Nouveaux logements à Tours : la ville fixe ses règles

Le maire a donné le cap face aux promoteurs en présentant sa charte de la qualité urbaine.

Même si elle n’a aucune valeur juridique et qu’elle n’empêchera pas la ville de Tours de travailler avec des entreprises qui n’y adhèrent pas, la charte de la qualité urbaine met les choses noir sur blanc : la nouvelle municipalité en place à Tours depuis 2014 veut maîtriser de bout en bout le processus de construction de logements sur ses terres. En clair, comme l’a encore souligné Serge Babary ce mardi empruntant l’expression à Jack Lang qui citait lui même un auteur d’origine russe : fini les cubes beiges.

« la mutation rapide de certaines zones a parfois été vécue comme un traumatisme »

Devant un parterre de promoteurs immobiliers, professionnels du bâtiment, architectes et bailleurs sociaux réunis au Gallion des Deux-Liosn, au pied du chantier de la nouvelle Tour Lumière super haute et toute ronde, le maire et son adjointe chargée du patrimoine Françoise Amiot ont détaillé – pendant une heure – ce qu’était leur vision de l’urbanisme. Bon, il y en a qui ont dû sentir leurs oreilles siffler dans l’opposition et l’ancienne équipe… « Depuis l’élaboration du dernier Plan Local d’Urbanisme en 2011, 1 000 nouveaux logements ont été construits chaque année jusqu’en 2014 » a souligné Serge Babary, soit deux fois plus que sur la période 2004-2009. « Cela a permis une densification urbaine de certains quartiers ou cela semblait utile, notamment autour du tram. Mais la mutation rapide de certaines zones a parfois été vécue comme un traumatisme par les habitants » poursuit l’élu citant l’exemple des habitants des hameaux près de Monconseil, mécontents de voir pousser les immmeubles.

La nouvelle municipalité pointe un autre problème (un rappel, car elle s’est déjà plusieurs fois étendue sur la question) : « il y a une offre de logements neufs mono orientée sur les T2 et les T3 qui ne correspond pas aux familles avec enfants. Donc la population de Tours baisse. Il faut travailler à sa diversification, dans l’intérêt de la profession » a souligné Serge Babary soutenu par Françoise Amiot qui comprend les réticences des promoteurs à ne pas construire de F4 ou F5 bien trop chers à l’achat : « il faut réfléchir à proposer des logements plus grands, pas trop onéreux. » Pour cela, la ville va mettre en place des ateliers d’avants projets afin d’étudier en amont les éventuelles constructions et adapter l’offre à la demande, le tout avec la possibilité de faire évoluer les bâtiments dans le temps. 8 projets devraient suivre un tel chemin dès novembre, sachant, et la ville tient à le rappeler, que des permis de construire continuent à être signés en nombre ces derniers mois.

Aux Deux-Lions : 4 000 habitants, 0 école

L’autre gros chantier c’est la dynamisation des nouveaux quartiers qui ressemblent pour l’instant à des dortoirs sans âme, où la vie n’est rythmée que par les allées et venues du tramway. « Ici aux Deux-Lions on a 4 000 habitants mais pas d’école, pas de commerces de proximité. Et les infrastructures routières ne sont pas adaptées » tonne Serge Babary, agacé par les bouchons sur le Pont St Sauveur. « Il faut un urbanisme de projets, un bâtiment réussi, c’est un bâtiment bien placé » complète Françoise Amiot. Et s’il peut être beau, c’est encore mieux… : « j’ai fait la guerre aux cubes beiges. J’ai eu raison, ça a marqué tout le monde » nargue Serge Babary qui définit sa vision du Tours du XXième siècle : « l’architecture de notre ville est reconnue et fait partie de son attractivité. Il ne faut pas faire un pastiche du XIXème siècle ou de l’époque médiévale, ce serait débile, mais concevoir des constructions ou vous aimeriez habiter. Posez-vous toujours cette question. C’est ce que je vous demande. »

Pour assurer le service après vente de ses exigences (qu’on peut comprendre pour éviter un grand n’importe quoi même si la méthode fera sans doute débat), la ville de Tours va mettre en place une évaluation annuelle du dispositif, et promouvoir le dialogue pour éviter des procédures administratives longues qui semblent avoir agacé certains professionnels… Une politique dont on ne pourra faire le vrai bilan que dans cinq voire dix ans.

Olivier COLLET

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