Urgences de Trousseau : jusqu’à 17h d’attente, la grève continue

Les équipes demandent des renforts, en priorité « pour le confort des patients ».

« Les gens que l’on croise sont globalements sensibles à nos revendications. Ils peuvent à tout moment avoir besoin des urgences » : à l’image de Sabrina, un mois après le début du mouvement aux urgences du CHU Trousseau, une petite vingtaine de membres de son personnel ont passé l’après-midi de lundi dans les rues de Tours. De la gare à la Rue Nationale, ils sont allés à la rencontre des passants afin de faire signer une pétition de soutien qui a déjà recueilli plus de 1100 signatures avant cette opération.

Employée du CHU depuis septembre 2008, femme passionnée par son boulot, Sabrina n’est pas syndiquée. Mais comme jusqu’à 90% de ses collègues en équipe de nuit elle adhère aux revendications portées par la CGT, FO et Sud, en l’occurence la demande de personnel supplémentaire pour le service et la refonte de la réorganisation qui y a été engagée. « On a vu des patients attendre jusqu’à 13h avant de pouvoir être accueillis dans un box. Puis attendre encore 3-4h avant de voir un médecin » raconte l’infirmière, affirmant être impuissante face à des situations problématiques : « en moyenne, il faut compter 6h d’attente en ce moment. Pendant ce temps-là, on ne peut même pas soulager la douleur, tout juste donner du doliprane. On a rien le droit de faire d’autre sans prescription médicale. »

Selon elle, la direction de l’hôpital a une vision trop mathématique du service, ce qui entraîne sa position butée d’aujourd’hui « elle regarde seulement le nombre d’entrées aux urgences, pas le détail des profils. Or il y a de plus en plus de personnes âgées, qui ne peuvent pas toujours se déplacer seules, aller aux toilettes… On prend plus de temps à s’occuper d’elles que de jeunes patients ». Globalement, elle estime que l’établissement ne prend pas assez en compte les problématiques liées au 3ème âge et qu’il se trompe aussi à moitié quand il veut favoriser la chirurgie en ambulatoire (une opération dans la journée, sans nuit au CHU) : « c’est bien, ça permet de faire des économies, mais ça ne convient pas à tous. »


Claire Delort, CGT

Si l’équipe des urgences de nuit a été renforcée de 3 postes suite aux négociations intervenues au début de la grève, les urgentistes demandent toujours son maintien après le mois d’avril : « la direction nous dit que ces renforts sont là à cause de la grippe. Mais quand ils sont arrivés, l’épidémie n’avait pas encore atteint le pic d’aujourd’hui et les urgences n’étaient pas aussi saturées » argue encore Sabrina qui se souvient : « quand je suis arrivée en 2008, c’était déjà après une grève aux urgences. A ce moment-là, la nuit, on avait toujours un creux entre 2h et 5h, ce qui nous permettait de traiter plus tranquillement tous les patients. Aujourd’hui nous sommes tout le temps occupés. Il y a en moyenne 30 personnes en salle d’attente, on ne peut pas surveiller tout le monde ! Un jour, il y aura un drame, des morts… ». .

Ce mardi à 16h, l’intersyndicale doit rencotrer le maire de Tours Serge Babary – également président du conseil de surveillance de l’hôpital. « Lui peut décider, son rôle c’est l’équivalent de celui du président du conseil d’administration de la plus grande entreprise de l’agglo » explique Claire Delort, de la CGT à Trousseau. Autre oreille que les urgentistes tenteront de convaincre : celle de l’Agence Régionale de Santé, à Orléans; Ils y seront reçus lundi prochain. Pendant ce temps, la grève continue et les patients patientent.

Olivier COLLET

Précision : Une grève aux urgences, ce n’est pas tout à fait un mouvement comme les autres. Comme l’explique Sabrina, mobilisée depuis un mois, elle n’a pour autant perdu aucun jour de salaire. Travaillant de nuit, et systématiquement réquisitionnée, elle conserve du coup sa rémunération à 100%. En revanche, certains de ses collègues de l’équipe de jour, grévistes mais non réquisitionnés, ont vu leur fiche de paie diminuer; Voilà aussi qui explique – en partie – pourquoi le mouvement dure si longtemps alors même que les négociations s’enlisent.

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