Le futur CCCOD de Tours espère 100 000 visiteurs par an, est-ce possible ?

La première pierre de ce grand chantier tourangeau a été posée ce vendredi matin.

Près de 150 casques avec le logo du Centre de Création Contemporaine Olivier Debré avaient été spécialement commandés pour l’occasion. Ce vendredi, le chantier du futur haut lieu de l’art contemporain de Tours ouvrait ses portes aux politiques puis au public pour faire découvrir ce qu’il se passe derrière les palissades installées depuis de longs mois maintenant. Ce fut aussi l’occasion de poser officiellement la première pierre du chantier, cérémonie symbolique organisée donc bien après le début du chantier… Et manifestement c’était le lieu où il fallait être. Le jeu étant plutôt de tenter de deviner qui n’était pas dans la foule, parmi les élus locaux notamment. Car ce qui caractérise ce projet à 15 millions d’euros c’est que de la ville de Tours à l’Union Européenne, tout le monde le finance (agglo, département, région et Etat).

« Le CCCOD doit être incontournable »

Porté par Patrice Debré, fils du peintre tourangeau Olivier Debré, ce dossier de l’ouverture d’un nouveau lieu dédié à l’art contemporain à Tours (en remplacement de l’actuel, situé près de la gare) est donc monumental. Rappelons que l’idée c’est de se servir de la nef de l’ancienne école des Beaux-Arts et de construire autour un grand bâtiment de deux étages qui abritera non seulement des salles d’exposition (ne dîtes pas musée !), un café, une librairie, des salles d’études, de quoi recevoir des événements d’entreprises… Le tout avec un espace public gratuit qui permettra à chacun de venir contempler notamment les oeuvres phares qui seront exposées dans la Nef et ce 24h/24 (on nous promet aussi un éclairage assez spectaculaire du site).

L’enjeu est donc grand et pour rentabiliser l’investissement, il va falloir frapper fort. D’ailleurs personne n’a dit le contraire : « Cet établissement doit être incontournable et réunir tous les publics. Il doit aussi s’ouvrir à l’expérimentation » a souligné Patrice Debré. Serge Babary, maire de Tours, a insisté sur la dimension internationale du CCCOD. Philippe Briand, pour l’agglo, évoque « un lieu de vie », où « on ne fait pas que passer mais où l’on reste. » Il veut aussi croire que c’est une première pierre de la grande conquête de la Touraine. Le président de son Conseil Départemental Jean-Yves Couteau y voit lui une opportunité de faire éclore de nouveaux talents et espère y associer l’Hôtel Gouin en transformant ce lieu historique devenu salle d’enchères en site « pour ceux qui ne sont pas encore Olivier Debré. » Quant à François Bonneau pour la région il espère que cette « expérience contemporaine va permettre de fédérer le tourisme. »

100 000 visiteurs par an, autant que le Château de Langeais

Bref, le CCCOD n’a pas le droit à l’erreur tant on semble compter sur lui pour faire venir Français et étrangers sur les bords de Loire dès l’automne 2016 (et dans les hôtels Hilton juste à côté fin 2018…). Ainsi les objectifs ont été répétés à plusieurs reprises : 100 000 visiteurs par an. Ce qui ferait tout de suite du Centre un des fleurons de la Touraine. Par exemple, en 2013, le Musée des Beaux-Arts de Tours n’a accueilli « que » 54 000 visiteurs selon le Comité Régional du Tourisme, 43 000 au Musée du Compagnonnage. Le Château de Tours, gratuit, affiche lui 73 000 entrées. En fait, 100 000 visiteurs, ça représente pratiquement la fréquentation du Château de Langeais (99 000 entrées en 2013) quand la Forteresse de Chinon en a vu passer 130 000 et le Château d’Azay-le-Rideau 269 000. C’est aussi 10% des entrées du Zoo de Beauval, 1/6ème de la fréquentation estivale 2015 du Futuroscope, le public venu voir le nouveau Musée des Confluences de Lyon le mois de son ouverture fin 2014…

Ces chiffres sont parlants. Pour atteindre ses objectifs, et comme il en a l’intention, le CCCOD va devoir marquer les esprits, faire venir des artistes dont le travail pourra lui donner l’écho qui’il recherche et, on lui souhaite, qu’il méritera. Ca passera sans doute par une large campagne de communication qui a déjà commencé à l’échelon local avec cette visite de chantier monumentale (d’ailleurs enrichie de trois oeuvres – un plot, deux bottes et deux barrières signés Lilian Bourgeat) mais qui va encore devoir monter d’un cran. Car la concurrence est rude dans ce domaine et l’effet boumerang peut être dévastateur : à Metz, dans la division d’au dessus si l’on peut dire, l’annexe du Centre Pompidou qui avait bénéficié d’un énorme retentissement médiatique à son ouverture il y a 4 ans a totalisé 335 000 entrées en 2014. C’était 800 000 pour l’exposition inaugurale, donc presque -60%. Même ses subventions ont fondu comme le raconte Le Monde. Une mésaventure à surveiller de près pour en tirer les leçons.

Olivier COLLET

Le CCCOD se visite ce vendredi jusqu’à 20h gratuitement, un accès visuel au chantier sera aussi aménagé ce samedi et ce dimanche, notamment pour admirer les trois oeuvres de la nef.

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