En Touraine, les difficultés quotidiennes des familles monoparentales

Pour trouver du travail, faire garder les enfants, ou gérer un combat judiciaire.

La journée des droits des femmes du 8 mars et la période du Grand Débat National : deux bonnes raisons d’entendre les doléances des familles monoparentales selon le secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce jeudi, il organisait des rencontres avec les autorités dans les préfectures, dont une à Tours. Une bonne cinquantaine de personnes se sont réunies autour de la secrétaire générale de la préfecture et de la déléguée départementale en charge des droits des femmes. Beaucoup de mères et quelques pères qui ont témoigné de leur quotidien, et surtout de leurs épreuves. Extraits :

« Pendant deux mois je n’arrivais plus à payer mes factures, je me suis retrouvée avec un dossier de surendettement. J’ai été radiée de Pôle Emploi et de la CAF alors que je demandais juste un petit plus pour améliorer ma vie. Parfois on se demande si on est écoutée, soutenue. Je paye toutes mes factures mais des fois je n’ai pas assez pour acheter de quoi manger à mes enfants. A 53 ans je ne connais pas le CDI, je ne fais que des remplacements. Une fois c’est mon fils de 16 ans en apprentissage qui a dû payer le loyer. Vous ne pouvez pas vous imaginer comment ça nous détruit, et c’est le genre de choses dont on a honte de parler. »

Une maman qui vit seule avec ses deux garçons.

« Au moment de la rupture, on se retrouve avec tout à inventer et l’inquiétude de conserver le bien-être des enfants car on vient de fracasser le cadre familial. C’est un peu lourd à porter, et les enfants morflent. Pour mon divorce, j’aurais aimé que la médiation judiciaire soit obligatoire. J’ai dû gérer seule la communication difficile avec le papa voire les agressions avec parfois la police qui vous fait comprendre qu’elle en a marre de vous voir. Quand je postule pour un emploi, je me vois mal arriver avec mes contraintes : je demande un temps de travail lissé sur l’année avec des objectifs à tenir mais une souplesse qui me permet de gérer l’éducation de mes enfants de 5 et 9 ans. En 2014, une charte a été signée pour la monoparentalité, mais seulement par une quarantaine d’entreprises. Elle prévoit par exemple 15 jours de congés supplémentaires en cas de maladie des enfants. »

Nadine Lorin, déléguée aux droits des femmes en Touraine

« Ce qu’il nous manque c’est un support national qui pourrait guider le parent. On est tout le temps en train de chercher la bonne information, ça nous fait perdre du temps. »

Une maman de 35 ans.

« Au quotidien il n’y a personne pour vivre avec vous ce que vous vivez. Lorsque vous avez affaire à quelqu’un qui vous manipule comme le père de mes enfants vous ne pouvez pas engager un arrangement avec lui. Lorsqu’on quitte l’Afrique, on pense qu’en France on aura la loi et la justice de notre côté mais ce n’est pas forcément le cas. »

Une mère de famille d’origine camerounaise en France depuis 2015 et qui ne voit plus ses enfants.

Plusieurs député(e)s assistaient à la réunion.

« Je me sacrifie pour travailler dès 4h du matin alors que je suis malade et suivie par un neurologue. Et je dois parfois laisser ma petite de 5 ans seule à la maison parce qu’il n’y a pas d’aides et que je n’ai pas de famille. »

Une mère de 6 enfants, dont 4 qui vivent avec elle.

« Le terme de mère isolée me dérange : grâce à nos enfants nous ne sommes pas isolées en revanche nous le sommes dans la société. On est à la fois banquière, comptable, médecin… Pour un bobo, on ne se précipite pas chez le docteur car ça coûte cher. On fait tout pour économiser le peu que l’on a. Une femme n’a pas envie que ses enfants prennent le relais, c’est trop tôt. »

« Quand un conseiller Pôle Emploi me convoque le mercredi à 16h je dois laisser mon petit de 7 ans avec le grand de 14 ans parce que je n’ai pas d’argent pour une baby sitter, est-ce que c’est normal ? »

Un papa seul avec 4 enfants :

« on m’a refusé un logement social parce que le jugement de divorce n’était pas encore prononcé, alors que j’avais tous les papiers de l’avocat. Je me suis retourné vers le privé mais c’était difficile aussi car je n’avais personne pour se porter garant. C’est dur de trouver des personnes ou des banques qui vous font confiance. J’ai aussi une fille handicapée, elle aurait besoin d’aménagements à la maison mais quand vous allez à la Maison Départementale des Personnes Handicapées, il faut compter un an pour que le dossier passe en commission et obtenir un prêt alors que c’est tout de suite qu’on devrait commencer les travaux. Il faudrait donc revoir les aides pour que ça aille plus vite. »

« Quand on est mère célibataire, c’est encore moins facile de trouver du travail. Mon fils était toujours le dernier à l’accueil périscolaire. Au début, il trouvait ça marrant que je l’emmène au bureau mais un jour quand j’ai été le chercher il m’a dit : « maman, ne me dis pas que tu m’emmènes encore au bureau ! » Il est en souffrance, il ne le dit pas. Heureusement après une discussion avec sa prof principale il a pu être accompagné par la psychologue de son collège. »

« Je viens d’Amboise et quand on ne travaille pas on ne peut pas inscrire son enfant à la crèche. Il faut d’abord trouver un emploi. Et même si on en a un, il n’y a pas assez de places. Plein de femmes ont également du mal à travailler à cause des problèmes de transport. »

Les propositions formulées au cours de cet après-midi ont été transmises directement aux services de la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa.

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