A Tours, rénovation originale en vue pour 8 sites en friche ou vieillissants

Vraie bonne idée ou opération marketing ?

Le centre est souvent la vitrine d’une ville, mais ses alentours et ses entrées méritent aussi d’être soignés. A Tours, pas de doute, on a un très beau cœur de ville… A côté de ça, qui arrive par le Boulevard Louis XI ou l’échangeur de l’A10 à Tours Centre constate vite qu’il y a – au mieux – un manque d’attention. Au pire un gâchis urbain qui peut avoir un effet repoussant.

Ce qui l’explique, c’est qu’à la différence de nombreuses métropoles françaises ou européennes dynamiques, créatives et modernes, Tours est très repliée sur son centre-ville. Ce n’est pas un cas isolé en France, mais c’est symptomatique. Résultat : un manque d’activités ou de lieux publics fédérateurs en périphérie. « Je cherche à quitter Tours Nord, c’est vraiment un quartier dortoir » nous disait encore un jeune homme ce lundi. Et le peu de dynamisme des Deux-Lions, pourtant peuplé de jeunes couples et d’étudiants, est un second exemple très parlant.

L’échangeur de l’A10 à Tours Centre.

Consciente qu’il y a un problème quelque part, mais à court de munitions, la ville vient de lancer un Appel à Projets Urbains Innovants. Concrètement, elle invite tout le monde à se creuser la tête pour trouver le moyen de rénover 8 sites désaffectés, moches ou en voie de reconversion. Pas simplement en construisant des immeubles avec de jolis balcons et un petit parc avec jeux pour enfants, mais bien des bouts de quartiers différents, modernes, écologiques… De quoi montrer que Tours bouge, voire qu’elle est en avance sur son temps.

La réflexion doit s’étendre sur toute la durée de l’année 2019, avec une remise des propositions finales en octobre et l’annonce des lauréats au mois de décembre. Voici la liste des 8 sites qui ont été retenus :

  • Saint-Sauveur sur les bords du Cher, anciennement complexe industriel puis lieu culturel avec le Projet 244 il est désormais désaffecté
  • Le Pavillon de Conde situé dans le quartier des Casernes Beaumont-Chauveau, site du Musée du Train jusqu’en 2009 désormais inoccupé
  • La Caserne Chauveau Nord-Ouest du même quartier, délaissée depuis le départ de l’armée
  • Le Hangar Col de la Rue du Général Renault, il a servi aux militaires avant de devenir un boulodrome
  • L’Ermittage à Ste Radegonde, Etablissement Hospitalier pour une centaine de personnes âgées dépendantes amené à déménager avec la restructuration du CHU d’ici 2025
  • Le parking relais Jemmapes de Tours Nord
  • La sortie de l’A10 à Tours Centre au bout du Bd Heurteloup
  • L’ilot d’immeubles Marie Curie du Sanitas, au pied de la Passerelle Fournier

La plupart de ces zones sont déjà vides ou sans bâtiments (A10 et parking), 3 d’entre elles (Casernes et Sanitas) sont dans des quartiers amenés à être transformés en entier dans la prochaine décennie (avec du retard sur les calendriers prévus dans tous les cas).

Le calendrier du projet en 2019.

Pour chaque terrain, propriété de la ville ou d’organismes publics (hôpîtal, Société d’Equipement de la Touraine…), la mairie a conçu une fiche qui dévoile ses attentes. Charge ensuite aux promoteurs immobiliers, aux acteurs économiques, aux associations ou aux citoyens de se creuser la cervelle pour faire émerger des solutions réalisables et capables de changer le visage de la ville tout en rééquilibrant les rapports entre ses quartiers. Si la présence des promoteurs n’est pas indispensable, celle des acteurs citoyens est « souhaitable ».

Le cahier des charges est à la fois strict et ouvert. Par exemple, pour le hangar Col, « l’offre devra proposer des logements en accession sociale adaptés aux familles et favoriser la mixité intergénérationnelle sans dépasser 10m de hauteur ». Pour l’Ermittage, le projet devra « permettre au public de bénéficier du belvédère » depuis le haut du coteau et « magnifier l’espace parc ». Pour la caserne Chauveau, il faudra « contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique » (c’est la seule fiche sur 8 qui aborde cette question !) ou encore encourager « la présence d’activités artisanales » à Saint-Sauveur, sans y ériger de logements sociaux.

L’Ermittage.

Sur le papier, lancer cette boîte à idées géante via un site Internet ouvert à toutes et à tous apparait comme une bonne solution démocratique. Mais il faudra être vigilant sur la réalisation finale de ces différents projets. Une bonne partie d’entre eux seront financés par la création de logements, sachant que Tours est déjà une ville où l’on construit beaucoup de nouveaux appartements qui peinent parfois à trouver preneurs. N’y avait-il pas d’autres priorités ? On peut par exemple s’étonner que pour l’instant le sport et la culture semblent à l’écart de cet appel à projets. Ils auraient aussi pu être au 1er plan. Du reste on ignore aujourd’hui le calendrier des réalisations et d’où viendront les crédits nécessaires à leur aboutissement… La ville espère notamment la création d’un « signal architectural » sur l’échangeur de l’A10 avec l’ambition d’améliorer le cadre de vie des riverains, ce qui peut paraître un peu flou…

Il faut donc désormais attendre de voir ce qui pourra ressortir des dossiers déposés auprès de la municipalité dans les prochains mois, et quelle place sera réellement laissée à l’initiative citoyenne et aux envies des habitants ou voisins de ces sites urbains malmenés. Souvent critiquée sur sa façon d’aborder la démocratie participative et la concertation depuis son arrivée en 2014, sans oublier ses difficultés à aller au bout de projets majeurs, la majorité politique du conseil municipal se trouve face à un double défi : prouver sa capacité à susciter du renouveau et à le rendre concret.

Olivier Collet

Cliquez ici pour visiter le site de l’appel à projets innovants

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