Violences conjugales : Les hommes violents ont la parole

Athoba est une structure unique, spécialisée dans l’accueil et l’accompagnement d’hommes auteurs de violences conjugales.

Samedi 25 novembre se tient la journée de lutte contres les violences faites au femmes. Un problème de société, que l’on parle harcèlement, de violences conjugales ou de n’importe quel type de violence morale ou physique, qui est longtemps resté muet et derrière lequel se cache la problématique plus large de la place des femmes dans notre société et des rapports hommes-femmes. Si cette question sort petit à petit sur la place publique, souvent suite à des affaires en lien, le chemin reste encore long.

« Il n’y a pas de généralité face à la violence »

Pour Emmanuelle Doineau, psychologue à Tours, spécialiste de ces questions, pour que les choses avancent il faut avant tout « libérer les paroles ».

Cette dernière intervient au sein d’Athoba, un acronyme signifiant « Accueil thérapeutique pour hommes battants ». Cette structure, née en 2008, qui fait partie du pôle médical et social de l’association Entraide et Solidarités (ex Entraide Ouvrière), accueille chaque année des hommes « battants » c’est à dire responsables de violences sur leurs conjointes. Des violences physiques ou psychologiques qui sont souvent liées : « La violence physique suit toujours des violences verbales ou psychologiques qui sont souvent discrètes si bien que les victimes ou leurs auteurs ne s’en aperçoivent pas forcément sur le moment ».

Chaque année ils sont une cinquantaine d’hommes à être suivis par cette structure unique en région Centre. Des patients qui viennent soit par obligation judiciaire, soit en étant volontaires (souvent sur pression de leur conjointe, précise Emmanuelle Doineau). Des hommes aux profils variés, venant de toutes les catégories socio-culturelles, ce qui montre « qu’il n’y a pas de généralité face à la violence » nous explique-t-on.

Mettre des mots sur les maux

A Athoba, ces hommes sont d’abord accueillis par un entretien individuel, une prise de contact permettant de déterminer leur profil, puis suivent, à raison d’une fois tous les 15 jours, des groupes de paroles, animés par Emmanuelle Doineau ou Julie Bonhommet, la deuxième psychologue intervenant dans cette structure. « Nous faisons avec eux, un travail de responsabilisation qui peut s’avérer long, cela prend plusieurs mois ou années. Ils partent souvent de loin avec des idées préconçues et des images stéréotypées des femmes ».

Faire parler les auteurs, mettre des mots sur les maux, pour réduire leur nombre et donc le nombre de victimes, voici l’objectif de la structure. « On aimerait travailler aussi avec les couples, mais les financements sont précaires » explique Madame Doineau. Pourtant avec 20% de réitération chez les patients accueillis, le travail effectué fonctionne dans la grande majorité des cas. Pour arriver à ces résultats, cela passe par un travail long, avec des patients pour lesquels il faut parfois tout reprendre : « La violence isole et souvent ce sont des personnes qui n’ont jamais parlé, n’ont jamais évoqué ce qu’elles ressentaient. Nous les aidons à verbaliser cela ».

La parole comme exutoire donc, mais aussi des actions comme celle menée dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, cette année. Les hommes accompagnés ont en effet travaillé à la confection de visuels et de slogans pour des affiches et des flyers sur les violences conjugales. Il en ressort quatre visuels décalés pour mieux interpeller la population. Des affiches et flyers qui sont distribués dans des lieux publics comme les cabinets médicaux, les pharmacies, les commerces… « C’est important parce que la parole doit être libérée à tous les niveaux, il faut parler des violences conjugales » explique Emmanuelle Doineau. Un problème de société qu’il faut traiter dès l’enfance poursuit-elle en ouvrant par exemple le débat dans les écoles, collèges ou lycées.

 

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