La droite tourangelle toujours divisée avant les législatives

Un petit groupe d’élus fait de la résistance à Céline Ballesteros. Jusqu’où iront-ils ?

En présentant sa permanence de candidate aux législatives jeudi sur l’Avenue de Grammont à Tours, Céline Ballesteros s’est très vite débarrassée de la question de la division que suscite son ambition politique au sein de la droite tourangelle : « mon seul adversaire, c’est Jean-Patrick Gille (son concurrent du PS, ndlr) » a-t-elle répondu devant un parterre d’élus et de militants venus faire groupe avec elle.

L’image n’est pas un hasard. En s’affichant avec les jeunes et même des centristes, l’adjointe eu maire de Tours et conseillère départementale veut prouver que son investiture n’est pas seulement le fait du prince (une décision en haut lieu dans le parti Les Républicains) mais aussi un choix approuvé par la droite et sa famille. Et en partant en campagne tout de suite, elle espérait jouer la carte du rassemblement et mettre fin aux polémiques. Le fait qu’elle se lance en grandes pompes rend aussi plus difficile son éventuelle éviction, qui serait alors complexe à justifier.

Sauf qu’en face, sa collègue adjointe de Tours Françoise Amiot ne lâche pas le morceau. Elle aussi veut être candidate aux législatives, elle n’apprécie pas la candidature de Céline Ballesteros et le fait savoir y compris publiquement. Soutien de François Fillon depuis le 1er jour (le candidat du parti pour la présidentielle), elle espérait que son choix lui donnerait des atouts pour remporter l’investiture, quitte à passer par une primaire. Force est de constater que les instances dirigeantes de son parti en local ne sont pas de cet avis, Frédéric Augis (le patron départemental) refusant de revenir sur cette investiture.

Pourtant, selon Françoise Amiot, il y a encore un petit espoir que les choses changent, si François Fillon met son nez dans l’affaire et remet l’investiture en jeu. Pour faire pression, l’élue tourangelle a signé une lettre ouverte à l’ancien premier ministre avec ses proches du conseil municipal (Thibault Coulon, Brice Droineau, Cécile Chevillard, Edouard De Germay…), un groupe qui fait souvent bloc, disons que ce sont un peu les frondeurs de la mairie tourangelle. Dans la lettre, après quelques flatteries pour François Fillon, on peut lire que « les Tourangeaux et les Tourangelles réclament la parole pour participer à la désignation de leur représentant, le mieux placé pour l’emporter face à la gauche » (ah bon ? Une pétition à venir peut-être ?).

Et d’ajouter : « Nous demandons que l’investiture provisoire accordée en juin dernier à une adjointe de Tours, déjà en  situation de cumul (Françoise Amiot le serait aussi, même si elle aurait un mandat de moins, ndlr), alors sarkozyste puis ayant parrainé Nathalie Kosciusko-Morizet, sans aucun appel à candidature, sans prise en compte du profil électoral de notre circonscription, semant ainsi les germes de la division, soit remise en jeu afin de dégager une dynamique d’union des droites et du centre pour donner à notre territoire les meilleures chances de succès pour ces prochaines élections législatives, et assurer notre victoire à Tours. »

Une tentative qui sonne un peu comme celle de la dernière chance. Avec cette manœuvre, les Amiotistes ressortent le démon des élections régionales que la droite a perdu en Touraine en partie à cause des divisions internes. Mais en poursuivant ce combat ils risquent aussi d’entretenir cette division qui pourrait de nouveau se transformer en machine à perdre. Si les instances nationales du parti décidaient de lancer une primaire locale (ce qui n’est pas dans les habitudes), la bataille pour séduire les militants risquerait de laisser des traces encore plus profondes. Et si elles décidaient de remplacer Céline Ballesteros par Françoise Amiot, c’est alors l’autre camp qui pourrait assez légitimement s’estimer renié. En fait on ne voit pas trop comment cette affaire pourrait bien finir… On peut même aller jusqu’à imaginer une candidature dissidente ou un rendu de cartes groupé.

En fait Françoise Amiot et ses soutiens essaient de montrer qu’ils sont indispensables, le risque étant de finir vraiment isolés et de perdre la confiance de leurs partenaires.  En coulisses, c’est aussi le leadership de la droite sur la ville qui se joue, en vue des municipales de 2020 (qui pour se porter candidat à la suite du maire Serge Babary qui a dit ne vouloir faire qu’un mandat) voire avant (le même Serge Babary est pressenti comme candidat aux sénatoriales, s’il est élu il devra laisser son fauteuil de maire). Sauf que la question a déjà été tranchée il y a quelques mois quand Jérome Tebaldi, plutôt proche de Céline Ballesteros, a pris la direction des Républicains à Tours face à Edouard De Germay. Ca donne quand même une indication de la direction dans laquelle penche les militants…

Olivier COLLET

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