Après Tours Métropole, à quand Tours Capitale ?

Le conseil municipal de Tours s’est prononcé pour la transformation de la communauté urbaine en métropole.

Il a presque fallu attendre 2h ce samedi matin pour que l’on nous sorte le mot tant attendu. Il n’est pas venu du maire de Tours ni d’un de ses adjoints mais d’un conseiller municipal de la majorité, Gauthier Martiny : « ce jour restera dans l’histoire. » Ca n’a plus rien d’original, ça fait au moins 6 mois que l’on entend cette formule, depuis que le monde technocratique a arrêté de refuser que l’agglomération de Tours devienne une métropole et qu’il a laissé les élus marcher dans la direction donnée par le préfet d’Indre-et-Loire pour accéder à ce statut dont seules 22 villes françaises peuvent bénéficier (avec des rallonges budgétaires à la clé).

Ce 11 mars restera donc dans l’histoire, parait-il. Un conseil municipal un samedi matin, ce n’est déjà pas commun (d’autres étaient organisés au même moment pour le même motif à La Riche, Rochecorbon, Villandry, St-Cyr-sur-Loire, Fondettes… Joué-lès-Tours ce sera lundi soir…). Et quoi qu’il en soit on se souviendra qu’il a fallu presque 2h pour que les élus tourangeaux nous disent qu’ils étaient (à 5 voix près dont une abstention) tous favorables à ce projet de métropole.

Chacun y a été de son petit mot pour dire combien c’était une reconnaissance mais aussi qu’il allait falloir être à la hauteur du titre, etc, etc. Des mots rabâchés depuis plusieurs mois pour tenter de convaincre les sceptiques (ça a marché avec le gouvernement, pas avec le FN et les communistes). Avec ce vote, Tours ouvre la voie à la signature du décret ministériel qui doit officiellement entrer en vigueur le 22 mars, lors d’une cérémonie ici en Indre-et-Loire.

« Ca doit aller vite » a assuré le maire Serge Babary. « Regardez le dynamisme de Lyon, Bordeaux, Nantes ou Rennes. On ne sera pas dans le peloton de tête de ces très grandes villes, mais les côtoyer, les rencontrer, au niveau national et international nous oblige à faire des efforts de cohérence, d’efficacité et de dynamisme. » « Ca nous donne un souffle et il faut saisir ce souffle » a poursuivi dans la foulée l’adjoint en charge du rayonnement Christophe Bouchet. « Il faut donner une ambition à la ville. On a décroché depuis les 2-3 dernières décennies, sans vouloir cibler un ancien maire en particulier. Il nous faudra maintenant une vision claire à 10-15 ans. » Et d’émettre le souhait que Tours devienne « une capitale » dans un domaine particulier (mais de quoi ? Ce serait bien d’avoir une idée… La douceur de vivre a été évoquée, mais ça ne suffit pas).

De l’autre côté du cercle des élus, dans le groupe d’opposition Tours 2020, la métropole fait l’unanimité. Pierre Commandeur a fait part de son « enthousiasme », Nicolas Gautreau a expliqué qu’il s’exprimait avec « solennité » en pensant fort à Jean Germain, fondateur de la communauté d’agglomération Tour(s)Plus en 1995 (dont il a ensuite résumé la biographie façon Wikipedia). Et d’ajouter : « il faut profiter de cet élan pour construire la deuxième ligne de tramway. »

Plusieurs voix se sont aussi élevées pour nuancer l’optimisme ambiant : « je ne partage pas le bonheur absolu. Ce n’est pas une victoire, simplement une étape. Il faudra donner du contenu à tout ça » a noté l’écologiste Emmanuel Denis. Pour lui, la future Tours Métropole Val de Loire « doit participer à réduire les inégalités. » Comme plusieurs autres élus (ceux du groupe Tours 2020) il plaide par ailleurs pour un important travail de pédagogie pour expliquer aux citoyens, et donc aux électeurs, de quoi l’on parle et à quoi ça sert : « c’est un atout anti Front National qui veut supprimer ce type d’intercommunalité. »

Au Parti Communiste, Pierre Texier évoque « une mystification » et un « passage en force sans consultation des citoyens » pour cette mutation en métropole qu’il refuse. Et de souligner un paradoxe : « la droite ici vote la métropole de manière consensuelle alors que la majorité de droite au Sénat a voté contre la loi. » Le Front National n’est pas sur une position très éloignée dénonçant, par la voix de Gilles Godefroy, la future « fin du département enfermé entre la région et la métropole. Il ne reste maintenant que Tours et le désert tourangeau. »

Enfin, même si la réunion politique a été globalement souriante et ponctuée d’applaudissements, ce virage vers Tours Métropole Val de Loire ne signifie pas pour autant que tous les problèmes sont résolus : « on ne va pas se voiler la face, on est toujours en compétition » a souligné l’adjoint au maire Xavier Dateu sur la même ligne que sa collègue Sophie Auconie qui a réactivé la guéguerre Tours-Orléans : « il faut faire en sorte que les entreprises comme Amazon ne choisissent pas Orléans mais Tours. » Alors qu’Orléans va aussi devenir métropole et que la région espérait que ce statut décroché par les deux grandes villes du Val de Loire allaient les rapprocher, on vient de faire la démonstration que ce n’était pas prêt d’être gagné…

Olivier COLLET

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