Teknival : la grande peur dans le Nord-Touraine

Du côté de Château-la-Vallière, on se préparait ce vendredi à la venue de milliers de teknivaliers.

Un an après le Teknival de Pernay qui avait rassemblé près de 60 000 personnes venues faire la fête pour la traditionnelle « rave party » du 1er mai, ce vendredi une partie de la Touraine a vécu dans l’attente de voir débarquer de nouveau le Teknival sur ses terres.

Depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, les rumeurs allaient bon train sur un retour de l’une des plus grandes free-party d’Europe dans les habituelles terres calmes de Touraine. Il faut dire que les organisateurs du Teknival avaient fait de l’Indre-et-Loire un lieu de choix, en tentant même d’y rendre légal ce Teknival, 25e du nom. Pour cela, les Teknivaliers ont négocié avec les autorités, Préfecture en tête, pour trouver un accord sur une tenue au camp du Ruchard, à Avon-les-Roches. Des négociations qui n’auront finalement pas abouti, butant entre autres sur le caractère militaire toujours utilisé du lieu souhaité, mais aussi sur le volet répression qui entoure les rave-party en France, avec en fil rouge l’amendement Mariani de 2001 qui permet notamment la saisie du matériel et des fameux camions sound-system.

Et si l’on savait depuis plusieurs semaines qu’il n’y aurait pas de rassemblement légal, le Teknival n’était pas pour autant enterré. Depuis l’annonce de la non-légalisation par le collectif Freeform chargé de négocier avec les autorités (dont les membres avaient par la suite annoncé leur non-venue sur le Teknival 2018 afin de ne pas être jugés responsables de sa tenue), le doute subsistait tout de même sur une déférlante massive de dizaines de milliers de teufeurs en Touraine. Un Teknival annoncé comme exceptionnel, 25e édition oblige, avec une foule estimée potentiellement à 90 000 personnes. De quoi faire rêver n’importe quel amoureux des grosses fêtes musicales, mais aussi alarmer une partie de la population.

A Villiers le Bouin, les agriculteurs bloquent les routes

Si l’effet de surprise eut lieu l’an passé, cette année en Touraine, tous les signaux de vigilance étaient cette fois activés. Dans la semaine, la Préfecture a pris ainsi un arrêté interdisant la circulation de camions sonos, tandis que dès le vendredi matin, de nombreuses patrouilles de gendarmerie se dispersaient dans le département et notamment en son nord où les rumeurs annonçaient la potentielle tenue du Teknival. Parmi les lieux ciblés, la carrière de la cimenterie Calcia, située sur la commune de Villiers-au-Bouin, près de Chateau La Vallière.

Dans la semaine la petite commune se préparait ainsi avec inquiétude à une potentielle venue du Teknival sur son terrain. Ce vendredi, alors que la gendarmerie quadrillait les accès et notamment les ronds-points, les agriculteurs sont venus en renfort, bloquant avec leurs tracteurs les intersections des principales routes menant au lieu suspecté d’accueillir le rassemblement. Toute la journée, ils sont plusieurs à s’être relayés ainsi, vérifiant les véhicules qui passaient et surveillant le moindre camion de passage, non sans une certaine paranoïa qui s’installait avec. « Le but est d’empêcher toute installation » expliquait ainsi un agriculteur devant un de ces barrages filtrants. « Une petite commune comme la nôtre n’a pas les moyens de réagir, c’est à nous habitants de protéger nos terres » poursuivait-il.

La peur de ces agriculteurs : voir arriver des dizaines de milliers de fêtards pendant plusieurs jours avec le risque de voir leurs terres détériorées après le passage de la fête. « On sait qu’un Teknival ça ne laisse pas le terrain comme avant qu’il s’installe et je ne parle pas du bruit pendant l’événement. A côté de la carrière, il y a des terres avec des animaux, vous pensez qu’ils ne vont pas en souffrir ? » témoigne ainsi un autre habitant de Villiers au Bouin. Des habitants qui n’hésitaient pas par la même occasion à donner des renseignements aux gendarmes sur tel ou tel véhicule suspect aperçu.

Pour Martine Naveau, la maire de Villiers au Bouin, « Il y a une véritable inquiétude des habitants et des agriculteurs qui essayent de garder leur patrimoine propre. Depuis mardi on est en contact avec la gendarmerie pour essayer d’anticiper au mieux ». Une maire qui expliquait avoir eu son collègue de Pernay qui avait accueilli malgré lui le Teknival 2017. « Son conseil était de bloquer les accès au mieux en amont pour empêcher une installation, c’est ce que nous faisons ». Et Martine Naveau de dresser un constat implacable : « On sait que quoi qu’on fasse ils réussiront à s’installer quelque part, je pense que cela serait mieux si on leur accordait un terrain et encadrait la manifestation. Cela éviterait ces moments de stress ».

Finalement, la grande peur des habitants s’est révélée infondée, les organisateurs du Teknival ayant cette année vraisemblablement laissécourir beaucoup de leurres afin de brouiller les pistes. Ce vendredi soir, de nombreux festivaliers convergeaient vers l’Aube et la commune de Marigny où le Teknival pourrait débuter ce samedi.

Mathieu Giua

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Photo : Teknival 2017 (c) Sdis 37

 

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