Une cinquantaine de suicides par an en Indre-et-Loire

Une journée dédiée à la prévention est organisée ce lundi à Manthelan.

Le lieu n’a pas été choisi au hasard : Manthelan, au sud de l’Indre-et-Loire, en zone rurale. Ce 20 mars, Vies 37 y organise la 21ème journée de prévention du suicide. Le réseau a ainsi tout juste 20 ans. Au programme : des débats autour d’un thème choisi au niveau national, « relier, communiquer, prendre soin » en axant les discussions autour des enjeux liés à la ruralité (personnes isolées et agriculteurs, par exemple). C’est aussi l’occasion de faire connaître ses initiatives comme la formation récente de nombreux professionnels comme une quinzaine experts comptables afin de leur montrer comment reconnaître des personnes en détresse pour donner l’alerte lors de leurs déplacements sur le terrain. Et ça pourrait se développer pour d’autres professions.

Vies 37, c’est un regroupement d’intervenants et d’institutions (CHU de Tours, Maison des Adolescents, cliniques psychiatriques, Education Nationale, une association d’agriculteurs…) : « on essaie de faire régresser les décès et les tentatives » explique sobrement le Dr Marc Fillatre, qui en est le président (une trentaine de départements disposent d’une structure similaire). En Indre-et-Loire, on estime qu’une cinquantaine de personnes se donnent la mort chaque année (surtout des hommes), c’est assez élevé : « mais on voit que là où il y a des actions de prévention, les chiffres sont moins importants. »

« Tout le monde peut participer à la prévention du suicide » : c’est le message que veut faire passer le Dr Fillatre estimant que les personnes qui ont besoin d’aide ne sont pas assez soutenues : « il y a des aspects médicaux évidents mais la qualité du lien social ou les conditions de vie entrent aussi en compte. » « Le suicide reste un tabou, les gens préfèrent ne pas en entendre parler et faire comme s’il n’y avait pas de problème » ajoute le médecin qui intervient toutes les semaines à la Maison des Ados, Boulevard Béranger.

« Le suicide, ce n’est pas facile d’en parler, et ce n’est pas facile d’être entendu. Les gens qui détectent ce sentiment chez quelqu’un de leur entourage se demandent ce qu’ils vont faire. Eh bien le plus important c’est d’entendre, d’écouter. Il faut que la personne se sente protégée, intégrée. Ensuite elle pourra se tourner vers des lieux d’aide comme les médecins généralistes ou des réseaux comme SOS Amité ou Suicide Ecoute. Il ne faut pas que quelqu’un se suicide parce qu’il n’a pas de possibilité d’aide. »

D’où l’importance d’être attentif. Marc Fillatre explique qu’un suicide est rarement soudain : « ça se construit sur plusieurs jours voire plusieurs semaines. On peut donc les détecter et alors il faut en parler, faire tomber le tabou. Il vaut mieux être trop intrusif que laisser une personne avoir le sentiment qu’elle n’intéresse personne et au final passer à l’acte. » Un changement de philosophie de la société qui sera long à mettre en place, le praticien en est conscient : « ça prend au minimum dix ans, comme le temps qu’il a fallu pour qu’on arrête de tourner autour du pot et que l’on ose poser clairement la question du suicide. Maintenant cela parait une erreur de ne pas la poser. »

Plusieurs signes peuvent alerter : « il s’agit d’un triple éloignement. Une personne ne s’intéresse plus à ce qu’il se passe dans le monde, puis s’éloigne de ses cercles d’appartenance et enfin ne s’intéresse plus à elle-même. » La solution : « il faut souvent créer une vraie rupture, parfois via une hospitalisation. Instaurer un climat de protection. »

O.C.

Info + : Une plaquette en direction des jeunes va aussi être éditée dans quelques jours par le réseau Vies 37 afin que les adolescents puissent apprendre « à s’aider eux-mêmes et à aider les autres » résume le Dr Fillatre.

Vous pouvez aussi visiter le site du réseau Vies 37.

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