La bande à Macron en Touraine : « tout est possible » aux législatives

La République En Marche part avec 4 candidats + l’hypothèse Marisol Touraine. Présentations et analyses.

Un médecin, une spécialiste des RH, un docteur en sciences, une chef d’entreprise… Pour ses 4 candidats déjà investis en Indre-et-Loire, le mouvement du nouveau chef de l’Etat Emmanuel Macron – La République En Marche – a produit un casting très « CSP+ », qui ne parleront peut-être pas instinctivement aux ouvriers, employés et classes moyennes, l’électorat traditionnel de la gauche. Peut-être plus en revanche au centre, à une partie de la droite et à une certaine frange des socialistes. En tous cas, pour tous, c’est la première fois qu’ils se lancent dans une élection législative : « on veut faire de la politique autrement, s’organiser autrement » explique Philippe Chalumeau qui a mené la campagne présidentielle pour Macron en Touraine et se lance pour être député de Tours (1ère circonscription).

Mais la politique autrement façon La République En Marche, c’est quoi ? « Tout est possible » expliquent Fabienne Colboc et Sabine Thillaye, respectivement candidates sur la circonscription de Chinon/Joué-lès-Tours et celle de St-Cyr-sur-Loire/Bourgueil. « Nous n’aurons pas de local de campagne fixe, nous ne seront pas des candidats assis » lance Philippe Chalumeau. Comme le « Macronibus »‘ qui a fait « 4 800km en 5 semaines » pendant la présidentielle, les potentiels députés circuleront donc en minibus d’ici le 1er tour le 11 juin.

« On ne va pas attendre que les gens viennent au contact, on va aller les voir » nous explique-t-on. D’autres actions de campagne « originales » sont annoncées sans plus de précisions sachant que chaque candidat prévoit d’investir environ 33 000€ pour sa propagande (la somme remboursée par l’Etat). Tous ont emprunté ou avancent sur leurs fonds personnels. Un meeting de lancement de campagne est par ailleurs prévu ce mercredi soir à Bléré (ville dont le maire Daniel Labaronne est candidat sur la circonscription N°2 (Bléré/Amboise/Montlouis/Château-Renault). Un mandat qu’il abandonnera en cas d’élection à l’Assemblée Nationale.

L’un des défis de ce quatuor, ce sera de se faire connaître. Car qui dit renouvellement en politique dit candidats inconnus. Et lors des élections locales, les électeurs aiment bien voter pour des gens qu’ils connaissent voire côtoient. Pour les guider, le visage du nouveau président s’affichera sur tous les documents de campagne dont les affiches + les minibus, aux côtés des portraits des candidats.

« On souhaite être députés pour la jouer collectif, faire en sorte que le mot Touraine résonne bien à l’oreille du président. Emmanuel Macron a besoin de députés fidèles, loyaux, qui soient juste et sachent décider, accompagner ce contrat avec la nation qui l’a mené au pouvoir » entend-t-on encore. En clair, même si le chef de l’Etat a nommé un 1er ministre de droite encarté chez Les Républicains, seuls les députés La République En Marche seraient vraiment fiables pour mener le projet Macron. Dans les rangs du mouvement en Touraine, on semble se méfier de cette ouverture vers les centristes et Juppéistes, surtout dans un département où la droite peut être forte dans les scrutins locaux.

(Présentations et photos des candidats en fin d’article…)

Car disons-le franchement : aujourd’hui, aucun de ces 4 là n’est vraiment favori sur son territoire, en dépit des bons scores de Macron à la présidentielle. La possibilité de triangulaires au second tour avec des candidats du FN, de Les Républicains voire le PS à Tours risque de rebattre les cartes. Des éventualités balayées pour l’instant par le mouvement : « si je m’arrête à ça, je n’ai plus d’énergie pour la campagne » explique par exemple Sabine Thillaye. Charge à eux aussi de parler d’une seule voix quand d’un côté Sabine Thillaye ne veut pas opposer le rural et l’urbain mais que de l’autre Daniel Labaronne veut unifier 4 communautés de communes à l’est de Tours pour « ne pas se faire bouffer par la métropole. »

L’autre épine dans le pied des Macronistes tourangeaux s’appelle Marisol Touraine. L’ex ministre de François Hollande est en théorie investie par le Parti Socialiste mais dit vouloir s’inscrire dans la majorité d’Emmanuel Macron. Du coup, pour l’instant, personne n’a été désigné contre elle dans la 3ème circonscription (Loches/Chambray-lès-Tours/St Avertin). Le dernier délai pour le faire c’est ce mercredi soir.

Et les militants tourangeaux n’ont pas leur mot à dire : « on ne sait pas. On attend de voir si elle est prête à s’afficher En Marche. La décision ne nous appartient pas » explique Philippe Chalumeau qui dit ne plus vouloir de « barons » de la politique mais qui devra bien faire le job aux côtés de Marisol Touraine si finalement l’ex présidente du Conseil Général d’Indre-et-Loire, députée du Lochois et ex-ministre est officiellement la représentante de la majorité. On comprend bien que ça ne se fera pas forcément avec grand enthousiasme.

« Nous sommes incapables d’influencer la commission d’investiture » note de son côté Daniel Labaronne. Et le groupe de faire applaudir la candidate qui était pressentie pour porter les couleurs REM sur cette 3ème circonscription. « Les gens finiront par être récompensés pour leur engagement » promet Philippe Chalumeau. Le renouvellement de la politique passe donc quand même par des vieilles méthodes de négociations entre personnalités et luttes d’égos pour tenter de trouver un équilibre.

Olivier COLLET

Les 4 candidats en bref :

Philippe Chalumeau (Tours – 1ère circonscription) : 53 ans, marié, 3 enfants, médecin généraliste, urgentiste, spécialisé en gérontologie. Cet ancien élu PS du conseil municipal de Tours affirme avoir « toujours un peu de Jean Germain (maire de 1995 à 2014, ndlr) dans mon coeur ». Partisan de la métropole, il ne veut pas « de village isolé » et se bat pour des maisons de service public un peu partout. Sa suppléante est une jeune chef d’entreprise qui a créé l’application Peetch pour les écoles : Elisa Hauet.

Daniel Labaronne (Amboise, Bléré, Château-Renault… – 2ème circonscription) : premier signe distinctif, il parle fort. A 61 ans, docteur en sciences, prof à l’université, il est aussi consultant et promet d’arrêter cette activité en cas d’élection, travaillant notamment avec le Maroc sur le sujet du phosphore. « Je veux mettre en oeuvre le programme d’Emmanuel Macron car c’est mon programme » dit-il en référence à la co-construction menée avant la présidentielle. Ses priorités : éducation, ruralité, agriculture, économie et la création d’un bloc de communes pour peser face à la métropole.

Fabienne Colboc (Chinon, Joué-lès-Tours, Ballan-Miré… – 4ème circonscription) : 45 ans, mère de 5 enfants « mais pas en bas âge, je serai donc sur le terrain » précise-t-elle spontanément, elle a une société de conseil en RH, s’occupe aussi de gérer des Plans de Sauvegarde de l’Emploi (autrement dit plans de réductions d’effectifs dans les entreprises) comme dans le groupe Vivarte qui détient plusieurs enseignes dans l’habillement (La Halle). Ancienne responsable de Mission Locale (dont celle de Joué), elle se dit « la candidate du travail » et compte notamment porter les propositions du président pour les quartiers.

Sabine Thillaye (St-Cyr-sur-Loire, Tours Nord, Bourgueil, Langeais… – 5ème circonscription) : « l’européenne de service » dit-elle avec son accent franco-allemand. Se méfier de cette femme qui parait discrète mais ne manque pas de franc parler. « C’est un cadeau de voir en ces temps d’eurosceptiscisme un candidat comme Macron qui entre sur l’hymne européen le soir de sa victoire. » A 58 ans, elle gère une entreprise dans le conseil et le web, travaille aussi pour l’université de Tours ou l’avenir de la viticulture. « Nous avons besoin d’air pour entreprendre » dit-elle.

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