Philippe Briand a par ailleurs été raillé longuement par Daniel Fraczak qui lorgne sur sa circonscription du Nord-Ouest tourangeau : « quand on voit son investissement, on peut se poser des questions. Notamment sur sa production : il est dans les 150 derniers de l’Assemblée Nationale en tout. En présence en séance, dans les commissions, les propositions de lois, les questions… Il n’y a rien ! » Hormis tout de même la métropole, mais vu l’avis du FN sur ce sujet, ça doit expliquer l’oubli de la mention.

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