Transports à Tours : veuillez patienter

Un deuxième tram en 2023, le dossier de la navette Tours / SPDC qui s’enlise et l’aéroport de Tours à réinventer : il y a des projets, mais ils vont être longs à sortir de terre. On vous explique en détails. (1/2)

Depuis le début de l’année et le départ de Jean-Gérard Paumier pour le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, c’est le maire de Joué-lès-Tours Frédéric Augis qui est chargé de piloter la politique des transports au sein de la communauté d’agglomération Tour(s)Plus. Un poste stratégique, mais aussi un portefeuille casse-gueule, parce qu’il touche directement la population et son quotidien : le bus, le tram, l’avion, les grands axes routiers, le vélo… Bref, il faut y démontrer son efficacité, son ambition, sa volonté d’action et, de préférence, des résultats.

Ca tombe bien, les sujets ne manquent pas. L’agglo a promis le lancement du chantier d’une seconde ligne de tram d’ici 2020, il faut en plus repenser le réseau de bus à l’horizon 2019 en profitant du nouvel appel d’offre qui devra être lancé en 2018 pour la gestion de Fil Bleu. Ajoutez à cela le dossier chaud de l’aéroport : l’entreprise qui le gère va changer de main d’ici quelques mois et il va devoir se réorganiser suite au départ de l’école de chasse pour Cognac en 2019 au plus tard. La liste n’est pas finie : quid de la liaison entre les gares de Tours et St-Pierre-des-Corps ? Du projet de téléphérique ? De la Maison du Vélo ? Il est grand temps de faire le point avec Frédéric Augis même si il a du mal à nous dire vraiment dans quelle direction va l’exécutif communautaire…

Deuxième ligne de tram : « la mise en service ne se fera pas avant 2023 » prévient d’emblée le vice-président de Tour(s)Plus en charge des transports. Soit dix ans après la mise en route de l’actuelle ligne A. « On est en train de faire un diagnostic qui sera rendu en octobre. De là nous pourrons proposer une seconde ligne de transport en site propre. Je pense que ce sera un tram. A partir de 2017 vont commencer 3 ans d’études et d’achats fonciers puis il y aura 3 ans de construction, s’il n’y a pas d’ennuis d’ici là. C’est le temps de la maturation. »

Bon, mais alors, il va passer où ce tram ? « Je peux comprendre mes collègues qui souhaitent une ligne… » déclare Frédéric Augis. En effet ils sont nombreux : St-Pierre-des-Corps (pour la gare TGV et la Rabaterie), La Riche (pour une liaison qui passerait aussi par l’hôpital Bretonneau) et Chambray-lès-Tours (pour l’hôpital Trousseau, notamment). Tous n’auront pas gain de cause, c’est très clair : « on regarde l’ensemble des flux avant d’évoquer le tracé. Desservir les hôpitaux, l’Université, les quartiers prioritaires… Oui, on parle de tout ça. Mais le succès d’une ligne, c’est aussi de pouvoir se déplacer rapidement d’un point A à un point B. Il faut une ligne attrayante du point de vue de son parcours. S’il y a 16 millions de voyages par an sur le tramway actuel, c’est parce que Joué-lès-Tours est à moins de 20 minutes de Tours. »

Jusqu’ici, deux options sont envisagées : une deuxième ligne complète qui pourrait desservir Bretonneau, les Tanneurs et descendre vers le sud (le CHU Trousseau) ou alors une « demi-ligne » qui partirait du Carrefour de Verdun vers le Lycée Grandmont et Chambray. Frédéric Augis : « Je vais faire des propositions puis ce sera au président Philippe Briand de décider. Après le diagnostic, on verra combien ça coûte et comment le financer. » Ah bah oui, les sous. On a eu le débat au printemps. La Chambre Régionale des Comptes a critiqué le montant de la première ligne et fait part de son scepticisme pour la construction d’une deuxième. Oups.

L’élu balaie tout ça d’un revers de main : « cette analyse dépassait sa compétence. Quand la Chambre Régionale des Comptes se permet de faire des commentaires je respecte ses analyses mais je n’ai pas les mêmes conclusions. C’est dur par rapport à la réalité. La première ligne a coûté cher parce que le centre de maintenance est déjà dimensionné pour deux lignes. C’est une dépense qui n’aura pas lieu demain. Lorsque l’on a décidé d’enfouir les réseaux sur la ville c’était 40 millions supplémentaires. Surtout, on a su réussir l’incrustation du tram dans l’urbain. Chaque arrêt a été soigné. Ca a eu un coût, c’est aussi ce qui fait son succès. »

S’il affirme donc que certaines dépenses qui ont alourdi la facture pour la ligne A ne seront pas reproduites d’ici 2023, Frédéric Augis ne tient pas pour autant à un tram low cost : « on ne fera pas quelque chose en-dessous de ce qui a été fait pour la première ligne. » Juste pour info, en 2014, Besançon a inauguré « le tramway le moins cher de France » à 254 millions d’euros soit 17 millions du kilomètre pour une ligne qui a la même taille que la nôtre et donc avec 200 millions de moins. A ce prix là, une branche Verdun-Trousseau (5km) ce serait tout de même 85 millions. Mais on a donc déjà compris que ce serait plus cher.

Le bus : On l’a dit plus haut, en 2019, il y aura un nouveau contrat pour exploiter le réseau Fil Bleu. Soit Keolis garde la gestion, soit une autre entreprise prend sa suite. Dans tous les cas, les règles du jeu auront changé avec de nouveaux objectifs. « En ce moment je rencontre l’ensemble des communes pour voir quels sont les avantages et inconvénients du réseau actuel. Globalement ils sont satisfaits mais ce qui m’intéresse ce sont les prospectives. Quand je vois qu’un certain nombre d’équipements sortent de terre mais qu’on a pas pensé qu’il y aurait des habitants donc qu’il faudrait des transports je m’interroge. Il faut anticiper les besoins urbanistiques » nous explique Frédéric Augis. Et il y a du boulot : en dehors du tram, les Deux-Lions de Tours sont peu desservis. Ma Petite Madelaine qui a ouvert à Chambray ne voit pas de bus passer à moins de dix minutes à pied. Dans la même commune, il faudra aussi un bus pour le futur écoquartier. Etc… On est quand même obligé de souligner que chez nos voisins d’Orléans ils ont anticipé les choses : dès l’inauguration du nouvel hôpital, bus et tram étaient au rendez-vous. Et il y a quelques jours, une ligne de bus a été prolongée pour s’arrêter au nouveau magasin Ikea. Un nouveau quartier bientôt (Interives) ? Il sera illico relié à la gare et au tram par un téléphérique.

A Tours, il faudra donc attendre 2019. En cette rentrée, il y a quand même eu de petites modifications : plus de bus sur les lignes 2 et 3, plus de tram le samedi après-midi. Il faut être bien clair : tout ça ce sont des décisions politiques. Ce n’est pas l’entreprise Fil Bleu qui décide de tout, et surtout pas elle qui paie. Comme de son côté Tour(s)Plus n’a pas augmenté sa dotation financière à Keolis pour obtenir ces changements, s’il y a plus de bus et de trams sur les lignes fortes, c’est qu’il y a moins de bus sur des lignes moins fréquentées du réseau. Ca parait logique après coup, mais c’est quand même bien de l’écrire quelque part. Il y a là une question de priorités.

C’est aussi pour ça que les bus de nuit ne sont pas prolongés au-delà de minuit : ça coûterait trop cher dans l’immédiat et il faudrait rogner ailleurs. Donc pour satisfaire les fêtards et les travailleurs nocturnes, on risquerait de mécontenter les salariés qui embauchent et débauchent à des horaires « classiques » ou les habitants de secteurs déjà moins bien desservis. Cela pourrait tout de même changer en 2019 d’autant que Frédéric Augis semble avoir pris conscience du problème en faisant rallonger le service du tram pour la Fête de la Musique ou en reconduisant sa circulation toute la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Reste maintenant à régler d’autres problèmes comme la desserte de l’Espace Malraux totalement inaccessible aux heures de spectacles. Idem pour L’Escale à St-Cyr-sur-Loire. Ne pourrait-on pas imaginer un système de navettes électriques ponctuelles les soirs de manifestations pour rejoindre le centre de Tours ? Ca se fait bien pour les matchs de foot, après tout.

Le dernier point important, c’est le renouvellement des bus. « On commencera en 2020, on va voir comment on va faire, on est en train de visiter d’autres réseaux. Nous devons bientôt aller au Mans pour voir leurs bus au gaz » détaille Frédéric Augis. Car aujourd’hui le parc tourangeau qui compte 163 véhicules fonctionne au tout diesel, à l’exception de la ligne Citadine qui est électrique. Même les nouveaux bus de marque Scania arrivés cet été sont au diesel, ils sont néanmoins garantis moins polluants (cette marque faisant partie du groupe Volkswagen, Tour(s)Plus avait un temps envisagé de faire analyser les moteurs de ces bus pour voir s’ils étaient truqués. Mais devant la complexité et le coût de la démarche elle y a renoncé). Donc pour l’avenir, on fait quoi ? Diesel, gaz, électrique ? « On verra en fonction des avantages et inconvénients » consent seulement l’élu qui ne veut fermer aucune porte ni donner sa préférence. On notera en tout cas, qu’il s’agira là d’un nouvel investissement important de Tour(s)Plus à financer en même temps que le chantier de la deuxième ligne de tram. 15 bus classiques, c’est 3,3 millions d’euros.

Olivier COLLET

De nouvelles lignes à l’aéroport de Tours ? Un téléphérique entre Tours et St-Pierre-des-Corps ? Cliquez ici pour lire la seconde partie de notre mise au point.

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