Village des Marques à Sorigny : le projet enterré ?

La Commission Nationale d’Aménagement Commercial a refusé sa construction ce jeudi.

5 mois après sa révélation dans la presse, le projet de Village des Marques de Sorigny a été refusé par la Commission Nationale d’Aménagement Commercial lors d’une réunion organisée ce jeudi à Paris. Un camouflet pour le promoteur et les élus locaux favorables au projet, une victoire pour le maire de Tours et les écologistes.

Au moins 120 boutiques, la promesse de créer 600 emplois, jusqu’à 2 millions de visiteurs annoncés, 76 millions d’euros de chiffre d’affaire plausibles par an, la possibilité de faire venir de nouveaux touristes en Touraine… Les arguments avancés en faveur du Village des Marques ont alléché une partie du milieu économique tourangeau, et la promesse de pouvoir acheter des vêtements ou des produits d’équipement de la maison à prix cassés a séduit nombre de consommatrices et consommateurs toujours avides de plus de bons plans shopping. Pourtant, le projet a été retoqué ce jeudi par la CNAC qui s’est réunie dans la capitale, saisie par le promoteur après le refus de son chantier par la Commission Départementale d’Aménagement Commercial qui avait étudié le dossier à Tours cet été.

Ce Non n’est pas un refus philosophique du concept de Village des Marques, et c’est important de le souligner. Les membres de la CNAC ont considéré que le site Isoparc de Sorigny n’était pas prévu pour ce type de centre commercial, et qu’on y attendait plutôt des projets industriels. Elle va en tout cas dans le sens de Tours Métropole qui avait voté contre le concept, mais désavoue le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire et la Communauté de Communes de Sorigny qui le soutenaient.

« C’est une décision sage » réagissait l’écologiste Christophe Dupin ce jeudi soir auprès de nous. Bien que les mobilisation de commerçants et de défenseurs de l’environnement n’aient pas beaucoup mobilisé (une centaine de personnes à Tours et Châtellerault), EELV se félicite de la décision : « il faut souhaiter que que cela marque un arrêt de ce genre de projets de méga centres commerciaux au niveau national, un combat sociétale que nous porterons contre la surconsommation » poursuit l’ancien candidat aux législatives.

Opposant depuis le 1er jour, et joint par nos soins jeudi soir, le maire de Tours Christophe Bouchet, présent devant la CNAC, a également fait part de sa satisfaction : « on a une planète en danger, on essaie de diminuer la pression automobile et on aurait voulu créer un lieu d’attractivité populaire à 17km d’un centre-ville et obliger les gens à prendre leur véhicule ? C’est un contretemps politique majeur. Faire un tel projet en 2018 avec un seul accès routier c’est une aberration. »

Alors que les soutiens du Village des Marques, le vice-président de Tours Métropole en charge de l’économie Thibault Coulon en tête, mettent en avant les possibilités de créations d’emplois induites par le projet, Christophe Bouchet désavoue clairement la philosophie de l’élu de sa majorité : « c’est des mensonges, du blabla. On calcule la création brute d’emploi mais quelle aurait été la création nette ? La CCI de Troyes qui a annoncé les 600 emplois a fait une étude biaisée (le premier grand Village des Marques français est à Troyes, ndlr). On est loin de 600 à mon avis et combien cela en aurait détruit en Touraine et dans les départements voisins, on ne sait pas » argumente le maire de Tours.

Plus que l’installation même d’un Village des Marques à laquelle il ne se dit pas totalement réfractaire pour peu qu’elle soit bien pensée et préparée en amont, c’est la méthode autour du projet de Sorigny qui a déplu à Christophe Bouchet : « la révélation par la presse… Les phrases malencontreuses des uns ou des autres… Ne pas écouter quand on dit qu’il faudrait un dialogue plus respecteux… Tactiquement ce n’était pas opportun. La Métropole va continuer à accompagner le développement d’Isoparc, notamment via l’hydrogène. Donc n’opposons pas les territoires. Si je me suis engagé sur ce sujet c’est pour défendre un moteur de l’emploi avéré. »

Ce jeudi, le maire de Tours était le seul élu local à venir exposer ses arguments contre le Loire Valley Market à Paris (il y avait aussi un député de la Vienne et un représentant des commerçants dans son camp). Les autres ayant fait le déplacement étaient pour, comme Philippe Chalumeau, député de la ville de Tours, ou l’ancien ministre et maire de Richelieu Hervé Novelli : « j’étais un peu seul contre tous » lâche Christophe Bouchet, évoquant l’arrivée, un peu par surprise, de soutiens « dans la dernière semaine » (dont la députée du Lochois Sophie Auconie… le jour du vote).

Sollicités, Philippe Chalumeau, Sophie Auconie et le maire de Sorigny Alain Esnault ne nous ont pas répondu jeudi soir.

Olivier Collet

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