Cligman prend le contrôle du Château de Tours

Le monument doit entrer en travaux dès cet été pour devenir une annexe du Musée des Beaux-Arts.

Le Château de Tours va complètement changer de visage. Alors qu’aujourd’hui il accueille les expositions photographiques (très réputées voire exceptionnelles) de l’institution parisienne du Jeu de Paume et d’autres expositions temporaires, il va devenir d’ici deux ans « le département d’art moderne Martine et Léon Cligman », bref un lieu entièrement dédié aux œuvres du riche couple industriel qui a choisi de faire don de 1 200 œuvres d’art d’une valeur estimée à 20 millions d’euros à l’Etat et à la ville de Tours afin de les exposer ici, vu leur attachement à la Touraine.

« Nous avons le Musée des Beaux-Arts avec des œuvres allant jusqu’au XVIIIème siècle et le CCCOD pour l’art contemporain mais nous n’avions pas d’œuvres d’art du XIXème siècle et du XXème, c’était un manque » justifie le maire de Tours Serge Babary. A l’origine, cette collection devait être exposée dans une nouvelle aile édifiée dans le parc du Musée des Beaux-Arts, c’était le souhait de Mr Cligman, 96 ans, qui proposait de financer la construction à hauteur de 5 millions d’euros et a été chercher des appuis jusqu’à l’Elysée pour réaliser son projet comme il l’entend. Sauf qu’une commission nationale a émis un avis défavorable, forçant la ville à proposer un autre lieu pour l’accueil des collections afin d’éviter une longue bataille judiciaire.

A Tours, les lieux d’expositions avec une grande surface ne sont pas extrêmement nombreux. Avec ses 4 étages, le Château de Tours a donc été retenu par les Cligman. Y seront présentées les 600 œuvres suffisamment importantes pour être qualifiées de « muséables » par le ministère de la culture et l’autre partie de la collection dont on a toujours pas le détail même plusieurs mois après l’annonce du projet. Deux étages seraient consacrées à un parcours de visite permanent et les deux autres à des expositions temporaires, sans doute thématiques.

« On espère une ouverture pour le printemps 2019 » explique le maire de Tours. Car d’ici là il va falloir faire des travaux, notamment pour rendre le lieu accessible (via l’installation d’un ascenseur) et refaire son isolation pour adapter l’ancienne caserne à la conservation permanente d’œuvres d’art. Si le Château est propriété de la ville, c’est bien au nom de Léon Cligman, le financeur, que le permis de construire sera déposé, et ça va se faire vite pour un début des opérations dès le mois de juin, dès la fin de la dernière exposition programmée par le Jeu de Paume. Le montant du chantier n’est pas connu pour l’instant.

Mais au-delà de ce programme, ce qui pose question c’est l’avenir de la collaboration entre le Jeu de Paume et la ville de Tours. Plusieurs rendez-vous ont eu lieu ces derniers jours car il y a une convention qui lie les deux partis jusqu’en 2018 pour l’organisation d’expositions. Clairement, dès cet été ce ne sera plus possible de l’honorer en raison du chantier. La municipalité a donc proposé le Logis du Gouverneur (juste à côté) mais, via nos confrères de la NR, l’institution parisienne a expliqué qu’il n’était pas adapté. En fait, lui aussi a besoin de travaux. Mais qui les financerait ? Il parait que l’Etat ne serait pas forcément opposé à la chose, mais on nage dans le brouillard.

« Le Jeu de Paume aura toujours la possibilité d’exposer à Tours » assure Serge Babary évoquant « des relations très positives. » Mais le Jeu de Paume pourrait bien finir par tourner le dos aux bords de Loire car vu la valeur de ses propositions, beaucoup de villes pourraient bien être prêtes à lui tendre les bras de façon pérenne (la première sera Arles, ville de la photo par excellence).

« Ce n’est pas parce qu’ils se dirigent vers une autre ville qu’ils ne reviendront pas à Tours » veut croire de son côté le maire qui reconnait prendre « des risques » dans cette affaire. Et quels risques ! Car si le Jeu de Paume s’en va pour de bon et que la collection Cligman ne s’avère pas aussi fédératrice qu’espérée en terme de visiteurs, Tours y perdrait. De plus, outre le Jeu de Paume, le changement d’affectation du Château de Tours signifie la fin d’une vitrine au nom prestigieux pour tous les autres artistes (par exemple les peintres) qui y étaient invités. Pour eux aussi il faudra trouver un lot de consolation.

Olivier COLLET

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